La multiplication des incendies en Californie bouleverse le marché des assurances, révélant les limites face aux enjeux climatiques croissants.
Les flammes ravageant Los Angeles et ses environs témoignent d’une réalité implacable : l’escalade des catastrophes climatiques redessine les contours économiques et sociaux de régions entières. Alors que la Californie subit les incendies les plus destructeurs de son histoire, dont les pertes économiques sont évaluées à plus de 250 milliards de dollars selon AccuWeather, les compagnies d’assurance s’adaptent, en augmentant leurs primes ou parfois, en se retirant des zones les plus à risque face aux incendies et aux sécheresses.
Une crise alimentée par des incendies record
Les incendies récents, touchant notamment les quartiers huppés de Pacific Palisades et Malibu, battent des records en termes de coûts et de dégâts. En seulement quelques jours, les estimations des dommages assurés ont bondi à 20 milliards de dollars selon J.P. Morgan (au 9 janvier), tandis que le montant total des destructions a largement dépassé celui des incendies dévastateurs de Tubbs (2017) et Camp (2018) en Californie.
La valeur des propriétés accentue ces pertes : dans des zones où les maisons valent en moyenne 3 millions de dollars, plus de 10 000 bâtiments ont été détruits en une semaine. Cette fragilité face à des événements climatiques extrêmes expose un modèle économique sous pression, où le coût des dégâts atteint désormais des échelles qui étaient auparavant associées aux ouragans, et met en cause l’assurabilité des habitants de ces régions.
L’exode des assureurs et ses conséquences
Ainsi, face à ces risques, les compagnies d’assurance se replient. En 2019, selon le New York Times, plus de 100 000 Californiens ont vu leurs contrats résiliés, notamment dans des zones comme Palisades, identifiées comme particulièrement vulnérables. Dans un rapport publié début janvier, des chercheurs de Freddie Mac et de la société SSRN ont démontré le lien de cet « exode des assureurs » avec l’incendie Camp, résultant d’une volonté de limiter les pertes dans un contexte où les catastrophes climatiques s’intensifient et où il devient plus difficile de les absorber.
Pour répondre à cette crise, l’État californien a renforcé le programme California FAIR Plan, conçu à l’origine comme une solution temporaire. Aujourd’hui, ce système public d’assurance couvre plus de 450 milliards de dollars de risques, une hausse exponentielle depuis 2018. Mais cette dépendance croissante à des mécanismes publics, qui coûte aussi plus cher aux assurés, soulève des questions sur la viabilité de ce modèle.
Vers une refonte du système assurantiel
Le commissaire aux assurances de Californie, Ricardo Lara, tente d’inverser la tendance en autorisant des hausses de primes et en limitant les exclusions géographiques, une réforme destinée à réintégrer l’assurance sur le marché. Cependant, ces mesures risquent de rendre l’assurance moins accessible pour de nombreux propriétaires, déjà confrontés à des pertes économiques considérables. Et si des réformes émergent, elles ne suffiront pas à répondre à l’urgence sans une stratégie globale, mêlant adaptation économique et transition écologique. Pour les Californiens, les primes élevées ne sont que le reflet d’un coût plus large : celui d’un monde en mutation face au changement climatique.