L’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (EIOPA) a annoncé une réévaluation des exigences de capital imposées aux assureurs afin de mieux refléter l’impact croissant des catastrophes naturelles en Europe.
Dans un contexte marqué par des événements climatiques de plus en plus destructeurs, cette mesure vise à garantir la stabilité du marché de l’assurance tout en assurant une meilleure protection des assurés face aux sinistres climatiques.
Selon une récente étude de Munich Re, les catastrophes naturelles en Europe ont causé 31 milliards de dollars de pertes en 2024, dont seulement 14 milliards de dollars étaient assurés. Parmi les sinistres les plus dévastateurs figurent les inondations en Espagne, en Allemagne et en Europe centrale, ainsi que des tempêtes et des épisodes de grêle particulièrement intenses.
Une révision des facteurs de risque pour plusieurs régions
L’étude menée par EIOPA sur une période de deux ans a permis d’identifier des facteurs de risque à ajuster pour plusieurs régions européennes. Parmi les principales recommandations figurent :
– Une augmentation des facteurs de risque d’inondation pour trois pays et l’ajout de sept nouvelles zones considérées comme vulnérables.
– Une révision à la hausse du risque de tempêtes pour l’Islande et plusieurs autres territoires.
– Une hausse des risques de grêle en Allemagne, en Belgique et au Luxembourg.
– L’inclusion possible d’autres périls climatiques tels que les incendies de forêt, les inondations côtières et les sécheresses.
EIOPA souligne que l’intensité et la fréquence de ces catastrophes ayant augmenté en raison du changement climatique, il devient impératif d’adapter les exigences de capital des assureurs pour mieux couvrir ces risques.
Un marché de l’assurance sous pression face au coût des sinistres
L’un des principaux défis du secteur de l’assurance en Europe reste le manque de couverture pour les catastrophes naturelles. Selon la Banque centrale européenne (BCE) et EIOPA, de nombreuses régions sont sous-assurées, rendant les gouvernements et les entreprises vulnérables aux pertes économiques majeures.
Face à ce constat, deux pistes ont été proposées :
- La mise en place d’un partenariat public-privé volontaire en matière de réassurance pour mieux mutualiser les risques.
- La création d’un fonds obligatoire au niveau européen pour financer la reconstruction après des catastrophes naturelles.
Entre 1981 et 2023, les catastrophes naturelles ont généré 900 milliards d’euros de pertes économiques directes dans l’Union européenne, dont 20 % des pertes enregistrées au cours des trois dernières années seulement.
Vers un cadre réglementaire plus strict pour les assureurs
L’EIOPA, mandatée pour revoir les paramètres de risque de catastrophe naturelle tous les cinq ans, a soumis sa dernière proposition à la Commission européenne, qui décidera de son adoption.
Si ces recommandations sont appliquées, elles pourraient avoir des conséquences majeures pour les assureurs, notamment :
- Une augmentation des exigences de capital, ce qui pourrait affecter la rentabilité des compagnies d’assurance.
- Une hausse des primes d’assurance, en raison du coût plus élevé du capital nécessaire pour couvrir ces risques.
- Une réduction de l’exposition des assureurs à certains marchés jugés trop risqués.
En revanche, ces ajustements permettraient d’accroître la résilience du secteur assurantiel, en garantissant que les compagnies disposent des fonds suffisants pour indemniser les assurés en cas de catastrophe climatique majeure.
Une adaptation nécessaire face au changement climatique
Avec l’Europe désignée comme le continent qui se réchauffe le plus rapidement, la multiplication des événements climatiques extrêmes impose aux acteurs du secteur assurantiel de s’adapter rapidement.
Ces nouvelles règles, bien qu’exigeantes, devraient permettre de mieux anticiper les chocs climatiques, d’assurer une meilleure répartition des risques et de renforcer la stabilité du marché de l’assurance en Europe.