La gestion des risques liés à la perte de biodiversité : un enjeu majeur pour les assureurs français
Face aux défis posés par l’érosion de la biodiversité, le secteur de l’assurance en France se trouve confronté à des risques croissants. Bien que les assureurs ne soient pas directement dépendants des services écosystémiques, ils sont exposés indirectement par le biais de leurs investissements et des entreprises qu’ils assurent, lesquelles peuvent être fortement affectées par la perte de biodiversité.
La biodiversité, un enjeu émergent pour l’assurance
La perte de biodiversité, bien que moins médiatisée que le changement climatique, constitue une menace significative pour l’économie mondiale et, par extension, pour le secteur de l’assurance.
L’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) a récemment mis en lumière les enjeux spécifiques que cette crise pose pour les assureurs français. Si l’activité d’assurance elle-même a un impact limité sur la biodiversité, les assureurs sont vulnérables par leurs investissements dans des entreprises dépendantes des services écosystémiques. Ces entreprises, si elles ne s’adaptent pas, pourraient voir leur rentabilité diminuer, exposant les assureurs à des risques financiers importants.
Les canaux de transmission des risques liés à la biodiversité
Les assureurs sont exposés à deux principaux types de risques liés à la biodiversité : les risques physiques et les risques de transition. Les risques physiques incluent les conséquences directes de la perte de services écosystémiques, comme la baisse de la productivité agricole due au déclin des pollinisateurs.
Les risques de transition, quant à eux, sont associés aux changements réglementaires ou économiques visant à contrer la perte de biodiversité. Par exemple, une entreprise qui dépend fortement d’écosystèmes en déclin pourrait être confrontée à des coûts supplémentaires ou à des restrictions opérationnelles, ce qui affecterait sa rentabilité et, par conséquent, la performance des portefeuilles d’investissement des assureurs.
La prise en compte du risque de biodiversité dans la réglementation
Avec la mise en œuvre du règlement européen SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) et de l’article 29 de la Loi énergie climat, les assureurs sont désormais tenus de mesurer leur dépendance à la biodiversité et de publier des informations sur la gestion de ces risques.
L’ACPR souligne que, bien que des progrès aient été réalisés, de nombreux défis subsistent. La complexité de la notion de dépendance aux services écosystémiques et l’absence de méthodologies consensuelles rendent difficile l’évaluation des impacts financiers et non financiers liés à la biodiversité.
Recommandations pour une meilleure gestion des risques
L’ACPR recommande aux assureurs d’améliorer la transparence et la qualité de leurs publications concernant les risques liés à la biodiversité. Cela inclut l’adoption d’indicateurs robustes pour mesurer les impacts sur la biodiversité et l’intégration de ces mesures dans leurs stratégies de gestion des risques. Par ailleurs, l’ACPR encourage les assureurs à participer activement aux initiatives internationales et à travailler en collaboration avec des experts pour développer des méthodologies efficaces.
La gestion des risques liés à la biodiversité représente un nouveau défi pour les assureurs français. Dans un contexte de réglementation renforcée, il est crucial pour les assureurs d’adapter leurs pratiques pour mieux évaluer et gérer ces risques.
En développant des outils de mesure et en améliorant la transparence, le secteur de l’assurance pourra non seulement mieux protéger ses actifs, mais aussi contribuer à la préservation de la biodiversité.