6,3 millions de Français n’ont pas de médecin traitant. Certains patients renoncent à se soigner tant le parcours de soins s’avère complexe.
Les déserts médicaux sont l’illustration des inégalités territoriales d’accès aux soins qui ne cessent de se creuser. De nouvelles mesures s’imposent pour atténuer ces fractures médicales.
30,2 % de la population française vit dans un désert médical (62,4% en Île-de-France). C’est ce que relève le rapport sénatorial remis le 29 mars 2022. Un rapport qui souligne la nécessité de rétablir rapidement l’équité territoriale en matière d’accès aux soins et expose une stratégie pour y parvenir.
Selon ce rapport, 1,6 million de Français renoncent chaque année à des soins. 11 % des 17 ans et plus n’ont pas de médecin traitant. Les délais d’attente avant un rendez-vous s’allongent, jusqu’à six mois pour une consultation d’ophtalmologie. 45% des généralistes sont en situation de burn-out. Le nombre de généralistes a reculé de 1% par an entre 2017 et 2021. Si rien n’est fait, il continuera à baisser jusqu’en 2024 et la densité médicale ne retrouvera son niveau actuel qu’en 2033. La densité médicale, très variable selon les départements, s’érode dans les trois quarts d’entre eux. Or, l’augmentation et le vieillissement de la population accroissent les besoins en santé.
62 % de l’Ile-de-France est un désert médical
Lorsque l’on pense désert médical, c’est souvent l’exemple de la Creuse qui vient à l’esprit. Et pourtant, les territoires ruraux ne sont pas les seuls impactés. « L’Île-de-France est à 62 % un désert médical », souligne le Dr Jean-François Gérard-Varet, médecin élu en charge de la démographie médicale au Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) dans une interview à Capital.
Et la situation est encore plus critique en Seine-Saint-Denis, où 92 % de ce département est sous-doté en blouses blanches. Sur l’ensemble du territoire français, “seulement 20 % de la population vit en zone confortable en termes d’accès aux soins de médecine générale”, alerte le Dr Jean-François Gérard-Varet.
La fin du numerus clausus ? Un mythe ?
À cause de la baisse du numerus clausus dans les facultés de médecine entre la fin des années 70 et le début des années 1990, la situation s’est nettement dégradée ces dernières années. En 2018, le président de la République, Emmanuel Macron, annonçait la fin du numerus clausus… Las ! Il est transformé en numerus apertus, guère plus ouvert et la réforme du cursus de médecine, notamment de la première année, entraînerait certaines aberrations, notamment la fuite d’étudiants brillants à l’étranger. Difficile de croire, dans ces conditions, que l’avenir, qui se construit aujourd’hui, sera plus rose… Non ?
Libérer du temps médical et organiser l’accès territorial aux soins
Le rapport sénatorial propose un certain nombre de recommandations. Il convient tout d’abord de libérer du temps médical en recrutant des assistants médicaux, en augmentant le nombre de gestes médicaux réalisables par d’autres professionnels de santé ou encore en facilitant le cumul emploi-retraite dans les zones sous-denses.
Afin de favoriser l’exercice médical en zone sous-dense, le rapport préconise d’agir sur l’installation des médecins en créant un Conseil national d’orientation de l’accès territorial aux soins, en incitant les collectivités locales à instaurer des guichets uniques pour faciliter l’installation des professionnels de santé et d’accompagner le regroupement de médecins et l’exercice sur plusieurs sites.
La diversification de l’origine sociale et géographique des étudiants doit également être recherchée, en accordant des bourses aux étudiants issue des zones sous-denses.
Une mini-série sur les déserts médicaux avec Medaviz
« J’ai 71 ans et je ne trouve pas de remplaçant pour partir en retraite. Je commence le lundi matin à 8 heures et tous les jours, je ne rentre jamais de mes visites avant 23 heures, minuit, parfois 1 heure du matin. J’ai une patientèle d’environ 1800 à 1900 patients ». Ce témoignage du Dr Le Gouallec, médecin généraliste, est édifiant. C’est l’un de ceux que l’on peut découvrir dans la mini-série documentaire sur les déserts médicaux de six épisodes, « Seuls face aux patients, tous concernés » produite par Medaviz, éditeur de solutions de télémédecine et spécialiste de l’organisation des soins au sein des territoires.
« À travers cette mini-série, nous souhaitons informer sur la réalité du terrain à laquelle nous sommes confrontés depuis sept ans, de par notre accompagnement des professionnels de santé. Nous avons eu l’occasion de faire face à la difficulté d’accès aux soins que rencontrent les patients et aux enjeux du confort d’exercice pour tous les praticiens qui, parfois, se sentent vraiment seuls face à leurs patients. Nous sommes convaincus que la télémédecine a un vrai rôle à jouer pour rapprocher patients et médecins sur les territoires et pour faciliter la coordination dans les communautés de praticiens » explique Stéphanie Hervier, Directrice générale de Medaviz. Des témoignages concrets et humains qui illustrent bien que, si les déserts médicaux sont néfastes aux patients, ils le sont aussi pour les médecins.
Un certain nombre d’assureurs complémentaires santé (Mutuelles, Institutions de Prévoyance, assureurs, etc.) proposent la téléconsultation médicale pour notamment, diversifier ses services alors que les offres santé sont de plus en plus standardisées. La téléconsultation et l’assurance ? Les réponses en 8 ITW !