Frédéric Pauthier, Directeur des Ressources Humaines et affaires générales en charge de la communication interne, RSE et environnement du travail – MGEN – MUTUELLE SANTÉ, PRÉVOYANCE ET ASSURANCES répond aux questions de Jean-Luc Gambey pour Vovoxx Média, dans le cadre du Magazine #5 Dessine-Moi l’Assurance.
« Un engagement concret sur le terrain, au quotidien »
La Marque Employeur est-elle un sujet « stratégique » pour les entreprises ? Et pour la vôtre ?
Aujourd’hui, il y a des tensions sur le marché du travail qui sont assez fortes, avec des difficultés tous secteurs confondus, dans un contexte particulier à la fois structurel et conjoncturel. Nous avons, nous aussi, rencontré des difficultés de recrutement. Il est donc plus que jamais important d’avoir une Marque Employeur forte, visible et qui ne vende pas du rêve, mais qui mette en relief ce qu’est vraiment l’entreprise.
MGEN a beaucoup évolué ces dernières années et nous voulions aborder cette transformation tout d’abord et investir ensuite pour dire qui nous étions. Nous avons travaillé sur notre Marque Employeur pendant deux ans et l’année dernière nous avons sorti notre nouveau dispositif de Marque Employeur, à la fois pour attirer de nouveaux talents et conserver nos talents. Ce qui fait la différence entre une entreprise ou une autre, c’est la manière de travailler ensemble et de faire les projets. L’un des sujets importants pour nous était de faire raconter à nos salariés la manière dont ils vivent cette différence.
La partie rémunération, gestion de carrière, mobilité, santé, prévoyance, tout le monde travaille sur ces sujets-là. En revanche, la façon dont nous pratiquons au quotidien nos métiers, la façon dont nous menons nos projets, c’est très spécifique à chaque entreprise. La nôtre est celle qui est racontée par nos collaborateurs dans le cadre de notre campagne de Marque Employeur.
Nous avons l’avantage d’avoir une entreprise qui a déjà un ADN particulier. La MGEN, c’est une entreprise avec près de 10 000 collaborateurs, plus de 3000 militants, plus de 350 militants permanents, très engagés dans les sujets de société. La MGEN a toujours pris des positions sociales, sociétales, qui font que c’est une entreprise un peu à part dans le monde de l’assurance. Nous avons un positionnement particulier, qui fait qu’il y a un supplément d’âme. Les militants et les salariés ont un sentiment d’appartenance particulier à l’entreprise.
Faut-il séduire et fidéliser les collaborateurs, pour développer et soigner la Marque Employeur ?
Recruter quelqu’un est un choix mutuel. C’est plutôt aux candidats de venir chez nous, nous utiliser et nous mettre à sa disposition pour faire en sorte que leurs carrières soient intéressantes, que les projets sur lesquels ils travaillent soient intéressants. C’est davantage une adoption mutuelle, plutôt qu’un employeur qui choisit un candidat.
Nous leur disons : employez-nous à donner du sens à votre carrière, à vous mettre au cœur de la transformation, de l’innovation, de notre développement. Nous avons voulu l’incarner dans notre Marque Employeur en faisant témoigner nos collaborateurs. Pendant très longtemps, il y avait dix candidats pour un poste et c’était l’entreprise qui choisissait. Aujourd’hui, c’est l’inverse, chaque candidat a dix offres devant lui. Qu’est-ce qu’il va faire ? Qu’est ce qui va déclencher le fait qu’il vienne dans une entreprise ou dans une autre ?
À travers notre Marque Employeur, nous ne voulions pas raconter la vie professionnelle idéalisée ou vendre du rêve. Donc il s’agit de bien dire et écrire qui nous sommes. Et la meilleure façon de faire passer ce message, ce sont nos propres collaborateurs qui le vivent au quotidien dans chacun de leur métier. Et ça, c’est de la réalité, par la preuve.
Quelles sont les tendances et les bonnes pratiques d’une Marque Employeur efficiente ?
