Assurance et climat : la Californie face à la crise

Les récentes catastrophes naturelles en Californie révèlent les fragilités du système d’assurance face aux bouleversements climatiques. Après des incendies ravageurs à Los Angeles, la situation des sinistrés est incertaine pour nombre d’entre eux.

L’ampleur des incendies qui ont récemment frappé Los Angeles a laissé derrière eux des quartiers entiers réduits en cendres. Si le choc de la catastrophe reste vif dans les mémoires, une nouvelle inquiétude émerge : celle de savoir si les assurances pourront ou voudront couvrir les pertes subies.

En effet, les grandes compagnies d’assurances, déjà réticentes à couvrir les zones les plus exposées, ont progressivement limité ou suspendu leurs offres dans l’État au cours des dernières années. La situation est particulièrement critique dans des quartiers comme Pacific Palisades, durement touché par les flammes. Un certain nombre de contrats ont été suspendus il y a quelques mois, et malgré les efforts des habitants pour trouver une nouvelle couverture, certains n’ont pas eu cette chance, et aujourd’hui ils n’ont d’autre choix que de se reloger chez des voisins. Cette tendance s’inscrit dans un contexte où la Californie est désormais perçue comme une zone à haut risque, en raison de feux récurrents, de tempêtes hivernales de plus en plus dévastatrices, mais aussi du risque permanent de tremblement de terre.

La Californie, troisième État américain le plus exposé aux catastrophes naturelles, derrière la Floride et le Texas, devient ainsi de moins en moins rentable pour les compagnies d’assurances et désertent le marché. L’année 2023, la plus chaude jamais enregistrée avec 1,1 degré selon le rapport du GIEC, a ainsi fait grimper les primes d’assurance dans tout le pays, sans oublier d’autres continents. 

Dans ce climat d’incertitude, les autorités californiennes ont récemment pris des mesures exceptionnelles pour protéger les assurés, en interdisant pendant un an l’annulation des contrats. Cette décision vise à permettre aux habitants d’amorcer leur reconstruction, sans craindre de se retrouver sans couverture.

Pourtant, ces efforts sont loin de suffire. Le fossé de protection des assurances aux États-Unis est estimé à 42 %, selon Swiss Re. Cela signifie qu’une grande partie des pertes dues aux catastrophes naturelles reste non couverte, fragilisant encore davantage les économies locales et nationales. Toujours selon le réassureur, les incendies de Los Angeles pourraient ainsi coûter plus de 20 milliards de dollars aux compagnies d’assurances américaines, un montant qui s’ajoute aux coûts encore plus importants des ouragans Helen et Milton de l’automne dernier.

Ces catastrophes deviennent plus fréquentes et plus sévères en raison du changement climatique. Dans le lourd défi de la gestion de crise, les autorités tentent de gagner du temps à court terme, pendant que d’autres responsables façonnent un avenir que l’on peut déjà prédire, et les assureurs deviennent les premières entreprises déplacées climatiques, quand chacun sait mais se demande : à qui mère nature ?

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