Alors que certains se posent légitimement la question de savoir si l’exploitation des données risque de redéfinir la mutualisation des risques, que d’autres sont totalement focalisés sur la protection des données personnelles, il me semble que beaucoup d’entre nous « loupent » le « coup d’après », à savoir la « data mutualisation » et ses bénéfices multiples et collectifs.
Nous générons des données pour nous, pour d’autres, mais nous devons impérativement intégrer une dimension publique et sociale à travers le partage de nos données. La collecte massive des données de santé, par exemple, présente un vivier inédit pour la recherche scientifique et pour résoudre des problèmes de santé qui peuvent être bénéfiques pour tous. Le partage de nos données de santé peut générer quelque chose de totalement différent et participer à la construction d’un mieux vivre ensemble. Le partage, par exemple, de données de santé de milliers d’individus exposés localement à un risque sanitaire, peut dégager rapidement un bénéfice individuel et collectif. Cette approche indispensable du « nous connectés » apporte une vision sociale moins « égoïste » que le « moi connecté » qui fait d’ailleurs le succès de la dernière génération d’objets connectés. Avec une somme considérable de données individuelles anonymisées à portée collective, les enjeux du « nous connectés » dépassent largement ceux du » moi connecté « .
Alors que certains pensent uniquement que le Big Data redéfinit la mutualisation des risques, nous devons entrer dans une séquence différente, plus ambitieuse et probablement plus convaincante pour les farouches « opposants » de l’utilisation, par les assureurs, des datas personnelles. L’agrégation de l’intelligence de données mutualisées, la rapidité de transmission permettent non seulement la connaissance de soi mais surtout une data mutualisation, pour le bénéfice partagé de tous. La mutualisation de toutes nos datas permettent aussi de réduire les cambriolages, les dégâts des eaux et même les divorces, d’anticiper et réduire les accidents de la route, de diminuer la portée de certains événements climatiques, de cartographier par la data visualisation la propagation des virus,… les exemples ne manquent pas ! Nous devons donc orienter notre réflexion au-delà de la propre exploitation mercantile de nos données numériques et avoir une vision plus sociale de l’utilisation de nos données !
D’ailleurs, dans cet objectif, les Assureurs, dont la mission première est la protection des assurés, ont un rôle (une mission ?) à jouer. En arrivant à se construire un capital de confiance numérique, les Assureurs pourraient garantir la sécurisation des échanges, la protection de l’identité et de la mémoire numérique, mais aussi compte-tenu de la multitude et du nombre des données générées par leurs assurés, garantir et favoriser une data mutualisation au service d’objectifs sociaux, pour tous. De plus cela permettrait probablement un bénéfice d’image significatif, mais également un levier de développement conséquent !
Contact : Jean-Luc Gambey
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