Si l’année 2024 a vu une certaine stabilisation des coûts médicaux, les prévisions pour 2025 annoncent des hausses significatives.
En 2024, les dépenses de santé des Français ont augmenté de manière modérée, avec une dérive médicale limitée à 3,4 %, contre 4,6 % en 2023, d’après le baromètre Mercer Marsh Benefits sur la consommation santé des Français. Ce chiffre, bien que plus faible que l’année précédente, masque des dynamiques préoccupantes pour le système de santé dans un contexte d’instabilité, influençant par ailleurs parfois l’écosystème et des comportements individuels.
L’optique, la pharmacie et le dentaire : des postes de dépense en hausse
Bien au-delà de l’inflation générale, l’optique et la pharmacie ont respectivement enregistré des hausses de 4,5 % et 5,5 % selon le baromètre. D’après les fabricants, cette envolée est justifiée par les progrès technologiques et médicaux réalisés. L’augmentation des prix des lentilles, qui a bondi de 11,6 %, illustre cette tendance. Cela soulève néanmoins des questions sur l’accessibilité financière des familles, en particulier face à cette hausse des besoins chez les plus jeunes.
En pharmacie, l’augmentation des dépenses est notamment liée à l’introduction de nouveaux vaccins obligatoires pour les enfants, comme ceux contre la coqueluche et la rougeole, ainsi qu’à la possibilité pour les pharmaciens de les administrer, en plus des dépistages. Si cette évolution permet une simplification de l’accès aux soins, elle contribue également à la hausse des coûts. De façon générale, les Français ont aussi consommé plus de médicaments, souvent plus coûteux, cette année.
Dans le domaine dentaire en 2024, on observe une légère hausse des comportements préventifs, signe d’une prise de conscience accrue des Français quant à l’importance de la prévention, une évolution encourageante pour l’avenir.
La dérive des dépenses de santé chez les jeunes
Bien que globalement ce soient les 55 ans et plus qui bénéficient d’un montant plus élevé de remboursements (489 euros en moyenne par bénéficiaire), et qu’on observe traditionnellement une hausse des dépenses avec l’âge, la dynamique s’inverse chez les jeunes. En 2024, les 20-25 ans enregistrent une augmentation marquée de +11,2 %, selon l’étude, portée par des postes clés comme l’optique, en raison de la prévalence de la myopie. De même, chez les enfants, les dépenses d’optique ont augmenté de l’ordre de 8,6 %.
Les dépenses dentaires progressent également, avec une hausse de 14 %, probablement liée au désengagement de la Sécurité sociale sur les dépenses dentaires fin 2023 et au comportement plus préventif de cette catégorie d’âge, comme pour le reste de la population. Enfin, la fréquence du recours aux médecines douces continue d’augmenter, notamment pour la santé mentale, soutenue par le dispositif Mon Soutien Psy.
2025 : un scénario sous pression
Pour 2025, Mercer projette une dérive médicale de 5,5 %, articulée autour de deux composantes : une dérive organique de 2,6 %, liée aux comportements des assurés, et une dérive réglementaire de 2,9 %, dont 1,83 % est déjà confirmée. Le désengagement progressif de la Sécurité sociale continuera de reporter les coûts sur les complémentaires santé, accentuant la charge pour les ménages.
Camille Mosse, Directrice Technique et Offre chez Mercer Marsh Benefits France, prévient : « Si la dérive a été contenue cette année, les effets réglementaires et l’évolution des comportements pèseront inévitablement sur les dépenses en 2025.» L’optique, la pharmacie et le dentaire, déjà en forte progression, devraient rester les principaux moteurs de cette hausse, alimentant des préoccupations croissantes sur l’accessibilité des soins pour les Français.