Le phénomène du « grand détachement » reflète une tendance alarmante de désengagement professionnel. Ce terme désigne les salariés insatisfaits de leur situation professionnelle mais incapables de démissionner, en raison de contraintes économiques ou du contexte du marché de l’emploi.
Ce phénomène s’inscrit dans une continuité marquée par des concepts comme la Grande démission ou le « quiet quitting ».
Il met en lumière une prise de conscience accrue de l’importance de la santé mentale dans le monde du travail.
Une génération plus expressive sur la santé mentale
Bien que ce problème ne soit pas propre aux jeunes générations, les millennials et la génération Z en parlent plus ouvertement. Selon une étude réalisée en 2024 par Teale, plateforme spécialisée dans la prévention en santé mentale, 30 % des salariés français ont envisagé de quitter leur entreprise en raison de conditions affectant leur santé mentale. Prioriser ce sujet devient alors essentiel, non seulement pour répondre aux obligations légales de l’employeur mais également pour fidéliser et attirer des talents.
Les répercussions du grand détachement se manifestent à plusieurs niveaux : absentéisme, turn-over, et surtout perte de productivité. Selon Teale, le coût de l’absentéisme lié à la santé mentale atteint en moyenne 1 271 euros par salarié et par an. Quant au turn-over, il s’élève à 2 601 euros par collaborateur. Plus critique encore, la productivité en danger est évaluée à 14 000 euros par an et par salarié.
Construire des solutions efficaces pour les entreprises
Pour les responsables des ressources humaines (RH), il est crucial de prendre des mesures face à ce désengagement. La première étape consiste à évaluer le niveau d’engagement des collaborateurs par des enquêtes régulières. Ensuite, il est essentiel de mettre en place des outils adaptés, comme des plateformes digitales permettant d’accéder à des consultations avec des experts en santé mentale.
Les actions doivent également s’attaquer aux causes profondes du problème, qui incluent un manque d’alignement avec l’entreprise, une reconnaissance insuffisante, des relations managériales conflictuelles ou encore un déséquilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Des solutions systémiques sont nécessaires, impliquant des initiatives à tous les niveaux de l’organisation.
Vers une culture d’entreprise bienveillante et inclusive
Une approche efficace repose sur plusieurs axes :
- Engager les membres du comité exécutif dans une démarche proactive.
- Créer une culture d’entreprise axée sur la reconnaissance et l’autonomie.
- Former les managers à reconnaître les signaux liés aux troubles de santé mentale et à favoriser un environnement de travail sain.
- Mettre en place des programmes spécifiques pour la gestion du stress et le bien-être des salariés.
Des ambassadeurs en santé mentale peuvent aussi jouer un rôle clé en étant des interlocuteurs de confiance pour les salariés en difficulté. À titre individuel, proposer des formations sur la gestion du stress et des outils de soutien peut avoir un impact mesurable.
Une opportunité pour l’attractivité et la performance des entreprises
Traiter le « grand détachement » ne relève pas seulement d’une obligation morale ou légale, mais d’une stratégie gagnante pour l’entreprise. Les chiffres montrent que les salariés en bonne santé mentale sont 2,2 fois plus motivés et productifs que leurs collègues. Investir dans des initiatives en faveur de la santé mentale n’est donc pas un coût mais un levier de performance.
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