Rencontre avec Quentin Fabre, le CEO et cofounder de Olino, la solution d’assurance professionnelle pour booster son activité. Elle s’adresse aux indépendants, TPE et startups.
Quentin Fabre, quel est votre parcours et qu’est-ce qui vous a mené à l’entrepreneuriat ?
J’ai intégré le Programme Grande École de Rennes School of Business en 2018, après avoir effectué une classe préparatoire ECS du côté d’Annecy. En 2020, j’ai réalisé un échange universitaire en master Finance à la National Chengchi University, dans la ville de Taipei à Taïwan. Aujourd’hui, je suis titulaire d’un MSC International Finance. Enfin, je suis titulaire de l’IAS Niveau 1 (Accréditation en Intermédiaire d’Assurance) auprès de l’ENFPI et d’une immatriculation à l’ORIAS (ACPR –Banque de France).
J’ai travaillé notamment chez Mazars en tant qu’auditeur financier dans les secteurs de l’assurance/banque et de l’industrie. Cela dit ma carrière professionnelle est assez courte puisque j’ai cofondé Olino pendant mes études supérieures.
Selon moi, l’entrepreneuriat est avant tout la capacité à innover. Une innovation de rupture ou non, mais toujours en challengeant l’existant jusqu’à casser les codes.
Pour nous, c’était naturel puisqu’avec Dorian Jorry, mon associé et cofondateur, nous ne venons pas du monde de l’assurance. Sans oublier qu’une aventure entrepreneuriale ne se fait pas sans être bien entouré. D’ailleurs, étant natif de Toulouse, j’ai pratiqué le rugby pendant de nombreuses années ; et je vois l’équipe d’Olino comme une véritable équipe de rugby : entraide, cohésion, stratégie et communication.
Quelle est la genèse de la création de Olino ?
Dorian Jorry et moi-même nous sommes rencontrés en Junior Entreprise, une école de commerce.
Nous avons accompagné plus d’une dizaine d’entrepreneurs et de TPE/PME ; plus de la moitié se posait des questions sur leur assurance. Nous avons été étonnés par le manque de transparence et de personnalisation des contrats existants. L’expérience client était souvent décevante.
Lorsque nous sommes partis vivre une année à Taïwan, nous y avons découvert une insurtech qui permettait aux entreprises de s’assurer en 100 % digital et en quelques minutes.
Ce constat nous a été très inspirant puisqu’une fois revenus en France, nous avons décidé de nous lancer dans ce marché très fermé. À travers notre analyse du marché́, ce qui a été le plus frappant est que les premiers prescripteurs d’assurances professionnelles étaient les experts-comptables, les banques, puis les avocats.
Nous nous sommes dits que nous pouvions directement aller chercher les entreprises à la source en s’intégrant dans les parcours clients des prescripteurs en marque blanche ou grise. Tout comme Stripe avec les solutions de paiements intégrés, nous voulions alors développer l’assurance sous forme embarquée.
L’idée est que la solution d’assurance arrive directement dès la création du compte en banque, dans sa consultation juridique, ou dans sa solution de gestion de trésorerie.
Nous avons tout d’abord créé « Riskee », avec Dorian Jorry. Il nous a fallu obtenir l’IAS, puis l’Orias.
Ensuite, tout est allé très vite, nous avons été sélectionnés dans le magazine Challenges (les 100 startup où investir) en 2021, et finalement nous avons levé́ 2,2 M d’euros en octobre 2022. Et puis, nous avons été contraints de faire évoluer Riskee en Olino pour trois raisons. La première, les difficultés avec le précédent nom Riskee ; la seconde concerne notre développement international, Olino est une marque bien plus facile à prononcer et à écrire dans toutes les langues. Et enfin, Olino renvoie à “all in one“, qui est notre vision à terme en centralisant des services plus larges pour les indépendants / TPE.
Quels sont le(s) périmètre(s) serviciel(s) de votre insurtech et son apport dans son périmètre ?
Avec Olino, notre proposition de valeur est double.
D’un côté, nous proposons de l’assurance aux professionnels à travers un parcours simplifié, un UX optimal, qui ne nécessite aucune démarche administrative et qui offre des contrats personnalisés en moins de 3 minutes. Notre volonté est d’être présents aux côtés des entrepreneurs dans leur démarche de protection, grâce à une alliance du digital et de l’humain.
Aussi, nos clients ont la possibilité de tout gérer depuis leur téléphone et bénéficient d’un traitement des sinistres en moins de 48 heures, grâce au Cockpit. Et d’un autre côté, nous proposons également une véritable solution d’assurance embarquée.
Via des API, ou en iframe, en marque grise/blanche, nous permettons à n’importe quel interlocuteur B2B (fintech, legaltech, solutions RH, …) de proposer de l’assurance directement dans son offre. Qu’il s’agisse de Shine, Qonto, Payfit, CaptainContrat, Axonaut, ou de n’importe quel acteur B2B, nos technologies s’adaptent pour être les plus transparentes et fluides possibles.
Quels sont vos constats actuels de l’assurance ?
Le monde de l’assurance est très spécifique et demande une expertise forte. Les assureurs font face à une régulation de plus en plus forte. Ajouté à cela, les besoins et exigences des assurés poussent les compagnies à s’adapter et revoir leur produit constamment. Certaines compagnies ont adopté des stratégies fortes et itèrent très rapidement sur leur expérience client, leurs produits, etc.
C’est sur ces aspects qu’Olino a une carte à jouer. Nous sommes là pour les aider et non pas pour leur livrer une concurrence frontale. Nous sommes avant tout partenaires. Enfin, je dirais que l’écosystème reste difficile à pénétrer, si nous ne sommes pas issus du secteur. Il faut du temps !
Quelle est votre vision de l’évolution du secteur ?
Dans le secteur, une évolution forte est celle de l’assurance embarquée, qui est une tendance très forte notamment en BtoC. En revanche, ce marché n’en est qu’à ses prémices sur les lignes BtoB, bien que de nombreuses synergies voient le jour. Nous observons aussi de nombreux partenariats entre les réassureurs et les insurtech, ces dernières se tournant de plus en plus vers les réassureurs pour gagner en flexibilité́, et dans la construction de produits spécifiques.
Par ailleurs, après l’open banking, je pense que l’open insurance va très certainement s’imposer sous peu et que les grandes compagnies vont devoir s’y mettre. Les applications seront multiples, tant pour les compagnies que pour les assurés finaux et évidemment, les insurtech.
Concernant le rôle de l’insurtech, il est d’apporter de nouvelles solutions technologiques aux acteurs historiques et d’ouvrir la voie dans la transformation digitale du secteur. C’est un rôle-clé ! Grâce aux insurtechs et aux solutions qu’elles apportent, le secteur de l’assurance a rattrapé une partie de son retard, sur celui de la banque par exemple.
Quelles sont vos convictions ?
Je suis convaincu que l’insurtech a encore de beaux jours devant elle. En s’affirmant comme partenaire indispensable des compagnies historiques, mais aussi en les challengeant. Il est aussi de plus en plus fréquent de voir des acteurs historiques s’investir directement dans des insurtech, jusqu’à les intégrer dans leurs rangs.