Les Travailleurs Non-Salariés (TNS), regroupant artisans, commerçants, professions libérales et dirigeants de petites entreprises, font face à des vulnérabilités spécifiques en matière de prévoyance. Des travaux réalisés en 2024 mettent en lumière l’insuffisance de leur couverture face aux risques d’arrêt de travail, d’invalidité et de décès, révélant ainsi un enjeu crucial pour les organismes d’assurance.
Une contribution de Fabien CREPIAT.
Un constat alarmant sur la couverture des TNS
D’après le Baromètre Prévoyance TNS 2024 réalisé par CSA pour MetLife France, seuls 45 % des TNS ont souscrit une prévoyance individuelle, malgré une légère progression (+ 4 points) par rapport à 2023. En 2018, le taux de couverture était de 52 %, ce qui était déjà insuffisant. Cette faible adhésion s’explique souvent par :
- Une méconnaissance des risques encourus ;
- La perception d’un coût trop élevé des solutions proposées ;
- Une complexité de la protection des TNS ;
- Une priorité donnée aux investissements professionnels au détriment de la protection personnelle.
Cette imprévoyance a des conséquences importantes : 61 % des TNS (baromètre CSA pour MetLife) estiment qu’ils ne pourraient pas maintenir leur niveau de vie au-delà d’un mois en cas d’arrêt de travail car la couverture de leur régime obligatoire est insuffisante.
Des besoins spécifiques et une grande variabilité des risques
L’étude permettant la modélisation du risque arrêt de travail des TNS, menée par Addactis entre 2023 et 2024, a mis en évidence une variabilité significative des besoins en prévoyance selon les profils des TNS.
En complément, Swiss Life et Lilycare ont publié un indice de vulnérabilité des TNS qui révèle que 83 % des dirigeants de TPE et 76 % des indépendants se sentent insuffisamment protégés. Cela souligne une exposition élevée de cette population aux aléas de la vie, ainsi qu’une connaissance encore incomplète des solutions disponibles.
Une prise de conscience progressive mais insuffisante
Bien que la vulnérabilité des TNS soit de mieux en mieux documentée, ces derniers restent largement exposés aux risques d’accidents de la vie. Cette situation, déjà préoccupante, pourrait être aggravée par des contextes économiques incertains, où la continuité de l’activité devient primordiale pour ces indépendants.
Une population en attente de prévention
Les Travailleurs Non-Salariés (TNS) manifestent un fort intérêt pour l’intégration de services de prévention dans leurs contrats de prévoyance. Selon le baromètre CSA pour MetLife, 67 % des TNS estiment que les assureurs doivent proposer des services de prévention, et 45 % jugent cela déterminant dans leur choix de contrat. Les domaines les plus demandés incluent le bien-être mental (36 %) et le suivi de la posture corporelle (27 %). Cette tendance offre une opportunité pour les assureurs de répondre à ces attentes en enrichissant leurs offres et pourrait permettre d’améliorer la gestion des risques.
Conclusion
L’imprévoyance des TNS reste un enjeu majeur pour les organismes d’assurance (et pour la société) car une couverture insuffisante peut conduire à des situations financières et humaines difficiles. Malgré une certaine prise de conscience de leur imprévoyance, de nombreux TNS restent assez mal protégés en raison de la méconnaissance des solutions existantes et de leur coût perçu. Cependant, l’intérêt croissant pour la prévention, comme le bien-être mental et la posture corporelle, offre une opportunité pour les assureurs de répondre à ces besoins spécifiques. L’adaptation des offres de prévoyance constitue ainsi un levier important pour une plus grande couverture des TNS.
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