Assurance for good. a souhaité rencontrer Jeremy Sebag, cofondateur de SPVIE Assurances et fondateur d’Assure Moi Un Projet (AMUP), une association qui a pour vocation d’attirer, former et accompagner des personnes éloignées de l’emploi dans le secteur des Assurances et du Courtage.
Engagé et passionné, Jeremy Sebag se réjouit du succès de son association qui a permis, depuis sa création, de former 250 personnes éloignées de l’emploi. Entretien.
Pour commencer, pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours professionnel ?
Je suis fils, petit fils et neveu d’agent général, et j’ai baigné une bonne partie de ma vie dans l’assurance. J’ai débuté ma carrière professionnelle à 19 ans en apprentissage dans le Groupe Molitor. J’ai tout de suite senti que c’était un métier diversifié, riche passionnant et eu l’envie de me projeter dans cette carrière. C’est ce que j’ai fait pendant 5 ans chez Molitor, puis 5 ans chez Gras Savoye où j’ai eu la chance d’effectuer un stage et de finir mes études.
Après 10 ans d’expérience et un réseau professionnel bien développé, j’ai eu l’occasion de créer une entreprise. Avec Cédric Pironneau, nous avons créé SPVIE assurances en 2010, en partant de pas grand-chose, et SPVIE Assurances est devenue l’entreprise qu’elle est aujourd’hui.
Vous êtes à l’origine de la création de l’AMUP (Assure Moi Un Projet), l’association qui a pour vocation d’accompagner des personnes en reconversion professionnelle vers l’emploi dans le secteur des Assurances et du Courtage. Pouvez-vous nous expliquer comment est née l’idée de créer cette association ?
J’ai passé 10 ans de ma vie à être engagé dans le secteur du courtage en assurance, à travers des fonctions syndicales et mes engagements associatifs. Je pense que le dénominateur commun de cet engagement c’est la passion du secteur, la passion du métier. Cette passion ne m’a jamais quitté et elle m’anime au quotidien pour transformer le métier dans les années à venir.
J’ai créé cette association car j’ai toujours pensé qu’il fallait redonner ses lettres de noblesse à l’assurance et à l’intermédiation. Si nous pouvions promouvoir ce secteur tout en aidant des personnes qui n’avaient pas d’emploi, c’était le jackpot.
En 2016 avec Cédric nous avons participé au prix de l’entrepreneur de l’année organisé par EY. Nous avons été témoins d’honneur du prix de l’engagement sociétal remis à Thierry Marx pour son école de cuisine, à travers laquelle il avait réussi à former des personnes éloignées de l’emploi aux métiers de la cuisine. C’est à ce moment-là que nous nous sommes dits que nous voulions faire la même chose dans notre secteur, pour à la fois promouvoir le métier et essayer de régler ce que les territoires n’arrivaient pas à faire en termes de fracture dans l’emploi.
C’est ce jour-là que l’AMUP est née. Il a ensuite fallu réussir à convaincre toute une gouvernance : j’avais une conviction mais il fallait que cette conviction soit partagée par d’autres. Progressivement, nous avons réussi à fédérer cette gouvernance et à créer des partenariats, notamment avec l’IFPASS et les pôles emplois locaux.
L’AMUP permet à des personnes éloignées de l’emploi d’accéder à différents parcours de formation aux métiers de l’assurance. Concrètement, comment cela a démarré ?
Au démarrage, nous voulions travailler sur les Hauts de Seine, pour tester le modèle, car nous ne savions pas si ça pouvait répondre à des attentes. Nous avons envoyé un premier mail via pôle emploi pour présenter notre projet : des dizaines de personnes se sont présentées. La salle était remplie, nous avons expliqué pourquoi nous avions créé ce projet, nous avons expliqué le secteur, donné les perspectives, les KPIs, l’employabilité, les salaires moyens, les parcours… À l’issue de cette réunion, tout le monde est venu nous voir, nous nous sommes retrouvés avec de nombreux candidatures et il a fallu trouver des entreprises. C’est comme ça que ça a démarré.
Quelles sont les forces des programmes proposés ? En quoi ces parcours se distinguent-ils d’autres formations aux métiers de l’assurance ?
L’ADN qui a fait que ça a fonctionné, c’est que nous avons pris les gens comme ils étaient. Ce n’était pas seulement de la formation, c’étaient des tremplins dans des entreprises.
L’association a été créé en 2017 avec une première promotion en 2018. Pour nous, le COVID a été un réel propulseur : nous avons démarré localement, mais ma conviction c’était que nous devions déployer ce projet qui avait fait ses preuves au-delà de la région parisienne. Avec le COVID, les échanges physiques se sont arrêtés, mais grâce au digital et au télétravail, cette initiative a pu être portée à travers la France et à moindre coût. Pendant le COVID, nous avons même fait une promotion totalement digitale !
Comment vous voyez la suite ? Vous êtes confiant pour que cela se poursuive, notamment grâce au digital ?
Ce qui est certain, c’est que c’est un succès. Depuis la création nous avons formé 250 AMUPiens. 203 d’entre eux ont obtenu leur capacité professionnelle et 93% des diplômés ont actuellement un CDI dans le secteur du courtage !
C’est une initiative qui a fait ses preuves. Des entreprises ont éprouvé le modèle, en sont satisfaites et reviennent. Il y a même des assureurs qui s’intéressent à cette démarche que nous avons créée. J’aimerais qu’on ait des antennes partout en France mais le problème c’est le financement. J’ai pendant très longtemps été l’ambassadeur d’AMUP au Conseil National de Planète CSCA, avec tous les grands courtiers, j’étais président d’Ile-de-France et du Centre, j’ai œuvré pour pousser le projet. Aujourd’hui je n’aurais aucun problème à être Président d’honneur de l’association, passer le relai, et que France Assureurs ou un autre acteur s’empare de ce dispositif et sauve des vies en faisant la promotion du métier.
Nous avons prouvé que ça fonctionnait, les besoins sont toujours là, évidemment qu’il y a de l’avenir !
Interview réalisée par Valérie Loizillon
Crédit photo : Marion Fregeac