La France s’apprête à lancer un Observatoire de l’assurabilité. Il vise à dresser une carte des zones les plus exposées aux risques climatiques et à évaluer la couverture de ces zones par les assurances.
Ce projet, sous l’impulsion de la Caisse centrale de réassurance (CCR), s’inscrit dans un contexte où le changement climatique menace de rendre certaines zones du territoire de plus en plus difficiles à assurer. Retrait du trait de côte, inondations répétées, sécheresses : autant de phénomènes qui pourraient rendre certains biens immobiliers inassurables.
Cartographies des risques : une vision pour 2025
L’Observatoire prévoit de publier un premier rapport au premier semestre 2025. Il se consacrera à la réalisation de cartographies précises pour les régions françaises, incluant les territoires d’outre-mer, conformément aux recommandations du rapport Langreney sur l’assurabilité des risques climatiques.
Ces cartes identifieront les zones les plus vulnérables aux événements climatiques comme les inondations, le retrait-gonflement des argiles, et les cyclones. En parallèle, une étude des parts de marché des assureurs dans ces zones permettra de suivre les engagements des compagnies face à l’augmentation des risques et d’observer lesquelles restent actives malgré les défis climatiques.
Transparence et suivi des pratiques assurantielles
Selon Edouard Vieillefond, directeur général de la CCR, qui s’est exprimé sur LinkedIn, l’Observatoire permettra de “renforcer la transparence sur l’évolution des pratiques assurantielles au niveau national et en particulier dans les zones les plus exposées aux risques naturels“.
Il souligne également l’utilité de cet outil pour suivre la dynamique de démutualisation. Un phénomène par lequel certaines zones à haut risque pourraient être laissées sans couverture assurantielle. Si des désengagements sont observés, les résultats des recherches seront communiqués à l’État. Ce dernier pourrait alors décider de mesures pour protéger les assurés dans les régions à risques.
L’impact des catastrophes naturelles : un coût en forte hausse
Le coût des catastrophes naturelles ne cesse d’augmenter. En effet, d’après France assureurs, les sinistres climatiques en France ont coûté en moyenne 6 milliards d’euros par an entre 2020 et 2023, contre 3,7 milliards entre 2010 et 2019. Cette augmentation a entraîné des déficits pour la CCR, qui intervient pour indemniser les sinistres déclarés sous le régime des catastrophes naturelles.
Face à ces défis financiers, le gouvernement a décidé d’augmenter la surprime catastrophes naturelles prélevée sur les contrats d’assurance habitation et automobile. À partir du 1er janvier 2025, elle passera de 12 % à 20 % sur les contrats habitation et de 6 % à 9 % pour l’automobile, renforçant ainsi le financement du régime.
Fonds Barnier : une enveloppe augmentée mais controversée
La prévention des risques est également cruciale. Soutenue par le Fonds Barnier, il a été créé en 1995 pour financer les initiatives de prévention des risques naturels. Ce fonds, alimenté par un pourcentage de la surprime catastrophes naturelles, verra son budget passer de 225 millions d’euros à 300 millions en 2025. Cependant, cette somme est inférieure aux attentes initiales.
Florence Lustman, présidente de France assureurs, avait exprimé son inquiétude quant à la diminution des fonds alloués par rapport aux prévisions. Elle estime que ce budget aurait dû atteindre 450 millions d’euros. En choisissant une enveloppe de 300 millions, le gouvernement tente de trouver un compromis face aux besoins croissants en matière de prévention.
Adapter l’assurance face aux défis climatiques
Le lancement de l’Observatoire de l’assurabilité témoigne de la prise de conscience de l’État face aux risques engendrés par le changement climatique. En cartographiant les zones les plus vulnérables, ce nouvel outil fournira des informations précieuses pour les assureurs, les décideurs publics et les assurés.
Avec des coûts qui explosent et un besoin urgent de prévention, l’avenir de l’assurance en France devra s’adapter pour rester accessible dans un climat de plus en plus imprévisible.