Alors que des millions d’aidants français font face à des difficultés financières croissantes, la nécessité d’un nouveau modèle de soutien adapté à leurs besoins devient cruciale. Innovations et améliorations sont envisagées.
En France, entre 8 et 11 millions de personnes apportent quotidiennement leur aide à un proche dépendant, malade ou handicapé. Si leur engagement est indispensable, il génère néanmoins un coût élevé sur le plan financier et émotionnel, souvent mal reconnu et sous-estimé.
D’après le Baromètre « Aider et Travailler » réalisé par Tilia et Interfacia, plus d’un tiers des salariés aidants dépensent chaque mois entre 500 € et 1000 € pour leurs proches aidés. Ces coûts, associés à une réduction voire cessation de leur activité professionnelle, les exposent à un risque de précarisation croissant. À cela s’ajoute une inquiétude majeure : 6 travailleurs aidants sur 10 craignent l’impact négatif de leur situation sur leur retraite future.
Face à ce constat alarmant, Christine Lamidel, fondatrice de la start-up Tilia spécialisée dans l’accompagnement des aidants, estime nécessaire de repenser en profondeur les dispositifs existants. Selon elle, l’extension de l’Allocation Journalière du Proche Aidant (AJPA), entrée en vigueur le 1er janvier dernier, représente un pas positif. Désormais rechargeable pour accompagner jusqu’à quatre proches, elle répond en partie au phénomène de multi-aidance, situation de plus en plus courante dans laquelle les aidants doivent gérer simultanément les besoins de plusieurs proches.
Toutefois, Christine Lamidel souligne les limites persistantes de ce dispositif : durée limitée d’indemnisation, montant insuffisant pour compenser intégralement les pertes financières. Elle propose ainsi d’élargir les soutiens financiers existants, suggérant même l’instauration d’un revenu universel pour les aidants comme solution adaptée.
Pour répondre concrètement aux enjeux de la multi-aidance, Tilia développe une application intégrée permettant d’organiser efficacement le quotidien des aidants : agendas partagés, carnets de contacts, simulateurs d’aides financières, ainsi qu’un suivi en temps réel des services à domicile. Cette approche technologique se complète d’un accompagnement humain personnalisé via des conseillers sociaux et assistants personnels.
Le rôle des entreprises est également crucial dans l’accompagnement des salariés aidants. Selon le baromètre « Aider et Travailler », 40 % des responsables RH rencontrent des difficultés à prendre en compte cette problématique. Pourtant, le manque à gagner en cas de non-accompagnement est significatif, avec des coûts cachés estimés entre 24 et 31 milliards d’euros par an en France. La mise en place de politiques dédiées en entreprise pourrait améliorer sensiblement le bien-être des salariés aidants, réduisant absentéisme et renforçant leur engagement professionnel.
À l’horizon 2030, les aidants pourraient représenter jusqu’à 25 % des effectifs salariés, renforçant la nécessité d’une anticipation par les entreprises et les pouvoirs publics. Pour Christine Lamidel, « considérer ce phénomène comme anecdotique serait une grave erreur tout comme estimer pouvant être épargné au sein de son entreprise ! » Elle appelle ainsi à un dialogue renforcé entre les acteurs pour créer un environnement protecteur adapté à une population d’aidants grandissante et encore trop souvent invisible.
Voir ITW de Christine Lamidel pour Miroir social.