Avec un taux de pénétration de seulement 7 %, l’assurance en Afrique reste un marché sous-exploité. Pourtant, le continent connaît des transformations économiques et technologiques majeures qui poussent les assureurs à repenser leurs modèles.
L’essor de l’intelligence artificielle, la montée en puissance des insurtechs, l’émergence de la micro-assurance et de l’assurance islamique, ainsi que la nécessité d’une meilleure couverture des risques climatiques et cyber, redéfinissent les contours du secteur.
L’intelligence artificielle : un levier clé de transformation
L’intelligence artificielle (IA) révolutionne le secteur assurantiel africain en optimisant l’évaluation des sinistres et en accélérant les processus d’indemnisation. Elle permet aussi de lutter efficacement contre la fraude, un problème majeur pour les assureurs. Toutefois, l’absence de régulation dans de nombreux pays pose la question de la protection des données personnelles. Le Maroc, l’Égypte et le Kenya figurent parmi les rares pays à avoir mis en place une politique encadrant l’usage de l’IA dans l’assurance.
L’essor des insurtechs et la digitalisation
Les start-up spécialisées dans l’assurance digitale bouleversent le marché en facilitant l’accès aux produits d’assurance et en réduisant les coûts opérationnels. Des partenariats entre assureurs traditionnels et insurtechs se multiplient, comme le montre l’alliance entre Allianz et SanlamAllianz. Malgré une baisse des investissements en 2023, l’intérêt pour ces solutions reste fort, notamment au Nigeria, en Afrique du Sud et au Kenya.
La micro-assurance : une solution pour élargir la couverture
Face aux faibles revenus de nombreuses populations africaines, la micro-assurance s’impose comme un levier clé pour élargir l’accès à la protection financière. Grâce à des modèles de paiement flexibles et à des régulations incitatives, son adoption progresse, notamment au Kenya et au Nigeria. Toutefois, le manque de sensibilisation et les défis réglementaires freinent encore son expansion dans plusieurs pays du continent.
L’assurance islamique en pleine croissance
Avec la montée de la finance islamique, les produits conformes à la charia (takaful) gagnent du terrain. Le Nigeria enregistre une forte progression dans ce domaine avec une dizaine d’acteurs en activité. D’autres pays, comme le Kenya et la Tanzanie, commencent à structurer leur offre. Malgré un potentiel de croissance estimé à 14,6 % par an d’ici 2030, la complexité réglementaire demeure un frein.
L’assurance agricole face aux défis climatiques
L’Afrique est particulièrement vulnérable aux risques climatiques, ce qui pousse les assureurs à développer des solutions adaptées aux petits exploitants agricoles. Des initiatives comme le programme DRIVE de ZepRe, soutenu par la Banque mondiale, permettent d’offrir une protection contre la sécheresse aux éleveurs en Éthiopie, au Kenya et en Somalie. La Banque africaine de développement (BAD) joue également un rôle clé en finançant des dispositifs de protection contre les catastrophes naturelles.
La cyber-assurance : un marché en devenir
Avec la digitalisation croissante du secteur financier, les cyber-risques deviennent une menace majeure. Selon un rapport du Baromètre des risques d’Allianz, les cyberattaques et les interruptions d’activité sont les principales préoccupations des entreprises. Pourtant, la cyber-assurance reste encore peu développée en Afrique, notamment en raison du manque de transparence des entreprises victimes de ces attaques. Des efforts sont attendus pour structurer ce marché en pleine croissance.
Une transformation nécessaire pour un marché plus inclusif
L’assurance en Afrique est à un tournant. Si ces tendances sont porteuses de croissance et d’innovation, elles nécessitent une adaptation des régulations et une sensibilisation accrue des populations. La transformation numérique, combinée à des solutions accessibles comme la micro-assurance, pourrait être la clé d’une démocratisation du secteur. L’enjeu est de taille : assurer une meilleure protection financière pour tous et renforcer la résilience économique du continent.