Ce sont déjà les moyens que nous allons mettre en œuvre pour faire en sorte que les collaborateurs soient toujours à niveau en termes de compétences et soient formés régulièrement. Nous avons un niveau d’investissement en termes de formation qui est très élevé, à peu près 5 millions d’euros par an, ce qui est bien plus élevé que la moyenne du secteur. De plus, l’ADN de la maison va jouer sur l’intérêt et le sens que nous donnons au travail au quotidien, donc sur le fait de travailler dans une entreprise qui a une vocation plus large d’imprégner la société, et cela joue sur la motivation des personnes.
D’autre part, nous avons une politique RSE très engageante, engagée, chiffrée et mesurable pour faire face aux défis climatiques et énergétiques. Les collaborateurs vont être engagés si nous pratiquons une vraie politique de mobilité à la fois fonctionnelle et géographique, si nous sommes capables de mettre en place du télétravail de manière intelligente en fonction du métier et de la capacité de chacun, et en donnant la main au plus près du terrain pour décider et agir chacun dans son domaine. C’est cette capacité de délégation qui va faire la différence dans l’entreprise aussi..
Tout cela contribue à notre réputation d’employeur responsable et la promesse que nous faisons derrière notre campagne, il faut que nous puissions la retrouver très concrètement sur le terrain, au quotidien. Nous venons de refaire le siège de la MGEN, Chrysalide. L’environnement de travail des collaborateurs a complètement changé, avec quasiment 1000 personnes qui travaillent au siège aujourd’hui. Cela change tout si vous travaillez dans un environnement très cloisonné, fermé ou dans un environnement très ouvert, très transparent, qui laisse la place très largement à l’échange, à la participation, à la co-construction. Ce ne sont pas que des mots ou des intentions, ce sont des choses factuelles. Mon objectif en tant que DRH est de faire évoluer positivement et quotidiennement ce qui construit la Marque Employeur en permettant à chacun de s’adapter au monde de demain.
Est-ce un secteur qui manque d’attractivité ?
Je pense que c’est surtout un secteur qui est mal connu, dont les métiers ne sont pas suffisamment expliqués, mais qui gagne largement à être connu. C’est un secteur en pleine transformation et les évolutions réglementaires nous poussent à faire évoluer nos produits, nos façons de pratiquer nos métiers, avec notamment des évolutions technologiques qui sont très importantes. Nous avons un secteur d’activité qui peut offrir, par exemple, plus de télétravail que d’autres secteurs. C’est un élément important dans la Marque Employeur, ce que nous appelons ici le Contrat Social.
Dans ce Contrat Social, nous allons travailler à la fois des éléments de rémunération, de protection sociale comme la santé, la prévoyance, des éléments de rémunération immédiats ou différés, tout ce qui peut se développer autour de l’intéressement, de la participation, de la préparation à la retraite, etc. En fait, le Contrat Social, c’est la base de la gestion RH de l’entreprise, et la Marque Employeur ne fait que raconter ce que l’on fait dans ce Contrat Social. La Marque Employeur concourt à l’image de l’entreprise mais aussi à l’image de marque de la profession.
Mesurez-vous un impact de la Marque Employeur ?
Depuis que nous avons lancé la première campagne au début de l’été 2022, nous avons augmenté très significativement le nombre et la qualité des CV reçus. Donc sur notre capacité à attirer des talents, cela fonctionne. Ensuite, on mesure la qualité d’une campagne avec un certain nombre d’indicateurs et ils sont aujourd’hui très bons.
Cela participe aussi, de manière indirecte, sur l’image de marque de MGEN. La Marque Employeur est un objet bien particulier, ce n’est pas de la communication institutionnelle au sens premier du terme. C’est vraiment une communication dédiée à un public particulier qui est celles et ceux qui souhaiteraient aujourd’hui ou demain nous rejoindre.
En conclusion ?
Pour se démarquer, il faut d’abord savoir qui nous sommes et ce que nous sommes en capacité de donner, de proposer. C’est important de bien se connaître et de savoir où nous nous positionnons par rapport aux autres acteurs du marché. La Marque Employeur est juste un élément révélateur qui nous permet de dire à l’extérieur qui nous sommes de l’intérieur. Cela permet d’attirer des personnes qui seraient sensibles à qui nous sommes afin de nous rejoindre ou de conforter les talents déjà présents à la MGEN. C’est le plus important.