Nous avons échangé avec Christine Hanon, présidente de MyLifeCare, une start-up qui propose une solution innovante alliant le digital et la médecine préventive, afin de permettre aux collaborateurs d’entreprise d’évaluer leur âge physiologique et de se maintenir en bonne santé.
Qui êtes-vous et quelles sont vos passions ?
Je suis franco-américaine de naissance et ingénieure de formation. J’ai travaillé en entreprise à la fois dans les grands groupes, notamment Véolia Environnement. Puis je suis devenue chef d’entreprise, j’ai créé des sociétés d’énergies renouvelables. Aujourd’hui, j’ai une expérience à la fois de développement et de business international, je connais aussi l’ingénierie et le fonctionnement des sociétés. J’ai toujours été passionnée par la santé et vers 45 ans, je me suis dit qu’avec le rythme de travail que nous avons, il y a une vraie nécessité de rester en bonne santé. Comment pouvais-je alors faire pour augmenter mon espérance de vie et être en bonne santé ? Ne pas se retrouver en dépendance, une fois arrivée à la retraite ?
Quelle est la genèse de la création de MyLifeCare ?
À travers ma quête concernant la santé, j’ai rencontré le Dr Christophe de Jaeger, médecin gériatre et spécialiste du vieillissement du corps humain, qui a un institut de prévention/longévité dans le 16ᵉ arrondissement de Paris. Il travaille notamment sur l’âge physiologique et comment nous pouvons optimiser, voire réduire l’âge réel du corps, et donc avec tout un protocole qui est associé à cela.
J’ai trouvé son approche très intéressante car, aujourd’hui, son travail est destiné à peu de personnes. Il faut vraiment chercher pour le savoir. Je lui ai alors proposé de démocratiser son approche afin que plus de monde puisse profiter de cette démarche préventive et notamment la digitaliser, d’une part pour rendre cela évolutif à grande échelle et, bien sûr, en optimiser les coûts associés. Je précise que nous nous adressons à des clients, non pas des patients. Le système médical est beaucoup axé sur la pathologie. Là, c’est une démarche qui est complètement nouvelle, nous nous adressons à des clients pour de la prévention, par des moyens tout à fait normaux et simples et qui sont tout à fait accessibles à tout le monde.
Quels sont les périmètres serviciels de MyLifeCare ?
Nous avons une approche de prévention santé destinée aux salariés d’entreprises. Chez MyLifeCare, il y a un suivi digital mais également des séances de coaching, avec un coach santé, qui permettent d’accompagner les personnes dans leurs objectifs de santé. Parce que le tout digital, ça ne fonctionne pas non plus.
Ici, l’élément humain est très important. Avec Harmonie Mutuelle, nous avons signé une convention. Nous avons donc eu des personnes d’Harmonie Mutuelle qui ont testé, validé le concept et validé notre approche et même certains ont eu une prise de conscience qu’ils n’avaient pas avant.
Donc cela permet d’avoir un indicateur global qui parle aux gens. J’ai vraiment tenu à ce que cela soit très pédagogique, très humain et permette d’expliquer simplement aux personnes quelles sont les choses que nous mesurons et les valeurs associées. Je me suis mise dans l’approche de quelqu’un qui ne connaît pas du tout la santé, et avec notre application digitale, cela nous permet de diffuser ce message et faciliter aussi la compréhension de ce qu’est la santé préventive.
Quelles sont vos convictions ?
C’est tout d’abord la bienveillance, l’écoute. En fait, ce n’est pas juste un diagnostic que les clients reçoivent sans suite, c’est un peu les différences avec les bilans. Si vous avez un problème, vous ferez quoi ? Il faut voir un spécialiste. Vous n’avez pas vraiment une gestion de votre capital santé, mais c’est là où est la clé : vous avez un capital santé et vous pouvez le gérer avec un manager. Et donc c’est cet accompagnement en toute bienveillance qui est d’abord important.
La deuxième chose, c’est d’apporter aussi une approche professionnelle, médicale et aussi globale de la santé. Nous sommes sur une approche qui est à la fois objective, construite d’une manière scientifique et médicale. Nous souhaitons aussi faire évoluer la société, le mindset ou la prise de conscience vers plus de prévention et que ce soit accessible à tout le monde. Notre mission est de démocratiser cette approche de prévention par un sérieux médical et par la bienveillance.
Quelle est votre vision de l’évolution possible du secteur de l’assurance ?
Je pense que les assurances auraient tout intérêt à ce que les gens intègrent davantage de prévention dans leur vie de tous les jours. Parce que, aujourd’hui, le problème c’est que les cotisations augmentent de plus en plus. Sans parler d’espérance de vie, qui est aujourd’hui en France de 82 ans.
Mais l’espérance de vie en bonne santé est de 66 ans ! Il y a donc seize ans d’écart en moyenne, où tout à coup les coûts de vie et médicaux peuvent devenir astronomiques. Et donc si nous agissons mieux avant, nous ne disons pas qu’il s’agit d’augmenter l’espérance de vie, mais l’espérance de vie en bonne santé. Et même si nous gagnons deux ans, cela peut engendrer une baisse très significative sur le coût de la santé. Si nous avons cette prise de conscience, nous pouvons vraiment avoir un effet positif sur la société.
Quels sont vos constats actuels du secteur ?
Il y a beaucoup de prise de conscience à faire au niveau de la santé dans notre société. Je suis chef d’entreprise, donc je suis obligée d’être prévoyante sur les risques. Il y a des actions assez simples et basiques que nous pouvons mettre en place et c’est cette prise de conscience, cette approche de prévention, qui peut permettre de faire bouger les choses. Cela dit, nous démarrons notre activité, donc il y a une courbe d’apprentissage, bien sûr. Néanmoins, le Dr de Jaeger a déjà cette approche depuis plus de 30 ans sur des milliers de personnes et s’il est toujours en activité, c’est bien parce que cela marche.
Évidemment, il y aura toujours besoin de l’industrie pharmaceutique car le traitement des pathologies ou de certaines maladies, comme par exemple génétiques, est essentiel. Mais je pense que les axes de prévention peuvent grandement améliorer l’état de notre système de santé.
Il faut penser aussi à nos coûts de santé et ce que nous léguons à nos enfants, ainsi que la qualité de notre système. En tant que franco-américaine, j’ai vu le système social américain où il faut avoir un certain niveau de vie pour avoir le niveau de qualité de soins comme celui que nous avons en France. Tout cela a un coût.
Les Français peuvent penser que la santé est gratuite, grâce à notre système de santé actuel : or, cela coûte très cher ! Nous payons les médecins, le système social, les médicaments, les structures, les hôpitaux, etc. Ce sont nos impôts. Et quelque part, le système ne va pas pouvoir tout contenir, à un moment donné. Je crois qu’un des axes essentiels est d’avoir moins de malades. C’est un peu comme l’énergie : le meilleur économiseur d’énergie, c’est de ne pas en créer ! Donc la prévention pourrait, par exemple, éviter une intervention chirurgicale extrêmement coûteuse…
Ainsi, ces actes de prévention peuvent avoir un effet bénéfique important sur la société. Et pour cela, il faut démocratiser cette approche à grande échelle;