Maladies cardiovasculaires : fléau silencieux pour la femme

Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez les femmes françaises, un écart croissant avec les hommes qu’une meilleure prévention pourrait réduire et sauver des vies.

Chaque jour en France, près de 205 femmes décèdent dune maladie cardiovasculaire. Pourtant, au cours des 30 dernières années, la mortalité globale par infarctus du myocarde a chuté de près de 80 %, mais les femmes profitent peu de ces progrès. Selon le Dr Pascal Motreff, cardiologue au CHU de Clermont-Ferrand, leur risque de mortalité reste supérieur de 40 % à celui des hommes et a même doublé chez les jeunes femmes. Derrière ces disparités, et malgré les avancées en cardiologie, se dessine une urgence : réorienter la prévention et linformation pour mieux répondre aux réalités du cœur féminin, encore trop peu prises en compte et qui constituent un enjeu de santé publique majeur.

Des risques cardiovasculaires spécifiques et sous-estimés

Les maladies cardiovasculaires, qui touchent le cerveau, le muscle cardiaque et les artères, sont influencées par de nombreux facteurs. Bien que la physiologie des femmes les protège mieux en partie, elle devient un facteur aggravant lors de trois périodes de vie clés, notamment avec la prise dune contraception à base d’œstrogène, la grossesse et la ménopause, qui augmentent le risque dAVC et dinfarctus du myocarde.

Par ailleurs, l’évolution des modes de vie aggrave la situation : le tabac, la consommation d’alcool, une alimentation moins équilibrée et une sédentarité plus importante que chez les hommes sont des facteurs de risque majeurs. Ces comportements, souvent aggravés par le stress — dont les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes, notamment en raison du stress professionnel qui augmente de 40 % le risque de maladie cardiovasculaire chez la femme, selon la Fédération Française de Cardiologie — rendent encore plus cruciale la nécessité dadopter une hygiène de vie préventive, ainsi quun suivi médical adapté.

Cependant, les inégalités dans la prise en charge demeurent frappantes. En cas de crise cardiaque, les femmes attendent en moyenne 15 à 30 minutes de plus que les hommes avant de recevoir une prise en charge en phase aiguë. Cette inégalité contribue à ce que les femmes, pourtant à risque, bénéficient moins des avancées médicales en cardiologie.

L’urgence d’un dépistage plus inclusif

Selon une étude réalisée par AXA Prévention en 2021, 81 % des femmes font passer la santé de leurs proches avant la leur, et 70 % d’entre elles négligent leur propre santé en différant leurs rendez-vous médicaux. Le Dr Pascal Motreff, cardiologue au CHU de Clermont-Ferrand, indique qu’elles ont moins accès à la prévention. Face à ce constat, des initiatives ciblées ont vu le jour, telles que le Bus du Cœur des Femmes, une campagne itinérante proposant des dépistages et des actions de sensibilisation pendant deux jours, en collaboration avec le Fonds Agir pour le Cœur desFemmes, soutenu par AXA Prévention. Ce bus sillonne la France, et un établissement de santé accueille les femmes pour leur proposer un parcours de dépistage avec, si nécessaire, un suivi auprès dun gynécologue ou dun cardiologue, afin d’assurer la continuité dans leur parcours de santé. Ce programme met l’accent sur la prévention : selon la cardiologue Claire Mounier-Vehier, plus des trois quarts des maladies cardiovasculaires pourraient être évitées grâce à des mesures de prévention et une meilleure hygiène de vie.

Si cette initiative ouvre la voie vers une prévention plus accessible et équitable, la prise en charge de ces dépistages dans les déserts médicaux demeure un défi.

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