Le 8 novembre, la Caisse d’Epargne et l’Association e-Enfance/3018 ont présenté une nouvelle étude[1] réalisée par l’institut Audirep, relative à l’exposition des jeunes adultes de 18 à 25 ans aux cyber-violences et en particulier au cyber-harcèlement.
Face à des résultats édifiants puisque 60 % des jeunes sondés déclarent en avoir déjà été victimes, les dispositifs actuels montrent leurs limites. Cette étude consacre clairement le cyber-harcèlement comme un enjeu majeur de santé publique, que le secteur de l’assurance ne saurait ignorer.
En 2021, une étude sur la même thématique avait été menée auprès des élèves de primaire, collège et lycée : 20% des enfants interrogés avaient été victimes de cyber-harcèlement. Cette année, la Caisse d’Epargne et e-Enfance/3018 se sont penchés sur la catégorie d’âge des 18-25 ans, celle-ci se caractérisant par une exposition encore plus grande aux risques.
Les jeunes adultes sont-ils les plus exposés aux cyber-violences ?
Apanage traditionnel des jeunes populations, l’usage du numérique est aujourd’hui naturellement répandu parmi toutes les catégories d’âge. Cependant la population des jeunes adultes reste certainement l’une des plus exposées aux risques notamment par son usage intensif des réseaux sociaux, très largement amplifié par la crise sanitaire, sans que la fin des confinements ne remette cette exposition en cause.
- 90 % des jeunes adultes estiment que « leur temps passé sur internet et les réseaux sociaux a augmenté », dont 59 % « beaucoup plus ».
- Les 18-25 ans sont présents en moyenne sur 8 réseaux sociaux différents
- 68 % d’entre eux sont actifs sur les sites de jeux en ligne.
- 64% admettent être exposés à des risques de par leur utilisation d’Internet et des réseaux sociaux. Parmi ceux-ci 70% estiment que « les périodes de confinement les ont conduits à être encore plus exposés qu’avant à ces risques. »
Outre cet usage intensif des réseaux sociaux, les 18-25 ans seraient particulièrement vulnérables car situés dans une période « entre deux âges », plus tout à fait adolescents, mais pas encore tout à fait adultes d’après Justine Atlan, directrice générale d’e-Enfance/3018 : « cet âge « entre deux » est une période de grande vulnérabilité du fait qu’ils sont dans une extrême solitude. Ils sont exposés à beaucoup de risques qu’ils gèrent seuls. »
Les principaux risques cyber identifiés au sein des 18-25 ans
Cette étude a identifié en priorité les risques suivants :
- le piratage de données ou de comptes personnels (34%)
- la diffusion d’informations personnelles sur Internet (21%)
- le cyber-harcèlement: chantage, insultes, moqueries… (21%)
- les « mauvaises rencontres » (13%)
- les « autres risques » : images et contenus choquants, fake news, conséquences pour la santé… (11%)
Par ailleurs, 46 % des jeunes adultes interrogés déclarent également « avoir subi un piratage de leurs comptes ou données personnelles sur les réseaux sociaux. » 44 % se sont déjà sentis « agressés par des contenus choquants » et 39 % déclarent avoir été « victimes d’arnaques. »
Des risques majeurs ayant des conséquences sur la santé
Parmi les éléments les plus inquiétants de l’étude, figure le fait que 60 % des jeunes adultes ont déclaré avoir déjà été victimes de cyber-harcèlement, soit en réponse directe à la question, soit à l’évocation de situations typiques de cyber-harcèlement, leur faisant réaliser qu’ils étaient concernés. Compte-tenu du « nombre particulièrement important de victimes », l’étude souligne l’absence de profil-type.
Plus grave encore, les « lourdes conséquences sur la santé physique et mentale des victimes » :
- 69 % des jeunes adultes victimes de harcèlement déclarent « avoir été sujets à des insomnies, des troubles de l’appétit ou du désespoir »
- 51 % ont « failli tomber dans des comportements d’addiction » (alcool ou drogue)
- 49 % reconnaissent « avoir pensé au suicide»
Vers plus d’accompagnement et de meilleurs suivis psychologiques ?
Face à ces résultats, l’étude relève néanmoins que cette situation est « loin d’être une fatalité : des réponses peuvent être formulées pour faire face à ces enjeux. » Les jeunes sondés ont d’ailleurs livré un certain nombre d’enseignements de par leurs réponses :
- 52% des jeunes adultes apprécieraient « de l’aide ou de l’information de la part d’une association de lutte contre les cyber-violences »
- 62 % d’entre eux jugent utile « la mise en place d’un accompagnement psychologique en cas de cyber-harcèlement »
- 63% attendraient de « l’aide ou de l’information d’amis /de proches parents de jeunes du même âge »
La première des réponses à apporter relève donc principalement de la communication et du dialogue. Le harcèlement et les violences en lignes demeureraient-ils un sujet tabou ? Il semble que ce soit le cas puisque 61% des jeunes victimes ont admis « avoir eu des difficultés à en parler. » L’étude pointe également l’insuffisance des dispositifs de sensibilisation actuels puisque si 75% des jeunes adultes ont bel et bien bénéficié d’actions de prévention, seuls 24% d’entre eux ont estimé « avoir été totalement sensibilisés. »
Le 3018, numéro national contre les violences numériques
Conscients de ces enjeux, la Caisse d’Epargne et l’association e-Enfance/3018 mettent entendent bien poursuivre leur partenariat afin « d’aller plus loin dans la compréhension du phénomène, la sensibilisation et la promotion du numéro dédié de l’association, le 3018, auprès des familles et des jeunes. » En effet comme le souligne Justine Atlan, « grâce au mécénat de la Caisse d’Epargne, ces études annuelles confirment à l’échelle nationale ce que nous observons tous les jours sur le 3018, numéro national contre les violences numériques, à savoir une augmentation du nombre de jeunes victimes et d’appels de parents désorientés. »
De son côté, la Caisse d’Epargne rappelle avoir d’ores-et-déjà intégré une prestation d’assistance psychologique en cas de cyber-harcèlement dans ses contrats d’assurance scolaire et santé, donnant accès à un réseau de plus de 1 500 psychologues cliniciens sur le territoire français. « Le cyber-harcèlement est un enjeu majeur de santé publique. Des réponses adaptées doivent être apportées tant en termes de prévention que d’accompagnement des victimes. Par le biais de son mécénat avec e-Enfance/3018 et des solutions proposées à ses assurés, la Caisse d’Epargne, banque et assurance historiques des familles, souhaite s’inscrire dans cette ambition et soutenir toujours davantage ses clients » commente Nicolas Balerna, directeur Banque de Détail Caisse d’Epargne.
Des initiatives susceptibles d’inspirer d’autres banques et d’autres assureurs ?
[1]Résultats de l’enquête réalisée par l’institut Audirep du 18 mai au 3 juin 2022 par internet auprès de 1209 jeunes âgés de 18 à 25 ans