En 2025, malgré un contexte économique incertain et une baisse des taux réglementés, les ménages français réorientent leurs placements financiers vers l’assurance-vie et les dépôts à vue, révélant de nouveaux arbitrages économiques.
Selon la dernière étude du Groupe BPCE sur les placements des ménages français, l’année 2025 marque un changement notable dans leurs choix d’épargne. Malgré un taux d’épargne historiquement élevé à 18,2 % en 2024, le taux de placements financiers reste paradoxalement faible, en raison notamment des contraintes du marché immobilier et du crédit.
En effet, alors que les inquiétudes demeurent élevées concernant l’emploi, les retraites et les déséquilibres budgétaires, une légère amélioration du sentiment concernant le pouvoir d’achat se fait sentir. Toutefois, l’impact des tensions économiques passées reste présent, alimentant une forte aspiration à l’épargne de précaution chez les Français.
Cela s’explique par la baisse marquée des crédits immobiliers depuis 2023, poussant les ménages à utiliser davantage leurs épargnes pour financer l’achat immobilier et limiter leurs placements financiers. Ainsi, en dépit d’un rebond observé début 2025 (+7 Md€ en janvier-février), les placements restent inférieurs à la moyenne pré-pandémique.
La baisse récente des taux réglementés (livret A à 2,4 %, LEP à 3,5 %) accentue les arbitrages des ménages, favorisant l’assurance-vie et les dépôts à vue au détriment des comptes à terme (CAT) et des livrets réglementés. L’assurance-vie, particulièrement prisée pour ses unités de compte, connaît ainsi une collecte exceptionnelle (+10,3 Md€ début 2025), atteignant un niveau inédit depuis 2010 avec un encours dépassant désormais 2000 milliards d’euros.
Cette réorientation s’accentue particulièrement chez les 30-49 ans, sensibles aux incertitudes économiques et préoccupés par l’avenir de leur retraite. Ce groupe manifeste une nette préférence pour l’assurance-vie, jugée plus adaptée à leurs aspirations de sécurité à long terme. L’enquête souligne également leur vigilance accrue face à la potentielle hausse des impôts et une tendance plus marquée à l’épargne.
Sur le plan économique général, l’année 2025 pourrait connaître une croissance modérée du PIB (0,6 %), dans un contexte de tensions commerciales internationales et de faible inflation (estimée à 1,3%). Ces éléments maintiennent un taux d’épargne élevé malgré une stagnation prévisible des montants placés en excédents (estimés à environ 35,2 Md€).
Dans ce contexte, l’assurance-vie et les dépôts à vue devraient continuer à profiter de la prudence des ménages face à un environnement économique incertain et des taux réglementés en baisse constante. Cette tendance pourrait durablement transformer la composition des patrimoines financiers, marquant potentiellement la fin de l’âge d’or des comptes à terme au profit de supports jugés plus flexibles et sécurisés par les épargnants.