Face à l’inflation, selon une récente enquête, un tiers des assurés renonce à déclarer certains dommages par crainte de voir leurs cotisations augmenter
La pression tarifaire modifie le comportement assurantiel des Français
Alors que les prix des assurances habitation et automobile connaissent des hausses respectives estimées entre 8 % et 12 % pour la multirisque habitation (MRH) et entre 4 % et 6 % pour l’auto, les assurés adoptent des stratégies d’adaptation.
Une étude récente réalisée par Poll&Roll pour la néo-assurance Leocare révèle que 30 % des Français préfèrent aujourd’hui ne pas déclarer certains sinistres. Ce choix n’est pas motivé par une volonté de fraude, mais par un calcul économique rationnel dans un contexte inflationniste.
L’assurance, censée protéger, deviendrait une source d’inquiétude budgétaire. Près d’un assuré sur deux arbitre désormais la déclaration d’un sinistre en fonction du rapport entre coût assumé personnellement et potentiel impact sur la prime annuelle. Ce renoncement, largement lié à la hausse généralisée des tarifs, soulève des enjeux majeurs pour l’équilibre des modèles.
Moins de fraude, mais plus d’omissions volontaires
Seuls 11 % des Français déclarent avoir déjà eu recours à des pratiques frauduleuses, notamment la production de fausses factures ou la déclaration post-sinistre. La majorité continue de respecter les règles, bien que la tentation d’exagérer les dommages déclarés gagne du terrain : 21 % des sondés affirment pouvoir y songer en cas de difficultés.
Cette forme d’autocensure se manifeste sur des sinistres dits “mineurs” mais qui, non traités, peuvent s’aggraver : impact de gravillon non signalé, infiltrations d’eau ignorées ou électroménager en panne non pris en charge.
Une expérience client encore trop dissuasive ?
Outre l’aspect financier, les démarches administratives représenteraient un frein de taille. Deux tiers des Français trouvent les processus déclaratifs complexes ou chronophages. Les délais de traitement et l’obligation d’interventions physiques supplémentaires pour l’indemnisation accentuent encore ce découragement.
Dans ce contexte, 66 % des assurés déclarent qu’ils signaleraient davantage de sinistres si ces derniers n’influençaient pas le prix de leur contrat.
Comme le souligne Christophe Dandois, cofondateur de Leocare, « un sinistre mineur non pris en charge peut vite devenir un problème majeur« . À court terme, les renoncements individuels peuvent sembler rationnels, mais ils fragilisent le principe de solidarité sur lequel repose le modèle assurantiel. La mutualisation des risques est compromise lorsque les petits sinistres s’accumulent en silence, générant à terme des coûts plus lourds, aussi bien pour les assurés que pour les compagnies.