Le secteur du recrutement connaît des bouleversements sans précédent sous l’effet de transformations structurelles mondiales. Le rapport récent publié par Hays décrypte les mégatendances en matière de talents dans des secteurs stratégiques tels que la technologie, l’ingénierie, la banque, les services financiers et l’assurance (BFSI), l’industrie et les sciences de la vie.
Avec des enjeux complexes comme la pénurie de compétences, la digitalisation, et les attentes évolutives des travailleurs, les entreprises doivent réinventer leurs stratégies pour rester compétitives.
Une analyse mondiale des talents : état des lieux et tendances clés
En 2024, la demande de talents qualifiés atteint des niveaux inégalés, exacerbée par une offre insuffisante dans plusieurs secteurs. Par exemple, le domaine technologique compte 57 millions de professionnels à l’échelle mondiale pour 853 000 offres d’emploi publiées sur la période. Ce déséquilibre pousse les entreprises à explorer des réseaux de talents alternatifs, notamment en Inde, en Roumanie ou encore en Malaisie, où les salaires restent compétitifs.
Selon le rapport, des régions comme l’Inde et la Colombie émergent comme des viviers stratégiques pour les jeunes talents. Toutefois, les barrières culturelles, les aspects réglementaires et les coûts d’implantation doivent être considérés pour exploiter efficacement ces réseaux.
La digitalisation redessine les besoins en compétences dans des secteurs comme la BFSI et l’industrie. L’adoption de l’intelligence artificielle (IA) et du machine learning (ML) entraîne une demande accrue pour des spécialistes en cybersécurité, en automatisation et en gestion des données. Les ingénieurs DevOps, data scientists et gestionnaires de projets sont particulièrement recherchés dans les écosystèmes technologiques.
Dans l’industrie, la montée en puissance de l’automatisation intelligente transforme les fonctions traditionnelles comme celles des superviseurs de production ou des ingénieurs qualité. Cependant, le rapport souligne que la supervision humaine reste essentielle pour garantir la fiabilité et la performance des systèmes.
Les défis liés aux attentes des travailleurs
Les candidats privilégient aujourd’hui des environnements offrant de la flexibilité, des opportunités d’évolution et un alignement sur des valeurs environnementales et sociales (ESG). Le rapport met en avant l’importance de répondre aux attentes des talents en termes de diversité, d’équité et d’inclusion.
Dans des secteurs comme les sciences de la vie, où les talents débutants constituent une part importante de la main-d’œuvre, collaborer avec les universités pour alimenter un vivier de compétences devient un impératif.
Les modèles traditionnels d’embauche évoluent avec l’émergence de l’économie des petits boulots (« gig economy »). Les entreprises se tournent vers des solutions hybrides combinant talents permanents et contractuels. Le recours aux freelances et aux travailleurs indépendants permet également de répondre rapidement aux besoins en compétences spécialisées.
Réseaux de talents à surveiller : quelles opportunités ?
Le rapport identifie plusieurs réseaux stratégiques pour les entreprises :
– Technologie : l’Inde, la Malaisie et la Colombie se distinguent pour leurs jeunes talents et leurs coûts compétitifs.
– Ingénierie : la Roumanie et la Hongrie offrent des profils expérimentés avec des salaires attractifs.
– BFSI : la Pologne et Singapour présentent un équilibre entre talents émergents et seniors.
Ces réseaux permettent d’accéder à des compétences variées tout en réduisant les coûts de recrutement. Cependant, les entreprises doivent anticiper les défis liés à la gestion des talents transfrontaliers, notamment en termes de conformité fiscale et juridique.
Vers une stratégie globale de gestion des talents
Dans un contexte mondial marqué par des tensions sur le marché de l’emploi, les entreprises doivent adopter une approche proactive et flexible pour s’adapter aux nouvelles réalités. L’investissement dans la formation, la diversification des viviers de talents et la mise en place de politiques d’inclusion constituent des leviers stratégiques pour répondre aux pénuries de compétences.
