Avec le télétravail, l’emploi des seniors ou l’intelligence artificielle, 2024 a été une année de mutation pour les ressources humaines. Focus sur ces enjeux et sur les tendances à venir.
En 2024, le monde des ressources humaines a été marqué par des évolutions significatives telles que l’essor du télétravail, l’intégration de l’intelligence artificielle, l’emploi des séniors ou encore l’expérimentation de la semaine de quatre jours. Ces transformations reflètent un paysage en mutation, où les attentes des salariés en termes de flexibilité et d’innovation façonnent de nouvelles normes de travail. Retour sur les grands thèmes qui ont marqué l’année.
Les mutations du télétravail : entre retour au bureau et flexibilité
Bien que le cadre légal permettant l’instauration du télétravail en France existe depuis 2017, c’est véritablement la crise sanitaire qui a ancré cette pratique dans le fonctionnement des entreprises. Selon une analyse publiée en novembre 2024 par France Stratégie et l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD), la proportion de salariés ayant télétravaillé au moins une journée par semaine a atteint 19 % en 2023, contre seulement 4,2 % en 2019.
En 2024, le télétravail a été au cœur des discussions entre employeurs et salariés. Des entreprises comme Amazon ont notamment demandé un retour accru au bureau, justifiant leur position par des arguments liés à la productivité. Cependant, les études montrent que ces préoccupations ne sont pas toujours fondées. Gaël Chatelain-Berry, expert en management, prévoit même que Amazon fasse « marche arrière en 2025 pour retenir ses talents, car l’équilibre vie pro/vie perso n’est plus un sujet négociable pour les nouvelles générations ».
L’expérience de la Matmut illustre bien cette évolution vers le télétravail, avec près de 75 % de salariés ayant adopté ce mode de travail. Pour ce faire, plusieurs types de dispositifs sont prévus : le télétravail habituel, qui permet aux collaborateurs de travailler jusqu’à deux jours par semaine à distance ; le télétravail occasionnel, limité à 15 jours par an pour des événements imprévus, comme des grèves ou des situations climatiques ; et le télétravail exceptionnel, activé principalement en cas de plan de continuité de l’activité, notamment lorsque le site de travail est indisponible pour des raisons opérationnelles.
Selon son Observatoire du climat social, la Matmut enregistre un taux de satisfaction 70 %. Fort de ce succès, le Groupe prévoit d’autres expérimentations RH, notamment la semaine de quatre jours en 2025, une tendance de plus en plus émergente.
La semaine de quatre jours : un sujet émergent
La semaine de quatre jours poursuit son implantation progressive dans le paysage professionnel. En Allemagne, un test national de six mois a été mené en 2024 avec la participation de 45 entreprises, dont les conclusions sont attendues avec intérêt. En France, une expérimentation similaire a débuté en décembre. Toutefois, certaines entreprises ont déjà expérimenté cette organisation du travail : le Groupe LDLC, par exemple, a mis en place la semaine de quatre jours, observant des effets positifs sur la productivité et le bien-être des salariés.
Si seulement 22 % des entreprises ont franchi le pas (principalement des petites structures), selon une enquête du cabinet Robert Half réalisée en juin 2022, 35 % des employeurs français envisageaient d’expérimenter la semaine de quatre jours dans l’année suivante. Du côté des salariés, l’enthousiasme est notable : en 2024, 77 % des Français se disaient favorables à cette réduction du temps de travail, selon un sondage Ifop.
L’emploi des seniors : un enjeu majeur
Autre événement marquant, l’accord signé en novembre 2024 entre partenaires sociaux pour favoriser l’emploi des seniors. Selon la Dares, le taux d’emploi des 55-64 ans a atteint 58 %, une progression notable par rapport à 2000 (34 %). L’introduction du contrat de valorisation de l’expérience est l’une des mesures clés, permettant aux employeurs de mieux anticiper les départs à la retraite tout en favorisant la transmission des compétences.
L’IA : une transformation profonde des pratiques RH
L’année 2024 a confirmé l’essor de l’intelligence artificielle dans les RH. L’IA générative, utilisée par 80 % des recruteurs, facilite la création de contenus, comme des offres d’emploi. Toutefois, l’entrée en vigueur de l’IA Act en 2025 imposera une régulation stricte. De plus en plus d’entreprise se dotent d’ores et déjà de charte d’utilisation de l’IA pour garantir une adoption éthique et efficace.
Les priorités pour 2025 et au-delà
Selon l’association nationale des DRH, les grandes priorités pour 2025 incluent la simplification administrative et l’accompagnement des reconversions. Les augmentations salariales devraient atteindre en moyenne 2,7 %, avec des pics à 6 % pour certaines fonctions stratégiques.
Par ailleurs, les entreprises commencent déjà à se préparer à la directive sur la transparence des salaires, prévue pour 2026. Celle-ci imposera de nouvelles obligations, comme l’indication des fourchettes salariales dans les offres d’emploi et la publication annuelle des écarts de rémunération. Indeed France a déjà constaté une adoption progressive de ces pratiques, avec 50 % des offres mentionnant les salaires en 2024.