Assurance et climat : AXA repense la couverture des risques

Face à la hausse des catastrophes naturelles, AXA insiste sur la nécessité d’une collaboration entre les acteurs publics et privés. Dans cette optique, la compagnie revoit sa stratégie et ses investissements pour répondre à l’urgence climatique.

La multiplication des sinistres liés au dérèglement climatique amène les compagnies d’assurance à revisiter leurs stratégies. Chez AXA, le président Antoine Gosset-Grainville souligne la nécessité de protéger les clients face à des risques croissants. Selon lui, « le dérèglement climatique est désormais indéniablement un enjeu existentiel sans équivalent dans notre Histoire ». Dans ce contexte, AXA se veut un soutien actif à la transition, à travers des politiques de prévention, d’accompagnement et d’adaptation aux conséquences du réchauffement climatique.

Au-delà de l’indemnisation, l’enjeu réside dans la prévention. AXA propose, par exemple, une « garantie verte » finançant la rénovation énergétique après un sinistre. L’offre intègre aussi un accompagnement pédagogique via la AXA Climate School et des audits sur site. « La gestion des risques, c’est le métier des assureurs, et la protection face au risque climatique est au cœur de notre stratégie », rappelle Antoine Gosset-Grainville.

L’effort du groupe s’exprime également dans ses choix d’investissement. De 2019 à 2023, AXA a affecté 30 milliards d’euros à la transition énergétique, et ambitionne 5 milliards annuels de 2024 à 2026. En parallèle, il vise une réduction de 50 % de l’empreinte carbone de ses propres opérations d’ici 2030. 

Des ONG jugent néanmoins la politique d’AXA insuffisante, critiquant la lenteur du retrait des énergies fossiles. Antoine Gosset-Grainville leur répond : « Je comprends l’impatience. Nous avons pris des engagements forts en ne fournissant plus de polices d’assurance pour des nouveaux projets pétroliers depuis le 1er septembre 2024 ou pour des nouveaux projets gaziers à partir du 1er septembre 2025. Nos investissements dans les énergies fossiles représentent à peine 1,5 % de notre portefeuille ».

L’entreprise a aussi quitté l’Alliance des assureurs pour le climat (NZIA) en 2023, une structure créée pour établir des standards communs. Les accusations d’entente et les risques juridiques ont accéléré cette décision. « Cette sortie ne nous a toutefois pas conduits à réduire nos actions climatiques, au contraire », souligne Antoine Gosset-Grainville. 

L’entreprise salue la stratégie ambitieuse de l’Union européenne mais craint un décalage par rapport aux autres régions. « Il faut que les décideurs européens fassent preuve de pragmatisme, de souplesse et de bon sens », déclare son président. Selon lui, des dispositifs tels que la directive CSRD imposent des obligations exigeantes, utiles pour la transparence, mais parfois lourdes à mettre en œuvre.

D’autre part, le groupe s’implique aussi dans l’Insurance Development Forum, visant à soutenir les pays émergents. Un fonds commun finance des infrastructures vertes, tandis qu’une quinzaine de marchés bénéficient de formules d’assurance inclusives. AXA se défend de donner « des leçons », privilégiant un appui concret pour aider les populations les plus vulnérables.

Interrogé sur un scénario de +4 °C, Antoine Gosset-Grainville juge ce climat encore assurable si une prévention renforcée est mise en place. « Jusqu’en 2020, une année sur dix, les dégâts provoqués par les catastrophes naturelles excédaient les 100 milliards de dollars au niveau global. Depuis 2020, on dépasse ce seuil chaque année. » L’entreprise mise sur de nouveaux modèles de couverture combinant initiative privée et appui public.

À cet égard, le régime français des catastrophes naturelles est cité comme référence, alliant mutualisation des risques et garantie étatique. Plusieurs pays européens étudient la création de mécanismes similaires, permettant de maintenir des primes abordables sans surcharger les dépenses publiques. Le fonds spécifique est financé par une cotisation additionnelle prélevée sur les contrats d’assurance.

La perspective d’une politique climatique moins affirmée aux États-Unis, notamment après l’élection de Donald Trump, reste une source d’interrogation. AXA mise sur le dialogue international et les instances de gouvernance comme les COP pour aligner les positions. « Dans le monde de l’assurance, les Européens, et AXA en particulier, sont à la pointe du combat », assure son président, évoquant aussi la forte implication des acteurs japonais.

Au final, AXA souligne que les défis du réchauffement appellent une innovation constante et une coopération internationale. Les compagnies d’assurance, les gouvernements et les entreprises ont tout intérêt à unir leurs efforts pour élaborer des solutions viables à long terme. L’objectif est de préserver un système dans lequel les risques climatiques demeurent assurables, tout en limitant au maximum les dégâts pour les générations futures.

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