L’année 2023 avait déjà marqué un tournant avec une hausse significative des primes d’assurance pour les professionnels. Cette tendance s’est confirmée en 2024, avec une nouvelle augmentation notable, soulignant les défis auxquels le secteur est confronté.
En effet, une étude réalisée par Coover, en collaboration avec 14 de ses partenaires, entre janvier et février 2024 révèle une augmentation moyenne des primes d’assurance professionnelle de 7% en 2024, un chiffre significativement au-dessus de l’inflation.
L’augmentation des primes d’assurance par produit
Cette hausse des primes s’inscrit dans un contexte de multiplication des sinistres, notamment ceux liés au changement climatique, et d’augmentation des coûts de santé, impactant directement les assurances de dommages et les mutuelles des professionnels.
Assurance automobile et flotte professionnelle
L’assurance automobile et flotte professionnelle voit ses primes augmenter de 4%, reflétant une gestion plus coûteuse des véhicules professionnels.
Assurance collective et mutuelle professionnelle
La mutuelle et la prévoyance professionnelle connaissent des hausses respectives de 9% et 8%, des augmentations marquées par les coûts croissants des soins de santé et les impacts de la réforme 100% santé.
Assurance Responsabilité Civile et garanties associées
L’Assurance Responsabilité Civile professionnelle et la garantie décennale enregistrent des hausses de 5% et 8% respectivement, tandis que l’assurance cyber et fraude ainsi que l’assurance RC des dirigeants augmentent de 8% et 5%. Ces hausses sont justifiées par l’accroissement des sinistres et la hausse des coûts de réparation.
L’impact du changement climatique
Le changement climatique, avec ses sinistres croissants comme les sécheresses prolongées de l’été 2023, a entraîné une augmentation significative des demandes d’indemnisation, poussant les primes à la hausse. Les compagnies d’assurance ont dû faire face à des coûts supplémentaires estimés à environ 900 millions d’euros.
Les mutuelles des professionnels sous pression
En 2024, les tarifs des mutuelles professionnelles s’envolent de nouveau, avec une augmentation de 8,1%, malgré les appels à la modération du gouvernement. La réforme 100% santé et l’augmentation générale des dépenses de santé sont parmi les principales raisons invoquées pour expliquer cette hausse.
Le paradoxe de la concurrence
La loi permettant la résiliation à tout moment des contrats de mutuelle collective après 12 mois, visant à stimuler la concurrence, a finalement contribué à l’augmentation des primes. Les coûts d’acquisition des clients étant élevés, les assureurs et intermédiaires ont dû ajuster leurs tarifs en conséquence.
L’augmentation des primes en cyber-assurance
Pour les TPE, l’augmentation des primes d’assurance cyber reflète un durcissement des conditions de souscription et une hausse des tarifs (+9% en 2023), malgré une diminution des indemnisations. Ce déséquilibre rend difficile pour ces entreprises de s’assurer efficacement contre les risques cybernétiques.
Conclusion et perspectives
Les augmentations des primes d’assurance professionnelle en 2024 sont le résultat d’un ensemble complexe de facteurs, incluant l’inflation, l’accroissement des sinistres liés au climat et aux mouvements sociaux, ainsi que la hausse des coûts de santé et des matières premières. La tendance n’annonce pas d’amélioration pour 2025, avec des prévisions d’augmentation des primes entre 12 et 20%. Cette situation appelle à une réflexion approfondie sur les modèles d’assurance professionnelle, afin de trouver des solutions durables face aux défis actuels et futurs.
Pierre Fruchard, expert en assurances et cofondateur de Coover conclut cette étude ainsi : “De nombreux clients nous ont exprimé leur mécontentement face aux augmentations tarifaires lors du renouvellement de leurs contrats, s’ajoutant ainsi à un climat d’inflation déjà difficile pour tous. En tant que courtier, il est toujours délicat d’expliquer ces augmentations, surtout à des professionnels qui payent déjà des primes élevées, même sans sinistre déclaré. Nous avons donc cherché des solutions alternatives chez d’autres assureurs pour replacer leurs contrats. Quelques acteurs proposent des offres de qualité et ont réussi à maintenir des tarifs compétitifs et nous avons donc migré ces clients chez eux. Sur certaines activités considérées qui sont couvertes par moins d’assureurs nous n’avons malheureusement pas trouvé d’alternatives, mais nos clients qui ont fait le tour de la concurrence non plus.”