La réforme des retraites constitue un chantier législatif engageant, qui va influencer nos vies pendant des années, voire des décennies. Certains acteurs considèrent que la santé et la prévoyance, deux volets essentiels, n’ont pas été prises en compte dans cette réforme. Et sont force de propositions.
« Le débat sur la réforme des retraites aurait dû être l’occasion de repenser la place du travail et le rôle des seniors dans la société. En n’étant centré qu’autour du seul paramètre de l’âge légal et en négligeant les répercussions sur les autres branches de la protection sociale (santé, accidents du travail – maladies professionnelles et chômage), le projet de réforme n’apporte pas de solutions à terme à la soutenabilité de notre système de protection sociale. L’employabilité des seniors est une condition nécessaire et préalable à un éventuel allongement de la durée de travail » : tel est le constat dressé par la Mutualité Française. Celle-ci s’inquiète également des conséquences néfastes sur la prévoyance du report de l’âge de la retraite.
« Ni en emploi ni en retraite »
Selon la fédération, « la précédente réforme des retraites a montré que l’augmentation d’un an de l’âge moyen dans les entreprises a contribué à faire croître la sinistralité en prévoyance d’environ 10 points, le nombre d’arrêts de travail longue durée et le risque de décès augmentant. Sachant qu’une personne sur deux occupe un emploi au moment de son départ en retraite, le report de l’âge de départ pourrait augmenter le nombre de personnes « ni en emploi ni en retraite ». La Mutualité Française partage l’objectif de soutenabilité à moyen terme du système de retraite par répartition, mais ces deux premiers constats démontrent que le seul paramètre de l’âge de départ à la retraite est insuffisant pour atteindre l’équilibre global du système en répercutant des dépenses sur d’autres branches de protection sociale. D’autres sources de financement existent pour rééquilibrer notre système ».
Un partage juste des efforts demandé
« Il est de notre devoir collectif de réduire les inégalités et de pérenniser les fondements solidaires de notre protection sociale par répartition. Mais un partage juste des efforts, notamment par la contribution de l’ensemble des richesses au financement des protections sociales (santé, prévoyance, dépendance, retraite) constitue une condition nécessaire de l’acceptabilité pour un pacte solidaire durable et renouvelé entre générations » rappelle Éric Chenut, président de la Mutualité Française.
La Mutualité Française propose ainsi de « revenir aux principes qui ont guidé la création du fonds de réserve des retraites en l’abondant quand la conjoncture est favorable et en sanctuarisant son utilisation. Si le fonds avait été abondé comme initialement prévu et si son utilisation n’avait pas été détournée de sa finalité originelle d’amortissement des cycles conjoncturels, la question du financement d’ici 2027 se poserait avec beaucoup moins d’acuité ».
Certains acteurs sont aussi force de proposition.
Ainsi par exemple, la Mutuelle Familiale, qui protège plus de 150 000 personnes a rédigé quatre propositions qui permettraient d’assurer l’avenir du système de retraite, voire de l’améliorer : une modulation des cotisations des employeurs, la fin concrète des discriminations salariales que subissent les femmes, une vraie politique de prévention ainsi qu’un grand plan de maintien dans l’autonomie et de soutien de la dépendance.