Avec la stagnation des pensions et l’augmentation des coûts de santé, le risque d’un renoncement aux soins chez les retraités s’accroît. Une transformation du système de prévoyance est-elle la solution ?
La récente annonce du Premier ministre concernant la non-revalorisation des retraites face à l’inflation a ravivé une problématique pressante : l’accès aux soins pour les personnes âgées. Cédric Pironneau, directeur général et cofondateur de SPVIE Assurances, met en lumière cette question cruciale dans une tribune qui ne manque pas de résonner avec l’actualité.
Les données sont alarmantes : plus de deux millions de retraités vivent avec des ressources insuffisantes en France, selon l’association Les Petits Frères des Pauvres. Cette précarité affecte directement leur capacité à se soigner, particulièrement à un âge où les besoins médicaux sont plus fréquents et plus coûteux. En effet, la couverture santé complémentaire devient un luxe que près de 11 % des retraités les plus modestes ne peuvent plus s’offrir.
Le système actuel, hérité de l’après-guerre, semble désormais mal adapté aux réalités démographiques et économiques d’aujourd’hui. L’innovation en matière d’assurance pourrait être une réponse à la hauteur des enjeux. Cédric Pironneau propose ainsi un modèle audacieux : un compte épargne santé personnel et universel. Inspiré du succès du Plan d’Épargne Retraite, ce dispositif serait abondé par les cotisations du travailleur et de son employeur tout au long de la carrière, puis utilisé pour financer les dépenses de santé à la retraite.
Cette idée pourrait réduire significativement le taux d’effort des retraités sur leur budget santé. En rendant les complémentaires plus accessibles, elle pourrait également limiter le phénomène de renoncement aux soins, un enjeu majeur de santé publique et de cohésion sociale. Le fonds envisagé pourrait être labellisé ISR (Investissement Socialement Responsable), permettant ainsi de financer des initiatives innovantes pour le maintien de l’autonomie des seniors.
Au-delà des aspects financiers, ce système prévoit une adaptation nécessaire de notre modèle de protection sociale. Il prend en compte l’évolution démographique et les besoins spécifiques liés au vieillissement de la population, offrant ainsi une réponse concrète et durable aux défis du grand âge.
Alors que le gouvernement s’apprête à examiner le projet de loi de financement de la sécurité sociale, la proposition de Cédric Pironneau pourrait bien insuffler un vent de renouveau nécessaire à notre système de santé. Toutefois, elle requiert un dialogue constructif entre tous les acteurs du secteur pour transformer l’essai en une solution pérenne et efficace, garantissant ainsi un accès équitable aux soins pour tous les citoyens, indépendamment de leur âge ou de leur condition sociale.