Malgré des investissements massifs dans le cloud, la majorité des banques et des compagnies d’assurance peinent à en tirer pleinement profit.
Selon le dernier World Cloud Report sur les Services Financiers 2025, réalisé par le Capgemini Research Institute, moins de 40 % des dirigeants du secteur des services financiers se déclarent très satisfaits des bénéfices obtenus grâce à ces technologies.
L’objectif prioritaire des institutions financières traditionnelles reste l’amélioration de l’efficacité opérationnelle, mentionnée par 84 % des répondants, tandis que les fintechs et insurtechs privilégient l’accélération des ventes. Seulement 12 % des institutions financières peuvent être qualifiées de « véritablement innovantes » en matière de cloud, soulignant un retard global dans l’adoption de stratégies cloud-native.
Des obstacles persistants
Les institutions financières font face à divers défis qui ralentissent la rentabilité de leurs investissements cloud. Les obstacles principaux incluent des coûts de migration plus élevés que prévu, des modèles de tarification complexes, ainsi qu’une gouvernance et une gestion inefficaces. Cela se traduit par des niveaux de satisfaction faibles concernant la réduction des coûts (33 %), l’évolutivité (27 %), l’innovation (26 %), et la sécurité et conformité (21 %).
Ces difficultés s’expliquent en partie par l’approche « lift-and-shift », consistant à transférer les applications existantes vers le cloud sans les adapter aux nouvelles fonctionnalités offertes par cette technologie. Ravi Khokhar, responsable mondial du cloud chez Capgemini, souligne l’importance d’une transformation cloud qui stimule la croissance à long terme plutôt que d’être simplement perçue comme un moyen de réduction des coûts.
Des défis liés aux données et à la cybersécurité
Les banques et assureurs gèrent des volumes massifs de données personnelles et financières. Cependant, plusieurs défis demeurent, notamment l’intégration des données en silos (71 % des dirigeants), la protection de la confidentialité des clients (70 %), et la qualité des données (69 %). Avec l’entrée en vigueur imminente de la réglementation européenne DORA (Digital Operational Resilience Act), les exigences de conformité deviennent encore plus pressantes, en particulier pour les solutions cloud utilisées par ces institutions.
Aux États-Unis, le Consumer Financial Protection Bureau a également renforcé les normes d’open banking via la Section 1033 du Dodd-Frank Act, soulignant l’importance de solutions cloud-native pour gérer efficacement les flux de données et respecter les réglementations.
Le besoin d’une culture de l’innovation
Le rapport met en lumière le fait que seules 12 % des banques et des compagnies d’assurance se démarquent par une approche véritablement innovante du cloud. Ces pionniers bénéficient de gains significatifs : 32 % d’entre eux dépassent les objectifs de vente croisée, et 22 % atteignent des résultats supérieurs dans le développement de produits innovants.
Pour combler ce fossé, il est essentiel que le secteur développe une culture axée sur l’innovation. Cela inclut l’utilisation de technologies avancées telles que l’intelligence artificielle (IA), l’analyse prédictive et l’automatisation des processus. Cependant, le secteur n’est pas encore prêt : seuls 15 % des acteurs possèdent une maturité suffisante en matière d’IA, 30 % en analyse prédictive, et 22 % en automatisation.
Accélérer la transformation cloud
Pour maximiser l’efficacité opérationnelle et encourager l’innovation, le rapport recommande aux banques et assureurs d’adopter des applications cloud-native et de démocratiser l’accès à la technologie au sein de leurs équipes. En renforçant les compétences internes et en favorisant une culture collaborative, ces institutions peuvent espérer rattraper leur retard et exploiter le plein potentiel de leurs investissements dans le cloud.