Jacques des Courtils, écrivait jeudi dernier pour Fil Social cet article que nous partageons avec vous.
Que ce soit Isabelle Hébert (DG de la Mgen et directrice des services innovants du Groupe Vyv), Emmanuel Roux (DG du groupe Aésio) ou Jacques Richier (PDG d’Allianz France), ils sont du même avis : les services sont l’avenir de l’assurance, de l’assurance de personne et singulièrement de l’assurance complémentaire santé. C’est, en tous cas, ce qu’ils ont déclaré à l’occasion du Hub TDay Insurance, édition 2018, qui s’est tenu ce 25 septembre à Paris.
Il ne s’agit pas pour ces trois dirigeants de stratégie marketing, ni d’un paquet cadeau « avec de beaux rubans », ainsi que le dira Isabelle Hébert, mais bien d’un travail de fond.
Pour ces trois responsables également, la responsabilité sociale et sociétale (en matière d’environnement par exemple) fera la différence. Pour Jacques Richier d’ailleurs, « face aux Gafa, les assureurs sont mieux armés pour traiter de ces deux thèmes ». Gageons que les deux responsables mutualistes, même s’ils ne l’ont pas exprimé ainsi, estiment que les mutuelles sont encore mieux armées que les assureurs à buts lucratifs.
Emmanuel Roux : « Le sens de la valeur d’usage »
Pour Emmanuel Roux, « la matière assurable des complémentaires santé augmente mécaniquement » (vieillissement de la population, progrès médical, etc.) mais il y a une volonté croissante des pouvoirs publics de « réguler, normer, diriger ce secteur » avec la volonté que « ces organismes aient des marges de plus en plus faibles », d’où une différenciation de plus en plus difficile à mettre en évidence.
Pour remédier à ce problème, Aésio travaille sur « le sens de la valeur d’usage ». Autour de quatre points : la simplicité (du parcours de l’adhérent, par exemple), l’apport de bien-être à ses clients, la distribution d’assurance autre que santé : « l’assurance santé n’a plus de légitimité à être distincte des autres risques ». L’exemple en est le rapprochement en cours entre Aésio et le groupe Macif. Le quatrième point est l’exemplarité en matière de frais de gestion.
Il ajoute que « nous devons également être exemplaire en matière de responsabilité sociale et sociétale. Nous sommes dans un monde de défiance face au progrès » et Aésio peut être un tiers de confiance dans ce domaine » explique-t-il.
Il s’agit d’aller vers « une complétude assurantielle et servicielle » indique-t-il en guise de conclusion de son intervention.
Isabelle Hébert
Son expérience de 10 ans aux Etats-Unis permet à Isabelle Hébert de considérer qu’en France, « nous en sommes aux balbutiements dans les domaines des services liés à l’assurance santé, particulièrement en ce qui concerne les réseaux de soins ». Réseaux de soins qui sont « fondamentaux pour mieux gérer les dépenses », avant même la prévention qui vient ensuite.
Aujourd’hui, estime-t-elle, en France, « on n’a pas fait le début du chemin sur le serviciel ». Il faut donc que les mutuelles, celle qu’elle dirige en particulier, s’impliquent « complètement dans la démarche de services ».
En matière de réseaux de soins, le Groupe Vyv est dans une position particulière puisqu’il comporte aussi bien des mutuelles du Livre II du code de la mutualité (les assurances) que des organismes relevant du livre III (gestion des établissements de soins et de service) réunis dans Vyv Care. « Il ne faut pas pressurer l’un au détriment de l’autre » explique-t-elle. Pour les réseaux de soins, la priorité pour elle est donc « d’utiliser ce qui existe dans le groupe ».
Quant au financement de ces services, qui coûtent cher, il y a deux sources. D’abord la mutualisation des coûts et, plus la mutualisation est large, moins cela est cher. Ensuite « ces réseaux ne sont pas destinés à apporter du chiffre d’affaires mais bien de la sinistralité en moins ».
L’avenir des assureurs subordonné la réglementation
Cependant, ainsi que le dit Jacques Richier, « toute perspective d’avenir est subordonnée à un changement de réglementation ». Constat partagé par Emmanuel Roux qui constate et, semble-t-il, déplore le poids croissant des réglementations contraignantes.
Notons enfin que pour le PDG d’Allianz, « il n’y aura pas de la place pour tout le monde. Seuls les ‘winners’ resteront ».