Alors qu’une hausse de 6 % en moyenne des mutuelles complémentaires est prévue, la Macif, par la voix de son directeur général Jean-Philippe Dogneton, évoque un équilibre financier fragile, face à l’essor des charges et des besoins.
La Mutualité française prévoit une nouvelle augmentation des tarifs de complémentaire santé en 2025, de l’ordre de 6 % en moyenne. Cette hausse survient après deux années déjà marquées par des progressions notables, avec +4,7 % en 2023 puis +8,1 % en 2024. Au micro de France Info, Jean-Philippe Dogneton, directeur général de la Macif, explique qu’elle est inévitable en raison de la croissance continue du volume et du coût des soins : vieillissement de la population, hausse des prix des médicaments ou encore majoration des prestations. Face à ces défis, il insiste : « Les mutuelles complémentaires, aujourd’hui, sont à peine à l’équilibre, voire en déficit. »
Cette situation financière complexe découle également de transferts de charges progressifs vers les mutuelles. Alors que le gouvernement avait annoncé de possibles augmentations du ticket modérateur, le Premier ministre François Bayrou est finalement revenu sur cette mesure lors de son discours de politique générale. Les organismes complémentaires, qui avaient déjà budgété une part de ces transferts, se retrouvent face à une politique de santé jugée peu stable par Jean-Philippe Dogneton : « Huit ministres en huit ans. Un coup on transfère, un coup on transfère moins, un coup on fait de la grande Sécu, un coup on revient en arrière. » Pour la Macif, les tarifs augmentent d’environ 4 % en ce début d’année, soit un niveau inférieur à la moyenne nationale. L’objectif affiché reste la maîtrise des cotisations afin de préserver au mieux le pouvoir d’achat des assurés.
Concernant la possibilité d’une taxe supplémentaire sur le secteur, évoquée par la ministre de la Santé Catherine Vautrin, l’incertitude demeure. Les mutuelles, déjà soumises à plusieurs prélèvements spécifiques, redoutent de voir leurs adhérents impactés par une nouvelle contribution. Le dirigeant de la Macif rappelle que ces taxes représentent environ « deux mois [du] contrat de santé individuel » et souligne qu’en rajouter davantage risquerait de fragiliser encore l’accessibilité aux soins. « On peut toujours imaginer d’en rajouter. Mais si on considère que la santé est un besoin élémentaire et un besoin premier, on verrait plutôt un ordre décroissant, une taxe plus faible. »
Jean-Philippe Dogneton plaide pour une visibilité de long terme, indispensable à l’anticipation des dépenses de santé. Les mutuelles souhaitent également mettre l’accent sur l’innovation, qu’il s’agisse de nouveaux services numériques ou de solutions adaptées à l’évolution des besoins médicaux et sociaux. L’ensemble de ces pistes vise à maintenir l’équilibre financier, tout en poursuivant la mission première de solidarité.