L’assurance semble délaissée par de nombreux automobilistes français ? Une récente étude Leocare révèle que près de 28 % d’entre eux envisagent de rouler sans assurance, malgré les risques accrus.
Depuis 2017, le nombre de conducteurs non assurés impliqués dans des accidents de la route a connu une hausse alarmante de 50 %. Cette tendance préoccupante, soulignée par le Fonds de Garantie des Victimes dans son dernier baromètre, met en lumière les risques croissants pour la sécurité routière et les coûts associés pour la collectivité.
En effet, l’étude de l’assureur Leocare révèle que 28 % des conducteurs français seraient prêts à renoncer à leur couverture d’assurance automobile. Cette proportion atteint même 38 % chez les habitants d’Île-de-France, indiquant une possible corrélation entre le manque de pouvoir d’achat et la décision de ne pas souscrire à une assurance obligatoire.
La jeunesse semble particulièrement touchée par ce phénomène, puisque 60 % des conducteurs non assurés ont moins de 35 ans. La nécessité de couvrir les dommages causés par ces automobilistes a représenté un fardeau financier non négligeable pour la solidarité nationale, avec plus de 137 millions d’euros dépensés en 2023 pour indemniser les victimes.
L’enquête de Leocare met également en évidence une tendance surprenante chez les catégories socio-professionnelles supérieures : 26 % des CSP+ admettent la possibilité de conduire sans assurance. Christophe Dandois, co-fondateur de Leocare, explique : « Notre sondage renseigne davantage sur les choix des Français pour faire des économies. Certaines assurances auto peuvent coûter cher. Par mois, 75 % des conducteurs déboursent plus de 40 euros et 10 % plus de 100 euros. »
Il est important de rappeler que l’assurance auto est non seulement obligatoire mais son absence constitue également un délit. Un conducteur pris sans assurance lors d’un contrôle routier s’expose à une amende initiale de 750 euros, montant qui peut s’élever jusqu’à 3000 euros si c’est une récidive.
En cas d’accident, le Fonds de Garantie des Victimes avance les indemnités nécessaires avant de se retourner contre le conducteur non assuré, avec des conséquences financières potentiellement dévastatrices pour ce dernier. Me Philippe Courtois, avocat spécialiste des accidents routiers, précise : « C’est parfois des dizaines, des centaines, des millions d’euros que le Fonds de Garantie va réclamer au responsable qui toute sa vie devra tenter de rembourser et en cas de décès, cette dette va d’ailleurs se transférer aux héritiers. »
La situation alarmante des accidents impliquant des conducteurs sans assurance, qui représentent un accident corporel sur trente, incite à une réflexion sur la transformation des pratiques en matière d’assurance. Comme le souligne Eloïse Le Goff, directrice de la communication chez Fonds de Garantie des Victimes : « Nous venons de passer une période d’inflation qui a pu amener certaines personnes à effectuer un arbitrage budgétaire et à faire l’impasse sur l’assurance automobile. »
L’augmentation significative du nombre de conducteurs sans assurance pose un défi majeur en termes de sécurité et de coûts sociaux, nécessitant des mesures innovantes pour inverser cette tendance inquiétante.