Face à une inquiétude croissante concernant les risques climatiques, près de deux tiers des Français expriment un besoin renforcé en protection. Entre solidarité et individualisation, le modèle assurantiel se réinvente.
Selon le dernier baromètre de l’Observatoire de la Protection Aéma Groupe réalisé par OpinionWay en décembre 2024, 31% des Français se sentent mal, voire très mal protégés en 2025.
Cette vulnérabilité est particulièrement prononcée parmi les moins aisés, avec 41% des personnes gagnant moins de 24 000 € par an se sentant peu protégés. L’étude, menée auprès de 3 002 personnes, révèle également une inquiétude persistante quant au pouvoir d’achat (38 %), suivi des conflits mondiaux et des enjeux sécuritaires (27 %).
Adrien Couret, directeur général d’Aéma Groupe, souligne ce contexte de fragilité sociale : « Il y a un vrai risque de voir émerger une “France à deux vitesses”, divisée entre celles et ceux qui auront les moyens d’être bien protégés et les autres. Cette crise de la protection pourrait bien évoluer en colère sociale, nourrie par un sentiment d’abandon et de nouvelles fractures territoriales, notamment dans les territoires les plus exposés aux sinistres climatiques. »
En effet, 58 % des Français déclarent se sentir davantage exposés aux risques climatiques, particulièrement les moins de 35 ans et les familles avec enfants (69 % chacun). Face à cette perception accrue des menaces climatiques, les attentes envers les acteurs de l’assurance sont fortes.
Parmi les propositions citées par les sondés, figurent des contrats d’assurance adaptés aux faibles risques climatiques (41 %), un accompagnement pour réduire leur vulnérabilité (37 %), ainsi qu’un soutien accru aux entreprises ou associations œuvrant pour la prévention climatique (24 %). Ce constat révèle une prise de conscience collective quant à la réalité économique liée au climat, où la mutualisation des coûts semble mise à l’épreuve par une tendance vers une individualisation des contrats.
« Se protéger coûtera plus cher, c’est un fait. Nous devons œuvrer à ce que ce coût demeure socialement acceptable pour tous, notamment face aux enjeux d’une “France à deux vitesses”. Le risque pour nos sociétés serait de remettre en cause le principe même de mutualisation des coûts, qui est la base de notre modèle assurantiel. La tentation de l’individualisation plane, mais elle ne fonctionne pas. Pour répondre à ces défis, l’assurance deviendra un garant de la solidarité nationale. » poursuit Adrien Couret.
Pour autant, une majorité (65 %) se dit ouverte à une augmentation des coûts d’assurance, dès lors que celle-ci est justifiée par des motifs tangibles comme la prise en charge des sinistres climatiques.
Pascal Michard, président d’Aéma Groupe, indique : « L’insécurité climatique s’impose comme une réalité grandissante, impactant particulièrement les plus vulnérables. En France, le coût de la sinistralité climatique a atteint en moyenne 6 milliards d’euros par an ces quatre dernières années, un niveau largement supérieur à celui de la décennie précédente. Face à l’intensification des événements climatiques, l’inquiétude des Français grandit, faisant naître de nouveaux besoins de protection. En tant qu’assureur mutualiste, nous avons la responsabilité d’aller au-delà de la seule réparation des dommages. L’aggravation des risques climatiques impose, à tous les niveaux, d’installer une culture de la prévention, essentielle pour assurer une protection durable pour tous. »
En matière d’innovation et d’investissement, le rapport révèle que 74 % des Français doutent de l’impact de leurs choix individuels d’épargne sur la transition environnementale. Dans le même temps, ils sont 78 % à juger essentiel que les institutions financières intègrent des critères environnementaux et sociaux dans leurs offres. Cet enjeu est particulièrement marqué chez les jeunes et les familles.
Face à ces défis, le classement des entités offrant le plus de protection aux Français reste le même que lors des quatre années précédentes : la famille et les proches en tête, suivis par les professionnels de santé, les institutions publiques, et les forces de l’ordre. Les assureurs se placent en cinquième position, se plaçant en premiers parmi les acteurs non gouvernementaux. Chez les assureurs, les mutualistes restent les acteurs les plus dignes de confiance selon 63 % des répondants, surpassant banques et assurances traditionnelles.