IA et les métiers de l’assurance : transformation en marche

Automatisation, nouvelles compétences et transformation des pratiques qui redessinent les contours des métiers,  l’IA redéfinit les métiers de l’assurance, mais la gestion du lien humain reste cruciale. 

Alors que l’intelligence artificielle s’impose comme un levier stratégique dans l’assurance, elle rebat les cartes des pratiques professionnelles, redéfinissant à la fois les compétences attendues et la manière de concevoir les relations au travail et les recrutements en 2025. Sous l’impulsion de l’Observatoire de l’évolution des métiers de l’assurance (OEMA), des experts ont dressé un panorama riche et nuancé des bouleversements à venir.

Automatisation, augmentation, création : des impacts pluriels

L’une des grandes contributions des chercheurs est de mettre en lumière « Les 3 effets de l’IA sur les métiers de l’assurance » : l’automatisation des tâches, l’augmentation des performances des collaborateurs et la création de nouvelles activités. Ces nouvelles technologies viennent aussi enrichir les compétences humaines des conseillers, à travers des applications innovantes de l’IA comme le feedback, en leur fournissant des retours constructifs sur leur approche commerciale grâce à une analyse poussée, comme le précise Michel Paillet, chargé de mission à l’OEMA, dans son intervention « L’IA au service de l’efficacité professionnelle ».

Parallèlement, en effet, l’intelligence artificielle joue un rôle clé dans l’amélioration des performances humaines, permettant aux équipes de gérer des tâches complexes avec une précision et une rapidité accrues. Des outils d’IA, déjà déployés dans certains services, ont démontré des gains significatifs de productivité – jusqu’à 20 % dans certains cas. Mais en facilitant le traitement des dossiers et l’analyse de données, elle rehausse les attentes en matière de rapidité et de précision.

Enfin, ces technologies ouvrent la voie à de nouvelles activités et à des rôles inédits, transformant les pratiques dans des métiers comme l’actuariat ou la gestion des sinistres, comme exposé par Axel Ramponi, Head of Customer Success France de Tractable, au cours de la conférence « Les métiers de l’assurance au seuil de l’IA » (retrouvez tout le programme de la conférence ici).

L’émergence de nouveaux métiers et de nouvelles dynamiques

Au-delà de l’optimisation des tâches existantes, l’IA génère de nouveaux métiers, créant ainsi des opportunités dans des domaines qui n’existaient pas auparavant. Les métiers de l’IA et de la data science se sont ainsi développés en réponse aux besoins croissants des entreprises du secteur pour exploiter les volumes massifs de données traités par les machines. Ces nouvelles professions, axées sur la gestion des algorithmes et la modélisation des risques, redéfinissent la place des experts en actuariat et en gestion des risques dans un environnement de plus en plus technologique. Pour un nombre important d’autres rôles dans l’entreprise également, d’après Bénédicte Crété-D’Ambricourt, DRH chez Groupama, il y aura aussi la nécessité de mettre en place des formations axées sur la prise de décision, plutôt que sur des compétences techniques isolées (“Transformation des métiers : l’IA en complément de l’humain”).

Cependant, cette évolution n’est pas sans défis. Dans les métiers de distribution, notamment, une inquiétude persiste. Les commerciaux s’interrogent sur la pérennité de leurs rôles face à l’automatisation des tâches de vente, qui pourrait rendre obsolètes certaines de leurs compétences traditionnelles. En réponse à ces préoccupations, des entreprises ont commencé à tester l’intégration de l’IA dans les processus de vente pour évaluer son impact sur la relation client. Ces tests montrent qu’il est crucial de maintenir un équilibre, à trouver, entre l’utilisation de l’IA et la préservation du contact humain, facteur clé dans la fidélisation des clients.

Le sens du travail à l’ère de l’IA : un défi pour les collaborateurs

Si l’IA représente un levier de compétitivité pour les entreprises, elle pose également un enjeu majeur en termes de sens au travail, comme le soulèvent Bénédicte Crété-D’Ambricourt et Francky Vincent, Président de la Fédération Assurances CFE-CGC. Les experts ont souligné pendant la conférence que l’IA, en segmentant les tâches et en automatisant certaines fonctions, risque de déshumaniser l’expérience de travail. Les collaborateurs, notamment dans des secteurs comme l’assurance, peuvent ressentir une perte de sens dans leurs fonctions, ce qui peut entraîner démotivation et désengagement.

Le défi réside alors dans la capacité des entreprises à maintenir une dimension humaine dans un environnement technologique. L’IA ne doit pas être perçue comme une simple automatisation des tâches, mais comme un moyen de valoriser le travail humain. Pour ce faire, les organisations doivent mettre en place des processus de concertation et de co-construction avec leurs collaborateurs. Les retours d’expérience et les échanges réguliers permettent d’adapter les outils d’IA aux besoins des employés, tout en préservant le lien social et la motivation, selon ces experts, dans un autre extrait. Le rôle des managers devient alors crucial, car ils doivent veiller à ce que la transformation numérique ne se fasse pas au détriment de la qualité de vie au travail.

L’accompagnement du changement : un impératif stratégique

Dans cette transition vers des métiers de plus en plus technologiques, l’accompagnement des collaborateurs reste une priorité, selon la DRH de Groupama dans son intervention au sein d’un entretien dédié au thème de “L’IA comme un outil au service du salarié et de l’entreprise”. En effet, pour que l’IA soit réellement bénéfique, les employés doivent se sentir soutenus et impliqués dans ce processus. Les formations doivent évoluer pour se concentrer sur des compétences transversales, telles que la prise de décision et l’analyse critique, et non uniquement sur l’acquisition de compétences techniques.

Les entreprises qui réussissent à combiner l’IA avec une gestion proactive des ressources humaines pourront non seulement améliorer leur productivité, mais aussi renforcer l’engagement et la satisfaction de leurs collaborateurs, d’après une autre table ronde de ces intervenants. L’intégration de l’IA ne doit pas être un processus imposé, mais une co-création qui prend en compte les besoins humains et les spécificités de chaque métier.

Par ailleurs, Francky Vincent, abordant un autre thème “IA et métiers : les opportunités et les inquiétudes” souligne que l’IA peut également être un enjeu de dialogue social : un dialogue constructif peut permettre d’aligner les intérêts des employés et des employeurs, favorisant ainsi une transition harmonieuse vers un environnement de travail plus technologique.

Un équilibre nécessaire entre la technologie et l’humain

L’IA dans le secteur de l’assurance ne doit pas être perçue uniquement comme un levier de rentabilité. Loin de là, son véritable potentiel réside dans sa capacité à compléter l’humain, à libérer du temps pour des tâches à plus forte valeur ajoutée et à créer de nouveaux rôles, mais aussi en permettant à chaque recruteur de faire de la personnalité, de l’empathie et de la créativité de ses collaborateurs un avantage compétitif.

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