Charge mentale : un poids lourd pour les femmes actives

Un premier baromètre réalisé par l’Ifop révèle l’ampleur de la charge mentale subie par les femmes salariées, entre vie professionnelle et personnelle.

Le premier baromètre de la charge mentale des femmes salariées, conduit par l’Ifop pour News RSE, en partenariat avec BpiFranceLa Maison Bleue et MGEN met en lumière une réalité préoccupante. Malgré une satisfaction exprimée par une majorité des répondantes quant à leur vie professionnelle et personnelle, 71 % déclarent ressentir une charge mentale élevée et appellent largement leur employeur à prendre en compte cet état de fait. Celui-ci, défini comme le poids constant des responsabilités liées à l’organisation des tâches domestiques et professionnelles, impacte profondément leur quotidien.

Dans le détail, plus de la moitié des femmes interrogées se disent stressées ou angoissées au quotidien, et 41 % estiment être dépassées. Cette surcharge est vraie pour toutes les catégories professionnelles mais est particulièrement marquée chez les cadres et professions intellectuelles supérieures, comme celles percevant plus de 2 500 euros par mois (79 %), les femmes occupant des fonctions d’encadrement (84 %). 

Une imbrication entre vie personnelle et professionnelle

L’étude met en avant une interaction étroite entre charge mentale personnelle et professionnelle : 66 % des femmes déclarent que leur travail affecte leur vie personnelle, tandis que 53 % observent l’effet inverse. La gestion quotidienne du foyer, comprenant l’éducation des enfants, l’organisation des tâches ménagères et le suivi du bien-être familial, repose majoritairement sur les femmes, ce qui illustre une inégalité qui dure encore dans la répartition des responsabilités.

Cette pression se reflète aussi dans le rapport au travail. Près de 46 % des femmes interrogées sont insatisfaites de leur rémunération, environ la même proportion estime que leur travail n’est pas reconnu à sa juste valeur, quand 48 % déclarent ressentir du stress lié à leurs responsabilités professionnelles. Cette charge cumulée entraîne des répercussions sur leur santé, avec 49 % signalant des troubles du sommeil.

Un appel à l’implication des employeurs

Les résultats du baromètre soulignent une forte attente à l’égard des entreprises : 81 % des femmes estiment que les employeurs devraient mieux prendre en compte leur situation personnelle et proposer des solutions concrètes pour réduire leur charge mentale. Parmi les mesures évoquées figurent des dispositifs de soutien à la parentalité, des aménagements du temps de travail et des programmes favorisant la santé mentale

Des constats unanimes

Nora Barsali, fondatrice de News RSE, souligne que ce baromètre permet, pour la première fois, de mesurer concrètement l’impact de la charge mentale sur les femmes actives. Les partenaires du projet, dont Bpifrance, La Maison Bleue et MGEN, partagent ce constat et mettent en avant des actions à développer, en insistant sur l’importance de mieux comprendre ces enjeux, et de mettre en place des solutions adaptées.

« Les femmes subissent une charge mentale élevée dans la sphère professionnelle et personnelle car elles prennent en charge majoritairement le collectif, au travail comme dans le foyer. Cette injonction sociétale se fait au détriment de leur vie professionnelle, de leur temps libre et de leur bien-être et donc au bénéfice de la société et des hommes. La charge mentale et la prise en charge du bien-être collectif participent du travail invisible et/ou non valorisé des femmes. » (…) 

« Face à l’ampleur des causes et des conséquences de la charge mentale, perçue comme une fatalité, les femmes aspirent au mieux à un changement sociétal, au pire à un changement radical de vie allant jusqu’à cesser de travailler, changer de conjoint, ou rester célibataire. Des non-choix qui s’apparentent à un renoncement à l’autonomie financière, à la vie familiale ou à l’épanouissement personnel d’une relation affective. »

« Finalement la charge mentale des femmes actives ne serait-elle pas la partie émergée de l’iceberg des inégalités femmes-hommes qui demeurent encore bien ancrée dans notre société ? », conclu Nora Barsali.

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