Les étudiants proches aidants au Québec : un rôle crucial

Une récente étude menée par l’Université du Québec en Outaouais (UQO) met en lumière une réalité souvent ignorée : 21 % des étudiants post-secondaires au Québec jouent le rôle de proches aidants.

Un chiffre qui révèle l’importance de cette population souvent invisible dans le paysage social et académique. Ces jeunes, qui soutiennent généralement un parent confronté à des troubles de santé mentale, des maladies physiques ou des handicaps, endossent des responsabilités lourdes, avec un impact notable sur leur bien-être et leur parcours académique.

Un engagement précoce et une diversité de tâches

Selon l’étude, le rôle de proche aidant peut commencer dès l’âge de 10 ans, voire parfois dès 5 ans. Les responsabilités s’intensifient avec le temps, et certains jeunes rapportent plus de dix années d’expérience dans ce rôle. Leur aide se manifeste à travers des tâches variées : gestion des courses, préparation des repas, soutien émotionnel ou encore aide financière. Environ un tiers des aidants consacre entre 11 et 20 heures par semaine à ces activités, un investissement pouvant grimper jusqu’à 50 heures hebdomadaires dans les cas les plus extrêmes.

Les défis académiques et de santé des jeunes aidants

Les responsabilités des proches aidants ont un impact direct sur leur réussite scolaire et leur santé mentale. Beaucoup peinent à concilier études et responsabilités familiales, ce qui les pousse parfois à interrompre leur parcours académique. Les étudiants aidants sont également plus exposés à l’anxiété, à la dépression et à des problèmes de santé physique tels que des douleurs chroniques. Plus ces responsabilités commencent tôt, plus les risques pour la santé augmentent.

Cette double charge, académique et personnelle, met également en évidence des lacunes dans le système de soutien. Les étudiants sondés ont exprimé le besoin d’un meilleur accès aux services pour leurs proches et de mesures d’accommodement au sein des institutions scolaires, telles que des délais supplémentaires pour les travaux ou des horaires flexibles.

La difficulté de s’identifier comme proche aidant

Une grande partie de ces jeunes aidants reste invisible aux yeux du système. Comme l’explique Aude Villatte, chercheuse à l’Université de Toulouse Jean Jaurès, les jeunes peinent souvent à se reconnaître comme proches aidants. La crainte des jugements ou des interventions extérieures sur leur cellule familiale freine leur capacité à demander de l’aide. Cette invisibilité rend difficile la mise en place de soutiens adaptés.

Pour surmonter cet obstacle, les chercheurs de l’UQO et leurs partenaires ont développé des outils pour identifier les jeunes aidants, notamment dans les écoles primaires. Ces outils visent à sensibiliser les éducateurs et le personnel scolaire pour qu’ils puissent repérer les premiers signes et offrir un soutien précoce.

Améliorer les conditions des jeunes aidants : une priorité

L’étude souligne l’importance de renforcer les services de soutien pour les proches aidés. Les jeunes aidants ont indiqué que des aides supplémentaires en santé mentale et des programmes de soutien pour leurs proches pourraient alléger leur charge. Des initiatives pour accroître la flexibilité dans les écoles et universités seraient également bénéfiques pour permettre à ces jeunes de mener à bien leurs études sans sacrifier leur santé.

Ces résultats appellent à une prise de conscience collective et à des actions concrètes pour soutenir cette population vulnérable. Le rôle des institutions éducatives, des employeurs et des décideurs publics sera crucial pour répondre aux besoins spécifiques des jeunes proches aidants.

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