Face à la montée des cyberattaques, à l’accélération du dérèglement climatique et à une instabilité économique et politique marquée, les assureurs doivent composer avec des risques plus nombreux et plus interconnectés.
Le secteur de l’assurance évolue dans un environnement de plus en plus incertain. Selon la Cartographie prospective 2025 publiée par France Assureurs, les risques s’intensifient et s’entrelacent, rendant leur anticipation plus complexe. En tête du classement, les cyberattaques et le dérèglement climatique affichent une sévérité et une fréquence élevées, avec un score moyen de 4,1 sur 5. À cela s’ajoutent les tensions économiques et sociales, l’instabilité politique, ainsi que les défis liés aux nouvelles technologies et aux changements réglementaires.
Le trio de tête : cyber, climat et économie sous pression
Dans un contexte marqué par des cyber-risques toujours plus sophistiqués, les attaques informatiques restent la première préoccupation des assureurs. En 2025, 94 % des dirigeants du secteur les considèrent comme un risque à court terme, en raison d’une explosion des attaques par rançongiciel et de la montée des menaces liées à l’IA générative.
Le dérèglement climatique, quant à lui, progresse en sévérité, rattrapant les cyberattaques au sommet du classement. L’année 2024 a été marquée par des catastrophes naturelles de grande ampleur, avec un coût global de 310 milliards de dollars, dont 135 milliards pris en charge par les assureurs. En Europe, les inondations ont représenté 10 milliards de dollars de pertes assurantielles, tandis que les tempêtes et sécheresses fragilisent de plus en plus l’équilibre du secteur.
L’environnement économique reste un défi majeur. L’inflation en recul a réduit la fréquence du risque, mais sa sévérité perçue augmente (+0,1 point). Les incertitudes politiques et les tensions commerciales, notamment après l’élection américaine de 2024, contribuent à maintenir ce risque à un niveau élevé (3,8).
Des risques politiques et sociaux en forte progression
L’instabilité politique gagne du terrain (+8 places dans le classement), portée par des crises institutionnelles en France et par des tensions géopolitiques accrues. Ce risque atteint désormais un score de 3,6. De même, les inégalités et tensions sociales, en hausse de 7 places, rejoignent le top 10 des préoccupations des assureurs. Ce risque est également classé parmi les cinq principales menaces pour la société française, après le climat, l’environnement économique et les cyberattaques.
Technologie et réglementation : opportunités et menaces
L’intelligence artificielle, perçue à la fois comme un levier d’innovation et un risque émergent, gagne 7 places pour entrer dans le top 10. L’enthousiasme des premières années laisse place à plus de prudence, notamment en raison des risques de fraude, de cybercriminalité et des défis éthiques posés par l’automatisation des décisions.
Parallèlement, le cadre réglementaire devient plus complexe. L’évolution rapide des normes, notamment sur l’IA et la finance durable, entraîne une hausse du risque de non-conformité et de sanctions (3,2). Les assureurs doivent ajuster leurs modèles pour anticiper ces changements tout en préservant leur rentabilité.
L’inassurabilité, un défi grandissant
L’inassurabilité fait son entrée dans la cartographie des risques, à la 14e place avec un score de 2,9. Ce phénomène, lié à la multiplication des catastrophes climatiques et à la concentration des risques, menace l’accès à l’assurance pour certaines populations et entreprises. Pour y remédier, le secteur mise sur des dispositifs de prévention et des partenariats public-privé afin de garantir une couverture viable à long terme.
Un secteur sous tension, une résilience à renforcer
Le rapport met en évidence un raccourcissement de l’horizon des risques : sept des dix principales menaces pour les assureurs sont désormais considérées comme des risques à court terme, contre quatre seulement en 2024. Ce basculement impose une adaptation rapide des stratégies et des efforts de plus grande envergure en matière de prévention.
Dans ce contexte, l’assurance ne se limite plus à une gestion des risques traditionnelle. L’interconnexion des menaces et leur amplification imposent aux assureurs de développer des approches plus dynamiques et résilientes, intégrant innovation technologique, anticipation réglementaire et coopération internationale.