Economie 2024-2026 : un grand jeu d’équilibre

Allianz Trade a dévoilé son dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales pour la période 2024-2026.

Dans un contexte de turbulences géopolitiques et de défis économiques croissants, ce scénario met en lumière les enjeux auxquels l’économie mondiale devra faire face au cours des prochaines années. La croissance mondiale devrait rester stable, bien qu’elle ne soit pas exceptionnelle, à un taux moyen de +2,8 % jusqu’en 2026, conforme à la tendance à long terme. Cependant, des différences régionales marquées et des risques géopolitiques persistants pèseront sur les performances économiques.

Une croissance mondiale modérée, avec des disparités régionales

La dynamique économique mondiale restera relativement stable, mais certaines régions peinent à se redresser pleinement. Aux États-Unis, l’économie ralentit, bien que les indicateurs montrent encore un scénario « d’atterrissage en douceur », soutenu par la solidité des finances des ménages et des entreprises, ainsi que par les investissements dans le secteur manufacturier et technologique. Toutefois, la consommation américaine devrait continuer de baisser en 2024, en raison du ralentissement des bénéfices.

En Europe, la reprise se fait progressivement, mais avec une exception notable : l’Allemagne. L’économie allemande, en récession, ne devrait commencer à se redresser qu’à la fin de 2024. Du côté de la Chine, la situation reste complexe avec une demande intérieure en berne, affectée par une crise immobilière persistante. Les politiques de soutien du gouvernement chinois ne parviennent qu’à partiellement compenser les difficultés rencontrées par l’économie chinoise.

Retour de l’austérité et pressions sur l’inflation

L’assainissement budgétaire sera un sujet central jusqu’en 2027, pesant sur la croissance du PIB des grandes économies, avec un impact estimé à -0,3 point de pourcentage en moyenne aux États-Unis et en Europe. Des hausses d’impôts, principalement pour les entreprises, sont prévues, tandis que le resserrement quantitatif en Europe transférera plus de 3 points de pourcentage de dette/PIB aux investisseurs chaque année.

D’un autre côté, l’inflation montre des signes de ralentissement. Allianz Trade anticipe que l’inflation atteindra l’objectif de 2 % d’ici le premier semestre 2025. Cette baisse sera alimentée par la diminution des prix des services et la stabilisation des prix de l’énergie et des biens. Les banques centrales devraient progressivement assouplir leurs politiques monétaires, avec des taux directeurs prévus à 3,5 % pour la Fed, 2,25 % pour la BCE et 3,0 % pour la Banque d’Angleterre d’ici à 2025.

Pouvoir d’achat et consommation : des signes encourageants, mais des défis à venir

La reprise du pouvoir d’achat, notamment via la croissance des salaires réels, pourrait stimuler la consommation des ménages. Toutefois, la confiance des consommateurs reste médiocre, surtout dans la zone euro, où l’épargne excédentaire continue de s’accumuler. Les dépenses des ménages se concentrent davantage sur les services, mais celles-ci commencent également à ralentir sous l’effet de l’inflation persistante.

La reconstitution des stocks, amorcée en 2024, devrait contribuer à la reprise du commerce mondial, qui devrait croître de 3 % en volume sur la période 2025-2026, tout en restant en deçà de la moyenne à long terme. Cette dynamique bénéficiera surtout à la zone euro, où certains biens durables, tels que les automobiles et les équipements, nécessiteront un remplacement au cours des prochains trimestres.

Entreprises : déstockage, investissement et défaillances en hausse

Le rapport souligne que les entreprises continuent de puiser dans leurs stocks pour soutenir la croissance des revenus. Cependant, un fossé persiste entre l’Europe et les États-Unis en matière d’investissements. Les investissements en capital fixe dans la zone euro restent 7 % en dessous des niveaux pré-pandémie, un chiffre bien inférieur à celui des États-Unis et du Royaume-Uni. 

Par ailleurs, les défaillances d’entreprises, principalement dans les secteurs du commerce de détail, de la construction et des services, devraient augmenter de +10 % en 2024, puis de +1 % en 2025.

Marchés financiers : sous l’emprise des banques centrales et des incertitudes géopolitiques

Les marchés financiers continuent de suivre de près les décisions des banques centrales, qui prévoient une forte réduction des taux d’intérêt, soutenant ainsi les investissements plus risqués. 

Néanmoins, l’incertitude politique reste un facteur de volatilité important. Les tensions géopolitiques, notamment en Europe, en Asie et au Moyen-Orient, ainsi que le possible retour au protectionnisme américain en cas de réélection de Donald Trump, représentent des risques majeurs pour la stabilité économique mondiale.

Un équilibre précaire dans un contexte de tensions

Le scénario économique d’Allianz Trade pour 2024-2026 présente un monde en équilibre précaire, entre une croissance modeste et des risques géopolitiques élevés. Bien que l’inflation devrait atteindre des niveaux maîtrisés et que l’assouplissement monétaire des banques centrales se poursuive, les défis restent nombreux pour l’économie mondiale. 

L’augmentation des défaillances d’entreprises, la volatilité des marchés financiers et les tensions géopolitiques persistent, obligeant les entreprises et les investisseurs à naviguer dans un environnement incertain où la prudence sera de mise.

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