L’accès aux données financières est en passe de connaître une révolution avec le nouveau règlement Financial Data Access (FIDA), proposé par la Commission européenne le 28 juin 2023.
Dans la lignée de la directive sur les services de paiement (DSP2) et en lien avec la troisième directive sur les paiements (DSP3) ainsi que le règlement sur les services de paiement (RSP), ce dispositif vise à structurer l’Open Finance en facilitant l’utilisation et le partage des données bancaires, d’assurance et d’épargne.
L’Open Finance repose sur le principe que les données appartiennent aux citoyens. Ces derniers doivent pouvoir en tirer parti pour accéder à de nouveaux services financiers innovants et personnalisés. Avec l’intégration des données de crédit, d’épargne et d’assurance, FIDA ouvre un champ d’opportunités pour les assureurs et les fintechs, tout en favorisant une plus grande transparence et une meilleure gestion des finances personnelles.
Un levier de transformation pour le secteur de l’assurance
Le règlement FIDA est perçu comme un catalyseur pour l’innovation dans l’assurance. L’ouverture des données de contrats d’assurance, de sinistres et de cotisations permettra aux consommateurs de comparer plus facilement les offres et d’obtenir des solutions mieux adaptées à leurs besoins. Cette transformation réduit les asymétries d’information et facilite le changement d’assureur, notamment dans le cadre de la loi Hamon et de la loi Lemoine, qui simplifient la résiliation et la renégociation des contrats.
En donnant un accès plus large aux données, FIDA favorise l’émergence de services plus personnalisés. Par exemple, les assurés pourraient bénéficier de recommandations automatisées en fonction de leur profil de risques et de leurs habitudes de consommation. Cette personnalisation accrue renforce l’inclusion financière, en permettant à des populations jusque-là exclues des offres traditionnelles d’accéder à des contrats adaptés à leurs besoins et capacités financières.
Une meilleure prévention des risques et de la fraude
L’accès à des données plus détaillées permet aux assureurs d’affiner leur évaluation des risques. La prise en compte d’un historique plus large de données facilite l’identification des clients présentant des risques particuliers et la conception de contrats plus équitables. Cette amélioration est particulièrement pertinente dans l’assurance auto, la santé et la prévoyance, où l’analyse des données médicales et comportementales peut aider à mieux anticiper les besoins des assurés.
Par ailleurs, FIDA constitue un outil efficace pour lutter contre la fraude. En croisant différentes sources d’information, les assureurs pourront détecter plus rapidement les anomalies et comportements suspects, réduisant ainsi les fraudes aux sinistres et aux indemnisations. Cette démarche s’inscrit dans une tendance plus large de digitalisation et d’intelligence artificielle appliquée au secteur de l’assurance.
Une mise en œuvre concertée et équitable
France FinTech, en tant qu’organisation représentative des fintechs françaises, soutient pleinement le règlement FIDA et appelle à une mise en place rapide et harmonisée. Une application efficace du dispositif repose sur une concertation entre toutes les parties prenantes, incluant les assureurs, les banques, les fintechs et les instances réglementaires.
L’uniformisation des interfaces de programmation (API) et la mise en place de normes techniques communes sont essentielles pour garantir un accès équitable aux données. L’objectif est d’éviter les déséquilibres concurrentiels et de permettre à l’ensemble des acteurs d’innover sur un pied d’égalité.
France FinTech recommande une période de déploiement comprise entre 18 et 24 mois pour assurer une transition fluide et efficace vers ce nouveau cadre réglementaire. Il est crucial que cette mise en œuvre tienne compte des enjeux de cybersécurité et de protection des données personnelles, notamment en s’alignant sur les principes du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD).
Vers une finance plus ouverte et compétitive
L’introduction de FIDA s’inscrit dans une dynamique plus large de transformation du paysage financier européen. En renforçant l’interopérabilité des données et en favorisant l’émergence de nouveaux services, ce règlement contribue à une finance plus inclusive, transparente et compétitive.
Les consommateurs en seront les premiers bénéficiaires, grâce à une plus grande liberté de choix et à une personnalisation accrue des services financiers. Pour les assureurs, cette évolution représente un défi mais aussi une opportunité : celle de réinventer leur modèle et de proposer des solutions adaptées aux attentes d’une clientèle toujours plus exigeante et connectée.