Former aux métiers de demain pour une transition juste

La transition écologique transforme le monde du travail, mais un défi demeure : comment adapter les métiers sans creuser les inégalités ? Le guide de lOrse propose une approche méthodique pour accompagner cette mutation.

Les projections sur l’emploi sont claires : d’ici 2030, plus de 2,8 millions de personnes devront être formées en France pour répondre aux mutations écologiques, selon le Secrétariat général à la planification écologique. Pourtant, un constat s’impose : les analyses restent souvent au niveau macro et peinent à identifier précisément les compétences nécessaires par métier. Les entreprises, prises entre la nécessité d’anticiper et le manque d’outils concrets, avancent souvent à tâtons.

C’est là que l’Orse intervient. Son guide publié le 6 février dernier structure la démarche en trois axes : comprendre le contexte et les résistances, définir une méthodologie de formation adaptée et inscrire ces efforts dans une perspective de long terme.

Une transformation inévitable, une anticipation insuffisante

Selon Eurofound, 40 % des travailleurs européens seront directement touchés par la transition écologique. Certains métiers vont disparaître, d’autres devront évoluer rapidement. Pourtant, les entreprises n’ont pas de cartographie claire des compétences à acquérir et peinent à intégrer ce changement dans leur stratégie RH. Les plans de formation sont souvent réactifs et ponctuels, au lieu d’être pensés dans une logique d’anticipation, selon le guide de l’Orse, réalisé après deux ans de réflexions. Résultat : les salariés peuvent être ni formés ni accompagnés, ce qui accroît les risques de pénurie de talents et d’exclusion professionnelle.

Autre obstacle : les résistances internes. Le guide de l’Orse met en lumière un cloisonnement persistant entre fonctions RH et RSE. Tandis que les premières maîtrisent la formation, les secondes possèdent l’expertise en développement durable. Sans dialogue entre elles, la transition reste une ambition théorique.

Former vite… mais avec méthode

Créer une formation efficace prend plusieurs années, alors que les besoins sont immédiats. Ce décalage empêche les entreprises de s’adapter rapidement et risque d’aggraver les tensions sur le marché du travail. Aussi, les entreprises perçoivent encore la formation comme un coût. Pourtant, les études montrent que le coût de l’inaction climatique sera bien supérieur aux efforts de transformation. Le guide méthodologique de l’Orse propose une approche en trois étapes :

  • Cadrage du projet : définir les objectifs, identifier les compétences prioritaires, mobiliser une équipe projet RH-RSE.
  • Conception des formations : établir un programme adapté, choisir les modalités pédagogiques et anticiper les financements.
  • Déploiement et suivi : tester, ajuster, mesurer l’impact à chaud et à froid.

L’enjeu est de passer d’une vision réactive à une approche proactive, où la montée en compétences devient un élément central de la stratégie de transition écologique des entreprises.

Valoriser les compétences pour réussir la transition

L’Orse insiste sur l’importance d’inscrire les compétences RSE dans les référentiels métiers et les grilles salariales, tout en créant de véritables parcours d’évolution pour les métiers à impact. La reconnaissance en interne est essentielle pour encourager l’adoption de ces nouvelles expertises. Une piste émergente est celle de l’éco-conditionnalité dans les contrats d’affaires, qui permettrait de valoriser ces compétences et d’en faire un critère différenciant.

Mais sans pilotage rigoureux, la formation risque de rester superficielle. L’Orse recommande ainsi un suivi précis : une évaluation à chaud, juste après la formation, pour mesurer son efficacité immédiate, et une évaluation à froid, quelques mois plus tard, pour vérifier l’application réelle des compétences acquises. Sans cela, le risque est de multiplier les initiatives sans impact concret. 

Les entreprises qui sauront prendre ce virage dès maintenant, anticiper, structurer les efforts de formation et surtout lever les blocages internes qui freinent l’adaptation des entreprises seront celles qui façonneront l’économie de demain.

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