Les réformes récentes de l’allocation journalière du proche aidant (AJPA) élargissent les aides, mais la reconnaissance concrète des aidants reste limitée.
En décembre dernier, lors de la réunion du comité de suivi de la stratégie « Agir pour les aidants 2023-2027 », instaurée par le gouvernement, des progrès notables ont été dévoilés, illustrant les nouvelles initiatives en matière de soutien aux aidants. Par exemple, la réforme récente apportée à l’allocation journalière du proche aidant (AJPA), entrée en vigueur le 1er janvier 2025, vise à améliorer le soutien des proches aidants en apportant une aide financière renforcée pour les accompagner dans leurs tâches quotidiennes. Ces mesures s’inscrivent ainsi dans un contexte de reconnaissance accrue de leur rôle essentiel, notamment depuis la loi du 28 décembre 2015, bien qu’elles suscitent des critiques sur leur portée et leur mise en œuvre concrète qui questionnent la sincérité de l’engagement gouvernemental envers cette catégorie de citoyens.
Un statut toujours flou malgré les avancées
En France, près de 9,3 millions de personnes déclarent apporter une aide régulière à un proche en perte d’autonomie ou en situation de handicap, selon les dernières données de la Drees datant de 2021. Pourtant, malgré cette réalité, le statut de l’aidant familial reste flou, bien qu’il ait une définition juridique (Article R245-7 du Code de l’action sociale et desfamilles), la reconnaissance n’est pas légale, et elle est souvent dépréciée. Les aides financières, bien qu’élargies par la réforme de l’AJPA, peinent à répondre aux véritables besoins des aidants.
L’allocation journalière du proche aidant, qui permet de compenser partiellement la perte de revenus en cas d’interruption d’activité professionnelle, a ainsi été révisée pour permettre un renouvellement jusqu’à trois fois sur la carrière, contre une seule fois auparavant, portant le total à 264 jours d’indemnisation, contre 66 précédemment et pour au maximum quatre proches. Cette extension, loin d’être anecdotique, est présentée comme une avancée majeure. Toutefois, elle ne masque pas le manque de solutions de fond. La question reste posée : l’extension de l’AJPA pourra-t-elle réellement améliorer la vie des aidants ?
Des dispositifs mais perçus comme peu adaptés aux réalités du terrain
Malgré les annonces du gouvernement, de nombreux aidants estiment que les mesures actuelles restent largement insuffisantes. Bien que des structures comme les places de répit aient été mises en place, elles ne répondent pas aux besoins quotidiens. Actuellement, il existe environ 34 000 places de répit pour les aidants, un nombre qui devrait atteindre 40 000 d’ici 2027. Cela reste toutefois insuffisant au regard du nombre d’aidants, en n’offrant qu’environ un jour et demi de répit par an pour chaque aidant. Ces chiffres illustrent une réalité bien loin des promesses : 90 jours par an actuellement.
Le manque d’informations, la lenteur des démarches administratives et la difficulté d’accès à certains droits constituent des obstacles supplémentaires. Les dispositifs comme le congé de proche aidant, lorsqu’il existe, sont souvent complexes et difficiles à obtenir, illustrant aussi un système qui peine à soutenir ceux qui se trouvent en première ligne.
La reconnaissance, un enjeu de société
Au-delà des mesures financières, l’enjeu majeur reste celui de la reconnaissance réelle du rôle de l’aidant. Dans un système de santé saturé, où les soins professionnels peinent à couvrir l’ensemble des besoins, ce sont les aidants familiaux ou proches aidants qui assurent une part essentielle du soutien. Mais cette prise en charge, souvent invisible, s’accompagne de lourds sacrifices, tant sur le plan personnel que professionnel. Ainsi, selon le baromètre des aidants BVA et de la Fondation April, près de 3 aidants sur 10 estiment ainsi que leur situation a des effets négatifs sur leur moral, leur forme physique et la qualité de leur sommeil.
La création d’une véritable politique de soutien aux aidants, basée sur la reconnaissance de leur statut et une aide réellement proportionnée à leurs besoins, reste plus que jamais une priorité.