Insurtech France collabore avec l’Assurance en mouvement sur une série d’interviews de dirigeants d’Insurtechs. Nous avons échangé avec Jean Pakey, le créateur de JuneCare, l’insurtech spécialisée sur l’assurance deux roues au kilomètre.
Qui êtes-vous ?
Je suis un jeune diplômé de l’université Paris-Dauphine avec un parcours professionnel et académique international qui m’a permis de vivre, d’étudier et de travailler aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne et en France. Une première expérience en tant que Business Analyst m’a donné l’opportunité de développer mes compétences analytiques, puis un rôle de Consultant m’a plongé dans la résolution de problématiques stratégiques complexes. Enfin, avant de créer JuneCare, j’ai pu développer l’aspect business development et go-to-market en accompagnant 7 entreprises françaises dans leur conquête du marché nord américain.
Tout au long de mon parcours académique puis professionnel, que ce soit en startup ou dans le conseil, j’ai toujours cherché à avoir un impact positif. La création d’une association de débat sur le campus de Dauphine à Londres en est un exemple, tout comme le lancement de CookEat, une plateforme d’échange de repas entre étudiants, lorsque j’étais en master. Ce qui m’enthousiasme, c’est de repérer les services à améliorer, concevoir des solutions innovantes, et ainsi créer de la valeur. C’est cette passion pour l’optimisation et la résolution de problèmes qui m’a conduit à l’entrepreneuriat et à la création de JuneCare.
Quelles sont vos passions ?
J’apprécie particulièrement trois activités : le voyage, le cinéma et le sport. Chacune à sa manière est très enrichissante d’un point de vue personnel et professionnel.
Voyager, c’est l’opportunité de découvrir des personnes, des cultures et des perspectives nouvelles. Dans chaque lieu, je découvre des façons différentes de vivre ou d’appréhender un même problème. Cela contribue à stimuler ma créativité et à renforcer mon efficacité.
Mon attrait pour le cinéma va au-delà de la simple distraction. C’est la richesse narrative, la complexité des personnages et la créativité des scénarios qui me captivent. Voyager d’une époque à l’autre, d’un monde à l’autre grâce à l’écran me fait voir les choses sous un angle différent et est une réelle source d’inspiration.
Enfin, pour profiter de la nature et me détendre, je pratique régulièrement la course à pied et la natation et dès que je le peux des sports de glisse.
Quelle est la genèse de la création de cette insurtech ?
C’est à San Francisco, lors de mon stage de fin d’études, que mon envie de créer une startup liée au secteur de la mobilité s’est concrétisée. De retour à Paris, j’ai rencontré Alchad lors d’une session pitch & meet. Il était intéressé par l’aspect assurantiel et avait entre autres développé une plateforme de distribution de produits d’assurance. Partageant une vision commune, nous avons créé JuneCare pour résoudre les problèmes auxquels font face les motards en matière d’assurance, notamment l’absence de tarification à l’usage. Nous avons constaté que plus de 2 millions de contrats concernaient des petits rouleurs parcourant moins de 4 000 km par an.
Ces derniers paient une prime d’assurance décorélée de l’usage réel qu’ils font de leur véhicule. Nous avons donc décidé de combiner nos domaines d’expertise afin de proposer la première solution d’assurance à l’usage pour 2 roues. Après avoir analysé le marché et échangé avec des motards et des concessionnaires, nous avons testé l’appétence pour ce produit Pay As You Drive pendant un mois sur un échantillon de 3 000 motards. Face au fort engouement suscité, nous avons décidé de nous engager pleinement dans ce projet.
Quel est le périmètre serviciel de votre insurtech ?
Chez JuneCare, nous sommes convaincus que le rôle d’un assureur va bien au-delà de la simple vente d’un produit d’assurance. Pour nous, il s’agit avant tout d’apporter des solutions adaptées aux besoins concrets de nos assurés. C’est pourquoi l’aspect serviciel est au cœur de notre modèle. Ainsi, nous développons une application mobile dédiée à répondre aux défis spécifiques rencontrés par notre communauté de motards assurés. Et tout cela, gratuitement ! Le premier outil que nous proposons est une aide à l’organisation de balades, une fonctionnalité fortement attendue par notre communauté. Finalement nous ne vendons pas seulement de l’assurance, nous créons des solutions répondant à l’ensemble des besoins des passionnés de moto.
Quels sont vos constats actuels en termes d’assurance ?
Nous constatons une évolution significative dans les attentes des consommateurs. La façon dont nous appréhendons la mobilité a radicalement changé au cours de la dernière décennie, avec l’émergence de l’économie de l’usage. Les gens privilégient désormais de plus en plus l’usage à la possession. C’est là que l’assurance à l’usage entre en jeu, en réponse à ces nouvelles tendances. Avec notre produit, les assurés paient une prime qui reflète réellement l’utilisation qu’ils font de leur véhicule.
En effet, 40% des motards ont une utilisation occasionnelle de leur deux-roues, et les offres actuelles ne leur correspondent pas pleinement. Notre solution est flexible, adaptée aussi bien aux 10% de motards qui n’utilisent que rarement leur moto qu’à ceux qui parcourent 4 000 kilomètres par an, ou même seulement 500 kilomètre. C’est là la force de notre modèle : une capacité à s’adapter aux usages réels.
Quelle vision avez-vous des évolutions du secteur de l’assurance ?
L’une des tendances clés que nous observons dans le secteur de l’assurance est une simplification croissante de l’expérience utilisateur. Au cours des dernières années, beaucoup d’efforts ont été consacrés à faciliter le processus de souscription. Aujourd’hui, l’objectif est d’aller plus loin et de simplifier et d’améliorer le quotidien des assurés. Pour ce faire, nous prévoyons que les assureurs joueront un rôle de plus en plus actif dans la prévention des risques, en mettant à disposition des outils et des conseils pour aider les assurés à éviter les situations à risque. Par ailleurs, nous pensons que l’intelligence artificielle va devenir incontournable notamment dans le traitement des sinistres, afin de rendre ce processus plus rapide et plus efficace.
Quelle conviction avez-vous ?
Je suis profondément convaincu que le rôle d’une assurance ne se résume pas à offrir une protection financière. Une assurance doit comprendre et répondre aux besoins spécifiques de ses utilisateurs en proposant des services qui enrichissent leur expérience. Dans le domaine de la moto, par exemple, il est essentiel de prendre en compte la forte dimension communautaire qui caractérise ce secteur. Chez JuneCare, nous cherchons constamment à répondre aux besoins uniques des motards, que ce soit en termes de sécurité ou d’expérience de conduite. Notre objectif est de proposer une offre qui dépasse le cadre traditionnel de l’assurance et qui est réellement centrée sur l’utilisateur.
Vous faîtes partie d’Insurtech France*, l’association de la tech et de l’assurance. Quel est l’apport de cette association pour les acteurs du secteur ?
Insurtech France joue un rôle essentiel en rassemblant différents acteurs tels que les assureurs, les insurtech ou des consultants spécialisés. L’association facilite les interactions grâce à son channel WhatsApp, encourage l’échange d’idées à travers des groupes de travail et offre de précieuses opportunités de réseautage grâce à de nombreux partenariats. Elle contribue ainsi à favoriser la collaboration et l’innovation au sein du secteur de l’assurance.
*Voir interview de Pierre Bonodot, secrétaire général d’Insurtech France.