Selon le Baromètre ViveS 2025, la gestion financière dans les couples reste très genrée. Pour les femmes, davantage d’autonomie et une meilleure éducation financière apparaissent essentielles.
ViveS, média spécialisé dans l’accompagnement économique des femmes, publie la 4ème édition de son Baromètre consacré aux femmes et à l’argent, réalisé en partenariat avec Viavoice, BoursoBank et Natixis Wealth Management. L’édition de cette année met en lumière le thème du couple et de l’argent, révélant les perceptions différenciées entre hommes et femmes à l’égard de l’argent, ainsi que leurs conséquences pratiques dans les sphères professionnelles et personnelles.
Une relation à l’argent très genrée
L’étude souligne une nette différence dans les sentiments associés à l’argent. Là où 43 % des hommes associent spontanément l’argent à la notion de liberté, 39 % des femmes l’associent plutôt à l’angoisse. Cette différence met en lumière une appréhension spécifique chez les femmes qui s’exprime aussi clairement dans le cadre professionnel. En effet, seuls 33 % des femmes se sentent légitimes pour demander une augmentation de salaire, contre 50 % des hommes. L’écart se creuse davantage lorsqu’il s’agit de négocier son salaire lors d’un entretien d’embauche : seules 32 % des femmes s’y déclarent à l’aise, contre 53 % des hommes.
Le rapport à l’argent reste également marqué par l’âge. Ainsi, 55 % des Français considèrent encore l’argent comme un sujet délicat à aborder, cette perception s’intensifiant avec l’âge. Notablement, les jeunes de moins de 35 ans abordent le sujet avec davantage d’aisance. Cependant, si chez les 18-24 ans les femmes parlent plus facilement d’argent que les hommes (38 % contre 49 %), la tendance s’inverse dès 25 ans avec une majorité de femmes qui jugent le sujet délicat.
La prudence financière apparaît aussi clairement chez les femmes en matière d’investissements : seules 11 % déclarent investir en Bourse contre 23 % des hommes. Les femmes montrent également plus d’appréhension à perdre de l’argent, révélant une approche plus conservatrice en matière de gestion de patrimoine.
Comme le souligne Sibylle Le Maire, directrice exécutive de Bayard et fondatrice de ViveS Média : « Le Baromètre ViveS 2025 met en lumière les différences de gestion et de perception de l’argent entre les hommes et les femmes, qui traversent toutes les générations. Le couple reflète ces inégalités ancrées dans la société. Pour de nombreuses femmes, l’argent demeure une source d’angoisse, un domaine méconnu et perçu comme risqué, longtemps réservé à leur conjoint. »
Le couple et la reproduction de l’asymétrie financière
Au sein des couples, cette approche genrée de l’argent persiste. Dans 73 % des cas, l’homme perçoit les revenus les plus élevés, contre seulement 26 % pour l’inverse. Pourtant, cette situation n’engendre pas systématiquement des tensions. En effet, 84 % des femmes et 90 % des hommes ne considèrent pas l’écart de revenus comme une source de conflit. Toutefois, chez les plus jeunes, la question reste sensible : 27 % des hommes de 25 à 34 ans et 19 % des femmes de 18 à 34 ans estiment que la situation inverse, où la femme gagnerait davantage, pourrait générer des tensions.
Lorsqu’on leur demande quelles sont les principales sources de tensions financières dans leur couple sur l’année écoulée, les Français évoquent d’abord les dépenses considérées comme excessives (28 %), suivies par les dépenses imprévues (24 %), la perte de salaire de l’un des partenaires (16 %), et le remboursement de crédits (15 %).
Concernant l’organisation financière, les habitudes demeurent très différenciées : les hommes prennent généralement en charge les gros achats d’équipement (15 % contre 7 % des femmes), les placements financiers (25 % contre 7 % des femmes) et les acquisitions immobilières (12 % contre 7 % des femmes). À l’inverse, les dépenses courantes restent majoritairement assumées par les femmes (18 % contre 9 % des hommes). Cette répartition renforce des modèles traditionnels susceptibles de placer certaines femmes dans une dépendance financière.
En ce qui concerne la gestion des dépenses dans les couples, 36 % des personnes interrogées privilégient une répartition équitable à 50/50. 24 % choisissent de contribuer selon le revenu de chacun, 22 % décident selon le type de dépense, et dans 14 % des cas, une seule personne prend en charge toutes les dépenses.
L’enquête montre également qu’un quart des personnes en couple ne possède pas de compte bancaire personnel. Cette absence de compte personnel peut représenter un risque de violence économique, surtout pour les femmes. Par ailleurs, parmi les couples qui ont un ou plusieurs comptes communs, 36 % des partenaires maintiennent également un compte personnel chacun.
Un besoin d’éducation financière
Face à ces enjeux, l’éducation financière apparaît comme une innovation nécessaire mais encore sous-estimée. Pourtant, seulement 36 % des sondés manifestent un intérêt pour une formation en gestion financière, proportion paradoxalement plus élevée chez les hommes (40 %) que chez les femmes (34 %). En revanche, une majorité de femmes (60 %) souhaite mieux comprendre leur fiche de paie, notamment via des formations proposées par leur employeur.
Pour Audrey Koenig, directrice générale de Natixis Wealth Management, la clé réside dans la responsabilisation financière : « Parler d’argent sans filtre, montrer le champ des possibles et développer une culture financière est essentiel, notamment pour encourager l’esprit d’entreprise, et ce, en particulier chez les jeunes femmes. »
« BoursoBank, en tant qu’acteur leader dans le secteur bancaire, s’engage à renforcer l’éducation financière. Nos efforts visent à rendre l’information accessible et compréhensible, afin que chacun puisse prendre des décisions éclairées et gérer ses finances avec confiance. Nous croyons fermement que la pédagogie financière est la clé pour bâtir un avenir économique solide et inclusif. » conclut Benoit Grisoni, directeur général de Boursorama.