Éducation financière : sortir les jeunes du retard

Les adolescents français accusent un retard significatif dans leur compréhension des notions financières de base, selon une récente étude Discurv pour Pixpay. Une transformation des programmes scolaires semble incontournable.

Selon l’étude menée par Discurv pour Pixpay en février 2025, les adolescents français maîtrisent insuffisamment les concepts essentiels de la finance, malgré une exposition quotidienne à ces enjeux. Cette lacune, déjà préoccupante, est exacerbée par des disparités notables selon l’origine sociale et géographique des jeunes concernés.

Les résultats révèlent notamment que les enfants issus de familles aisées (CSP+) bénéficient généralement d’un meilleur bagage financier que leurs homologues issus de milieux socio-économiques moins favorisés (CSP-). Ainsi, 81 % des élèves provenant de foyers CSP- déclarent n’avoir jamais reçu d’information sur l’éducation financière à l’école, contre 73 % dans les familles CSP+.

L’étude met également en évidence des différences régionales importantes : seuls 12 % des jeunes Ligériens et 14 % des adolescents d’Auvergne-Rhône-Alpes ou d’Occitanie affirment avoir entendu parler d’éducation financière, contre 31 % des jeunes en Île-de-France. Concernant le phénomène du surendettement, 18 % des adolescents franciliens en sont conscients, contre seulement 4 % des adolescents vivant en région Centre-Val de Loire.

L’insuffisance de formation dans ce domaine est confirmée par un constat alarmant : 79 % des collégiens de 12 à 14 ans affirment ignorer l’existence d’une éducation financière scolaire, alors même que le dispositif « Passeport EducFi » a été généralisé dans les collèges depuis septembre 2024.

Les parents interrogés appellent à un renforcement significatif de cette éducation financière. Ainsi, 78 % souhaitent que le Passeport EducFi, aujourd’hui limité à 2 à 3 heures annuelles en classe de 4e, soit étendu et intensifié. Une majorité d’entre eux (44 %) privilégie une initiation dès la classe de 6e, tandis que 14 % souhaitent même la voir introduite dès le CM2. « Le plus tôt est le mieux » résume ainsi la tendance générale des réponses. Cette position est particulièrement marquée chez les mères, qui gèrent majoritairement l’argent de poche familial et sont donc directement confrontées aux limites de leurs enfants dans la gestion du budget quotidien. 58 % d’entre elles jugent le niveau d’éducation financière de leur enfant insuffisant, contre 49 % des pères.

Ces lacunes ont des conséquences réelles sur les capacités futures des adolescents à gérer leur argent. Selon l’étude, 60 % des jeunes de 10 à 18 ans ignorent la notion de surendettement, tandis que 76 % ne connaissent pas le « phishing », une fraude en ligne pourtant répandue.

Si les adolescents français manifestent une volonté claire de mieux maîtriser ces enjeux (86 % reconnaissant la nécessité d’apprendre à contrôler leurs dépenses), ils doivent souvent se tourner vers des ressources alternatives faute d’une offre scolaire adéquate. Ainsi, 69 % des jeunes imitent les pratiques financières de leur entourage familial, ce qui contribue à renforcer les inégalités déjà existantes. D’autres sources d’apprentissage informelles émergent : 33 % utilisent les applications bancaires, tandis que 15 % s’orientent vers des podcasts ou des vidéos en ligne.

Caroline Ménager, cofondatrice de Pixpay, insiste sur l’importance d’une prise de conscience collective : « Sans être catastrophique, la copie des adolescents Français est insuffisante. L’étude confirme nos inquiétudes et la nécessité de renforcer l’éducation financière dans les programmes scolaires. Ce que nous voulons pour nos enfants, ce n’est pas seulement l’autonomie financière, mais le bien-être économique, qui passe par une maîtrise avisée de l’argent. »

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