Plus d’un adolescent français sur dix a déjà contracté une dette avant même d’atteindre la majorité. Ce constat, issu de l’étude réalisée par le Teenage Lab de Pixpay, souligne une tendance inquiétante qui révèle une relation complexe entre les jeunes et l’argent.
Que ce soit pour financer des achats impulsifs ou répondre à des besoins imprévus, ces dettes sont généralement contractées auprès de parents ou de proches.
Le phénomène met en évidence une réalité préoccupante : 54 % des adolescents de 10 à 18 ans demandent régulièrement des avances sur leur argent de poche, un chiffre qui grimpe à 67 % chez les 17 ans. Cette situation reflète une gestion budgétaire parfois précaire, où les dépenses dépassent souvent les ressources disponibles.
Une approche consumériste de l’argent
Les adolescents perçoivent l’argent comme une ressource précieuse, mais aussi comme un moyen d’expression sociale. L’achat de marques et de produits devient un marqueur identitaire, reléguant souvent l’épargne au second plan. Seuls 12,5 % des jeunes utilisent la fonctionnalité d’épargne de Pixpay, et le montant moyen économisé atteint à peine 115 euros. Cette approche privilégie la consommation immédiate plutôt que la gestion patrimoniale à long terme.
La situation est d’autant plus préoccupante que la culture financière reste limitée. Si l’éducation financière fait partie intégrante des programmes scolaires dans certains pays nordiques, la France peine encore à en faire un pilier de l’apprentissage des jeunes. Résultat : les adolescents issus de milieux plus favorisés sont moins exposés au surendettement, alors que ceux de milieux modestes sont plus souvent confrontés à des difficultés financières.
L’éducation financière, un levier indispensable
Face à cette situation, les parents ont un rôle clé à jouer. 57 % d’entre eux se disent préoccupés par l’avenir financier de leurs enfants, et 95 % considèrent qu’il est essentiel de leur transmettre des notions de gestion budgétaire. Pourtant, 62 % avouent ne jamais avoir abordé la question de l’endettement avec leurs enfants.
L’enjeu est d’autant plus crucial que la gestion financière s’apprend dès le plus jeune âge. Dans ce contexte, Pixpay propose des outils tels que le « coffre-fort rémunéré », permettant aux adolescents de se familiariser avec l’épargne grâce à un taux d’intérêt défini par leurs parents. De telles initiatives permettent d’accompagner les jeunes dans la maîtrise de leur budget et de prévenir les risques d’endettement excessif.
Une inégalité financière selon les régions
L’étude met également en lumière des disparités géographiques marquées. Les régions où l’argent de poche est le plus généreux sont aussi celles où les demandes d’avances sont les plus rares. Par exemple, seuls 33 % des jeunes Corses sollicitent un acompte, contre 80 % des jeunes du Centre-Val de Loire, où l’argent de poche est souvent moins élevé.
Ce constat souligne l’importance d’un accompagnement adapté à chaque milieu. L’éducation financière doit être accessible à tous, indépendamment du niveau de revenu familial, afin d’offrir aux jeunes les outils nécessaires pour gérer efficacement leur budget.
Vers une prise de conscience collective
L’endettement précoce des adolescents est un signal d’alerte pour les parents, les éducateurs et les institutions financières. L’accès facilité aux moyens de paiement numériques et l’influence des réseaux sociaux sur la consommation rendent d’autant plus nécessaire une sensibilisation accrue aux enjeux financiers.
« Il est essentiel de parler d’argent à nos enfants », souligne Caroline Ménager, cofondatrice de Pixpay. « En leur expliquant les risques de l’endettement, l’importance de l’épargne et les opportunités liées à l’investissement, nous leur donnons les clés pour gérer leur avenir financier sereinement. »
Dans ce contexte, l’éducation financière ne doit plus être une option, mais une priorité. L’implication conjointe des familles, des écoles et des acteurs bancaires est indispensable pour permettre aux jeunes générations d’acquérir des réflexes financiers sains et d’éviter les pièges de la surconsommation.