En France le déclin de la santé mentale des soignant est accentué par un stress accru, une grande violence au quotidien et un déséquilibre vie professionnelle-vie privée. Le dernier Baromètre ODOXA-MNH révèle un besoin urgent de repenser leurs conditions de travail.
L’état de santé mentale des soignants en France présente des signes alarmants de détérioration. Selon le dernier Baromètre ODOXA-MNH, réalisé avec la MNH, la Chaire Santé de Sciences Po et Le Figaro Santé, 29 % des hospitaliers évaluent leur santé mentale comme médiocre ou mauvaise, contre seulement 14 % dans la population générale. Les professionnels de santé se déclarant être en très bonne santé mentale sont seulement 18 %, soit 25 points de moins que la moyenne de la population générale (43 %). Ce constat, bien que sombre, n’est pas nouveau, mais il semble s’accentuer, renforçant l’appel à une transformation nécessaire des conditions de travail dans le secteur de la santé.
Un travail qui détériore la santé
Confrontés à un stress accru et à des charges de travail importantes, les soignants expriment une moindre satisfaction quant à l’équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée comparativement au reste de la population. Seuls 54 % d’entre eux considèrent cet équilibre comme satisfaisant, alors que ce taux atteint 75 % dans la population générale. De plus, 76 % des professionnels de santé indiquent régulièrement faire face à un excès de travail, contre 51 % pour le reste des Français.
En outre, les troubles du sommeil touchent de manière plus prégnante les soignants, avec 61 % d’entre eux confrontés à des difficultés de sommeil au moins une fois par mois, ce qui représente 13 points de plus que la moyenne nationale.
Le rapport révèle également qu’un professionnel de santé deux, soit 46 %, a été malade durant les trois derniers mois, un taux bien supérieur à la moyenne nationale de 28 %. Et en matière de prévention, le baromètre souligne un paradoxe notable : les soignants, bien qu’au cœur du système de santé, négligent souvent leur propre suivi médical. Ainsi, 50 % des soignantes n’ont jamais réalisé de dépistage du cancer du sein, un taux préoccupant, surtout comparé aux 67 % des femmes françaises de plus de 50 ans qui ont participé à ces examens.
Une grande violence au quotidien
Quand bien même 64 % des soignants se disent satisfait de leur travail, ce chiffre est plus bas que les 77 % autres travailleurs français se déclarant satisfaits. L’écart de satisfaction professionnelle entre eux et le reste de la population active s’explique principalement par un niveau de stress au travail nettement plus élevé chez les premiers. En effet, ils sont confrontés à une proportion plus importante d’incivilités, affectant 45 % d’entre eux contre 30 % chez les autres travailleurs, ainsi qu’à des actes d’agressivité physique, rapportés par 31 % des soignants contre 27 % dans la population générale.
Les violences sexistes et sexuelles demeurent également un problème significatif. Le Baromètre indique que 68 % des soignants ont été victimes ou témoins de telles violences. 12 % des soignantes ont été confrontées à des propositions sexuelles inappropriées sur leur lieu de travail, et 3 % ont subi des agressions sexuelles de la part d’un supérieur ou d’un collègue. Bien que la prise de conscience et les efforts de prévention s’améliorent, la fréquence de ces incidents reste inacceptablement élevée.
Ce panorama sombre témoigne de la nécessité urgente d’innover et de repenser le modèle de travail au sein des établissements de santé pour garantir la sécurité et le bien-être des professionnels dévoués à la prise en charge des patients.