Intelligence artificielle, nouvelle arme des cybercriminels

Si l’intelligence artificielle transforme les métiers et optimise les services, elle est aussi devenue un levier redoutable pour les cyberattaques. Une évolution à haut risque pour les entreprises, en particulier dans le secteur de l’assurance, où la sécurité des données est un pilier de la confiance.

L’IA accélère l’évolution des menaces cyber

Longtemps perçue comme un outil au service de l’innovation, l’intelligence artificielle (IA) s’impose désormais aussi comme un vecteur de menaces dans l’univers de la cybersécurité. Les experts s’accordent à dire que les attaquants adoptent l’IA à une vitesse supérieure à celle des entreprises elles-mêmes. Une asymétrie qui fragilise les organisations, y compris les acteurs de l’assurance, en première ligne face aux risques numériques.

Selon Jamal Basrire, expert en cyber intelligence chez PwC France et Maghreb, trois quarts des cyberattaques devraient impliquer l’IA dès l’année prochaine. Une estimation qui alerte l’ensemble de l’écosystème assurantiel, fortement exposé du fait de la quantité et de la sensibilité des données clients traitées.

Des attaques plus ciblées, plus crédibles, plus fréquentes

L’usage de l’IA par les cybercriminels ne se limite pas à l’automatisation. Elle leur permet également de produire des campagnes de phishing (hameçonnage) extrêmement sophistiquées, grâce à l’analyse de données massives et à la capacité d’imiter le ton et les habitudes des interlocuteurs légitimes. Pour les compagnies d’assurance, cela signifie des scénarios de fraude potentiellement plus efficaces et plus difficiles à détecter.

Le recours à la technologie du deepfake (hypertrucage) vient amplifier le danger. En superposant des voix ou images falsifiées à des contenus authentiques, ces techniques servent souvent à usurper l’identité de dirigeants d’entreprise pour déclencher des virements frauduleux. Ce type d’attaque, connu sous le nom de « fraude au président », représente un risque croissant pour les directions financières et les équipes comptables du secteur assurantiel.

Les malwares, attaques par déni de service (DDoS), et scripts automatisés bénéficient eux aussi des capacités de l’IA pour devenir plus rapides, plus fréquents et plus difficiles à enrayer. Un contexte qui impose une montée en puissance des outils de cybersécurité, mais aussi une refonte des processus métiers et des pratiques de gestion des risques.

Renforcer la résilience : un enjeu stratégique pour les assureurs

Face à ces menaces, les compagnies d’assurance n’ont d’autre choix que de renforcer leur stratégie de cyberdéfense. Cela passe d’abord par la sensibilisation des collaborateurs, première ligne de défense face aux emails piégés et aux comportements suspects. La mise en place de campagnes régulières de formation et de simulations d’attaques est aujourd’hui essentielle.

En parallèle, les investissements dans des outils de détection avancés, capables d’identifier les signaux faibles liés à l’IA malveillante, deviennent prioritaires. Ces outils s’inscrivent dans une démarche globale d’innovation, qui englobe également l’utilisation de l’IA défensive pour contrer les actions automatisées des hackers.

Le secteur peut aussi s’inspirer des standards en matière de gouvernance des données, développés dans les dispositifs réglementaires liés à la protection des données personnelles (RGPD) ou aux normes européennes de sécurité informatique. Une démarche proactive permet non seulement de sécuriser l’environnement numérique, mais aussi de conserver la confiance des assurés, dans un contexte où chaque faille peut se transformer en crise de réputation.

Un sujet critique pour les directions IT et métiers

Dans un monde où les cybermenaces s’intensifient grâce à l’IA, la collaboration entre les directions techniques et métiers est plus cruciale que jamais. Les DSI doivent intégrer la cybersécurité comme un pilier transversal de la stratégie d’innovation, tandis que les métiers – notamment ceux en lien avec les clients – doivent renforcer leurs réflexes face aux signaux d’alerte.

Pour les professionnels de l’assurance, il ne s’agit plus seulement de protéger leur propre organisation, mais aussi de mieux accompagner leurs assurés dans la prévention des risques numériques. Cette responsabilité passe par l’élargissement de l’offre de services, la pédagogie, et la capacité à innover de manière responsable.

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