La quatrième édition du baromètre France 2025 Generali – Viavoice – Radio Classique s’est penchée sur les transformations en cours dans le monde du travail et la perception qu’en ont les Français. Avec la généralisation du télétravail suite à la pandémie, dans un contexte d’innovation mais aussi de préoccupations environnementales croissantes, la notion de « quête de sens » est avancée comme une problématique émergente, pour les employeurs comme pour les employés, notamment dans l’assurance.
Ainsi les entreprises communiquent de plus en plus sur leurs valeurs et leurs politiques RSE, y compris dans leurs processus de recrutement afin d’attirer les talents. Cependant les résultats de ce baromètre vont plutôt à l’encontre de ces tendances médiatiques : le premier critère privilégié par les Français à l’embauche reste bel et bien la rémunération, sur fond de préoccupation croissante autour du pouvoir d’achat.
Au vu de la présente étude, la « révolution du travail » souvent annoncée est encore loin d’être aboutie. Les réponses données mettent en évidence un pessimisme ambiant et un sentiment d’incertitude sur l’avenir : en effet si 58 % des Français actifs souhaiteraient voir leur rapport au travail changer, seuls 47 % pensent qu’une telle évolution aura réellement lieu dans les trois prochaines années.
De profondes inquiétudes sur les évolutions du monde du travail
La majorité des sondés semble particulièrement inquiète sur deux éléments :
- 47 % des sondés pensent que les changements à venir seront subis, imposés par les entreprises et les nouvelles contraintes pesant sur elles
- 64 % des Français actifs craignent un accroissement des inégalités qui pourrait en découler, en particulier en ce qui concerne les seniors qui seront considérés comme les « principales victimes », du fait des évolutions technologiques mais aussi de nouvelles pratiques managériales.
Quelles attentes identifiées ?
Les Français actifs ont privilégié les critères de choix suivants pour travailler dans une entreprise dans les trois prochaines années, par ordre de priorité :
- La rémunération (64 %)
- la qualité de vie et le bien-être au travail (47%)
- La situation géographique par rapport au lieu de résidence (31%)
- l’ambiance au travail (25%)
Ces données vont ainsi à l’encontre d’idées reçues, le salaire étant toujours le facteur déterminant pour accepter un emploi ou non. La possibilité de télétravailler arrive par ailleurs seulement en 5ème position (17%), même si ce faible intérêt est à relativiser car de nombreux métiers ne sont pas concernés de facto par le télétravail.
L’enseignement majeur est celui du « relatif désintérêt » des Français pour l’engagement social et environnemental des entreprises : ce critère n’arrive qu’en 9ème position, cité par 8% des sondés.
Cette priorité accordée à la rémunération doit être mise en perspective avec un autre volet du baromètre, consacré aux « préoccupations des Français dans la campagne présidentielle » : c’est en effet le pouvoir d’achat qui apparait comme la préoccupation principale des Français alors qu’au moment du sondage, les répercussions de la guerre en Ukraine ; notamment sur le coût de l’énergie n’étaient pas encore connues.
Quels défis les Français assignent-ils aux entreprises ?
De manière cohérente, le baromètre montre que les Français assignent aux entreprises des défis correspondants à leurs attentes :
- revalorisation des salaires (56%)
- répondre aux nouvelles attentes des salariés en matière de qualité de vie au travail (34%)
- faire face à la pénurie de main d’œuvre (33%)
- investir dans la formation (17%)
En revanche là encore, seuls 11 % des Français estiment que la responsabilité sociale représentera un défi majeur pour les entreprises d’ici 2025.
De la « Grande Démission » vers la « guerre des talents » ?
62 % des sondés estiment possible un phénomène de « Grande démission » en France, comme cela s’est produit aux Etats-Unis où des millions de travailleurs ont quitté leur emploi ces derniers mois.
Par ailleurs, 17 % de Français déclarent vouloir changer de travail et 10 % vouloir changer d’entreprise. La question est de savoir, outre cette intention affichée, combien seront-ils réellement à passer le cap, cette « grande émission » pouvant engendrer en conséquence une « guerre des talents » qui concernerait immanquablement le secteur de l’assurance.
François Miquet-Marty, Président de Viavoice et du Global Center for the Future, livre sa conclusion : « L’avenir du travail serait établi : réinvesti par le sens et par la liberté d’organisation, il serait à la fois plus impliquant et plus libre. Pourtant, les résultats de cette nouvelle livraison du Baromètre France2025 révèlent également de tout autres perspectives : en tête des critères de choix d’une entreprise sont cités le salaire et la qualité de vie et le bien-être au travail. Un avenir-Janus du travail donc, qui certes se réinvente, mais n’oublie pas non plus les fondamentaux. »
À noter que cette étude, réalisée entre le 18 et le 21 février, ne prend pas en compte le contexte géopolitique récent de la guerre Russie-Ukraine.