Reclaim Finance et la quinzaine d’ONG partenaires de la campagne Insure our Future (1) ont révélé le 20 janvier, dans leur rapport, le rôle de plusieurs assureurs dans l’expansion pétro-gazière en Amazonie, une région qui abrite des écosystèmes particulièrement fragiles mais également très convoitée par le secteur du pétrole et du gaz. Les ONG appellent les assureurs à honorer leur mandat de gestionnaires du risque et à ne plus assurer de nouveaux projets d’hydrocarbures, en conformité avec les recommandations scientifiques et de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE).
Alors que les Nations Unies indiquent que la production de pétrole et de gaz doit baisser de 4 % et 3 % par an respectivement d’ici 2030 dans un scénario à +1,5°C (2), le Brésil prévoit de l’augmenter de près de 50 % d’ici 2026. Cette expansion menace le récif corallien du fleuve Amazone, un écosystème fragile qui abrite de nombreuses espèces en danger, ainsi que les populations autochtones, la communauté Quilombolas et les pêcheurs.
Le rapport, qui s’appuie sur des documents inédits, pointe notamment la forte responsabilité de Chubb, MAPFRE et Tokio Marine en tant que principaux assureurs de Petrobras, le 5e plus gros développeurs d’hydrocarbures au monde selon la Global Oil and Gas Exit List (GOGEL) L’entreprise pétrogazière nationale brésilienne, qui extrait 93 % du pétrole et gaz du pays, prévoit d’augmenter sa production de pétrole et de gaz de 500 000 barils équivalent pétrole par jour entre 2020 et 2024, passant de 2,8 à 3,3 millions de barils par jour (3). « Il est totalement absurde que des compagnies d’assurances internationales comme Chubb, MAPFRE, et Tokio Marine viennent soutenir l’industrie fossile au Brésil, responsable de l’extraction pétrolière dans l’une des régions les plus à risques de la planète » soutient Ilan Zugman, directeur Amérique Latine de 350.org, membre de la coalition Insure our Future.
Le rapport évoque également AXA qui, malgré de nouveaux engagements adoptés en novembre 2021, (4) peut toujours assurer de nouveaux projets d’hydrocarbures, y compris dans les zones très fragiles et riches en biodiversité comme ici dans le bassin Potiguar en Amazonie. Axa s’est pourtant engagé en tant que chef de file de la Net Zero Insurance Alliance (NZIA) à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. D’après l’Agence Internationale de l’Énergie, atteindre la neutralité carbone sur une trajectoire 1,5°C implique, dès maintenant, de ne plus soutenir l’expansion pétro-gazière. « Le fait qu’AXA puisse continuer à assurer les entreprises et projets pétro-gaziers dans une des zones les plus riches en biodiversité et vie marine démontre à quel point la politique actuelle d’AXA est loin de répondre aux impératifs climatiques et environnementaux. AXA doit choisir : assurer notre avenir ou celui de l’industrie pétro-gazière » souligne Louis-Maxence Delaporte, chargé de campagne à Reclaim Finance.
Source : communiqué de presse Reclaim Finance
(1).Insure our Future est une coalition internationale comprenant près d’une quinzaine d’ONG appelant les assureurs à arrêter leur soutien aux énergies fossiles.
(2). UNEP, The Production Gap, édition 2021.
(3).Agence internationale de l’énergie, Analysis and forecast to 2026, 2021.
(4) AXA Group Energy Policy Focus on the Oil and Gas industry, octobre 2021.