Le 21 février 2022, Eric Chenut, le Président de la Mutualité Française, était l’invité de Jean Massiet, streamer et vulgarisateur politique, sur sa chaîne Twitch. L’occasion de faire le point sur les grands enjeux de santé, de valoriser la prévention et de recenser les attentes du secteur mutualiste vis-à-vis des candidats à l’élection présidentielle. Morceaux choisis.
» La crise a montré le principal enjeu de la santé. Nous ne sommes pas bons en termes de culture de santé publique et de culture de prévention. Avant de réfléchir à la dépense de santé, nous devons nous demander comment rester en bonne santé, comment investir bien davantage sur la prévention, comment faire en sorte d’éviter la survenance d’un certain nombre de pathologies. A titre d’exemple, aujourd’hui, dans notre pays, nous dépensons moins de 2 % de la dépense de santé pour de la prévention, ce qui est très, très bas à l’échelle européenne. La prévention passe par notamment par le sport, la nourriture équilibrée. L’activité physique et sportive est essentielle. Nous avons réalisé une étude auprès des jeunes, pour déterminer s’ils se sentaient en bonne forme, en bonne santé. Nous n’obtenons pas du tout les mêmes résultats entre ceux qui pratiquent régulièrement du sport et ceux qui n’en pratiquent pas. Le sport est à la fois bon pour la santé physique et psychique. La pratique régulière du sport, plus d’une fois par semaine, permet d’aller beaucoup mieux à la fois dans sa tête et dans son corps. Aujourd’hui, dans notre pays, les causes majeures de mortalité sont les cancers et les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’hypertension artérielle, l’obésité… La pratique régulière d’une activité physique et sportive permet de réduire énormément ces risques. En 20 ans, nous avons multiplié par 2,5 le nombre de personnes porteuses de pathologies chroniques.
2,6 millions de personnes dépendantes en 2040
La question de la dépendance est également essentielle. Aujourd’hui, 1,2 million de personnes sont dépendantes. A l’horizon 2040, elles seront 2,6 millions, soit plus du double.
La prévention du maintien en autonomie est fondamentale. Plus nous allons aider les personnes de 65 ans et plus à rester en bonne santé, les personnes de 75 ans et plus à rester autonomes, mieux cela sera pour elles en termes de qualité de vie, de capacité à rester chez elles, car, généralement, c’est plutôt ce souhait qu’elles expriment plutôt que de se retrouver en résidence ou en EHPAD.
Pour celles et ceux dont l’état de santé requiert une prise en charge, à domicile ou en EHPAD, il faut consacrer les moyens indispensables pour que cette prise en charge soit de bonne qualité. Collectivement, nous avons une responsabilité. Cela fait quinze ans que, gouvernement après gouvernement, des annonces sont faites sur des lois Grand âge, sur le financement de la dépendance et que cela n’est pas fait. Les premiers gouvernements qui en ont parlé sont les gouvernements Fillon et Sarkozy. Cela a été également le cas avec Michèle Delaunay, François Hollande et Marisol Touraine.
13 millions de Français concernés par la santé mentale
Il convient aussi de prendre en considération la question de la santé mentale. Nous sommes confrontés à une problématique de stigmatisation. Là aussi, c’est culturel. Nous regardons la santé mentale de l’extérieur, un peu comme si celle-ci ne nous concernait pas. Or les pathologies de santé mentale sont des pathologies comme les autres. Elles ne sont ni plus graves, ni moins graves qu’une pathologie cardiovasculaire ou un cancer. Ce n’est pourtant pas le regard qu’a une partie nos concitoyens. Un des effets positifs de la crise sanitaire, c’est que nous avons parlé un peu plus de la santé mentale. Il est donc devenu un peu plus banal d’en parler.
En France, 13 millions de personnes sont concernées par la santé mentale, soit une personne sur cinq. Lorsque l’on parle de santé mentale, on pense souvent à des pathologies comme la schizophrénie, or celles-ci ne concernent qu’1 % de la population, soit 600 000 personnes. La santé mentale, c’est aussi la dépression, les troubles obsessionnels compulsifs, les troubles bipolaires, les addictions et beaucoup d’autres pathologies. A l’échelle d’une vie, une personne sur quatre sera concernée par la santé mentale. C’est donc considérable. »