Le marché du deux-roues chute de 21 % au premier trimestre

L’assurance deux-roues est confrontée à un marché sous pression entre normes écologiques, baisse de la demande et évolution des usages.

Le premier trimestre 2025 confirme un retournement marqué du marché du deux-roues motorisé en France. D’après les données de l’Observatoire du deux-roues Solly AzarAAA Data, les immatriculations totales reculent de 21 % par rapport à la même période en 2024. Ce recul touche à la fois les ventes de véhicules neufs, en baisse de 22 %, et le marché de l’occasion, traditionnellement plus stable, qui perd 20 %. Une tendance qui interroge directement les professionnels de l’assurance sur les évolutions à venir des portefeuilles moto et cyclo.

La nouvelle norme Euro 5+, entrée en vigueur le 1er janvier, conjuguée aux politiques environnementales dans les zones à faibles émissions (ZFE), freine les achats de véhicules thermiques. Dans ce contexte, les usagers semblent temporiser, en attente de modèles plus conformes aux nouvelles exigences. Le marché du neuf accuse donc le coup, d’autant plus que les constructeurs ont anticipé l’arrivée de la norme en accélérant les immatriculations fin 2024, ce qui a mécaniquement amplifié la baisse du début d’année.

Le segment électrique d’occasion en léger rebond

Seule zone de résistance, le segment des deux-roues électriques d’occasion progresse (+12 % pour les cyclomoteurs et +25 % pour les motos), démontrant un intérêt croissant pour une mobilité plus durable et économique. Cette dynamique s’inscrit dans un contexte pourtant défavorable, marqué par la réduction des aides écologiques. Pour les assureurs spécialisés, cette tendance pourrait marquer une bascule vers des usages plus rationalisés, avec un impact direct sur les garanties proposées et les montants assurés.

Les véhicules les plus populaires en ce début d’année illustrent cette évolution : les motos neuves les plus vendues sont toutes positionnées sur le segment urbain ou polyvalent (Honda NSS125AD, Honda X-ADV750, BMW R1300GSAD), tandis que les motos d’occasion les plus échangées (Yamaha MT 07, Yamaha XMAX 125, Honda NSS125AD) confirment un intérêt persistant pour les valeurs sûres.

Des indicateurs socio-démographiques révélateurs d’une transition d’usage

L’analyse fine des données démographiques montre un recul généralisé, particulièrement fort chez les 26-55 ans (-19 %) et les seniors de plus de 56 ans (-24 %). Seuls les très jeunes usagers (14-17 ans) affichent une légère hausse (+4 %), signal faible d’une potentielle nouvelle génération motarde à suivre pour les professionnels de la prévention routière et de l’assurance.

Autre indicateur clé : la baisse touche davantage les communes rurales (-23 %) que les grandes métropoles comme Paris, Marseille ou Lyon (-14 %), révélant les limites de la stratégie de mobilité individuelle dans les zones les moins denses. Pour les assureurs, cette mutation appelle une refonte des offres locales, notamment autour de la mobilité partagée, de la location longue durée et des nouvelles formes de propriété.

Des impacts assurantiels à surveiller

Pour les acteurs de l’assurance, cette contraction du marché des deux-roues soulève plusieurs enjeux. D’un côté, une moindre rotation des véhicules se traduit par une réduction des souscriptions et du renouvellement des contrats. De l’autre, une pression accrue sur la sinistralité pourrait apparaître avec des véhicules plus anciens et potentiellement moins bien entretenus.

Cette dynamique impose aux compagnies une adaptation de leur tarification et une révision de leurs garanties en matière de prévoyance, d’assistance et de services annexes. Dans ce contexte, l’innovation devient un levier essentiel, qu’il s’agisse d’applications connectées, de produits à la carte ou de formules indexées à l’usage (pay as you ride).

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