Assurance : innover pour mieux protéger à l’ère digitale

L’innovation technologique booste l’assurance, mais elle est sous-tendue par des défis environnementaux, éthiques, de structuration, et de réglementation.

Confronté à l’évolution rapide des attentes des consommateurs, aux risques climatiques, l’instabilité géopolitique, la montée des cyber-risques et l’émergence de nouvelles technologies, le secteur de l’assurance se réinvente. Le Livre Blanc Innover pour mieux protéger, élaboré par Colombus Consulting en partenariat avec Finance Innovation, explore les principaux cas d’usage technologiques qui façonnent ces évolutions, en mettant l’accent sur l’intelligence artificielle (IA), l’automatisation, la blockchain et la personnalisation des offres.

Vers une assurance plus réactive et sur mesure

Les transformations numériques bouleversent les modèles traditionnels de l’assurance, et l’un des exemples les plus significatifs est l’assurance paramétrique. Cette approche reposant sur des critères prédéfinis permet un règlement plus rapide des sinistres, notamment en cas de catastrophes naturelles ou de cyberattaques. Cette réactivité et cette simplification des démarches marquent un changement dans la gestion des risques.

L’IA occupe également une place centrale, notamment dans l’automatisation du traitement des sinistres et l’analyse des documents, réduisant le risque d’erreur humaine, tout en étant un facteur d’optimisation. En parallèle, les technologies telles que la blockchain, que l’on peut retrouver à travers les smart contracts, facilitent les paiements automatisés et garantissent une plus grande transparence des processus, contribuant à la lutte contre la fraude.

Dans ce contexte, des entreprises comme Stoïk illustrent bien cette tendance, en proposant une solution combinée d’assurance cyber et de plateforme de prévention, et d’outils proactifs, permettant aux entreprises de mieux anticiper et gérer les risques numériques avant qu’ils ne se concrétisent.

Les obstacles à l’adoption : coûts, défis structurels et réglementaires

Selon le Livre Blanc, les principaux freins à l’adoption de ces technologies sont les coûts élevés d’implémentation (33,3 %), les contraintes réglementaires (22,2 %) et le manque de compétences internes (22,2 %). Ces obstacles doivent être pris en compte dans la stratégie de déploiement des technologies, qui demeurent un levier clé pour la transformation du secteur. En effet, une analyse menée par McKinsey en 2023 estime que l’IA pourrait générer une valeur ajoutée annuelle allant jusqu’à 1,1 milliard de dollars pour l’ensemble de l’industrie de l’assurance.

À côté de ces préoccupations, les enjeux environnementaux liés à l’essor de l’IA et des infrastructures numériques sont souvent sous-estimés. Les impacts écologiques des projets technologiques, notamment en termes de consommation énergétique, doivent être intégrés dès le début des initiatives pour éviter des dérives potentielles, quand les entreprises elles-mêmes sont soumises à des obligations réglementaires de diminution de leurs émissions, notamment à travers la directive CSRD.

Une transformation éthique et durable de l’assurance

L’innovation dans le secteur de l’assurance dépasse les simples enjeux d’efficacité. Elle modifie profondément la relation entre l’assureur et le client, en libérant du temps pour les conseillers et en recentrant leur activité sur des missions à plus forte valeur ajoutée. Toutefois, cette transformation doit s’accompagner d’un cadre éthique rigoureux. La transparence des algorithmes, le respect de la vie privée, la souveraineté des données et la mise en place de chartes sur l’utilisation de l’IA sont des éléments cruciaux pour répondre aux attentes des clients et des régulateurs.

Ces derniers, français et européens, jouent un rôle singulier quand il s’agit d’IA, au regard de la compétitivité d’assureurs ou réassureurs qui se déploient à l’international comme AXA ou Scor. Or, suite aux entretiens de Royaumont qui se sont tenus les 5 et 6 décembre dernier, dont le thème des rencontres était « Vivre avec l’intelligence artificielle”, Eric Schmidt, ancien PDG de Google, présent sur France Inter le jeudi suivant, a déclaré : “L’Europe est un endroit merveilleux, mais vous êtes en train de perdre, et vous allez perdre la bataille la plus importante de votre vie, l’arrivée de l’intelligence artificielle. Pourquoi ? Parce que vous régulez avant même de faire des découvertes”. Ce à quoi a répondu Xavier Niel dans le reportage : “si on fait preuve de défaitisme 2 ans ou 3 ans après l’émergence de l’IA de manière visible au grand public, on a aucune chance de gagner”. À travers l’innovation, les assureurs pourront non seulement s’adapter à un environnement en constante mutation, mais aussi ouvrir de nouvelles perspectives, en transformant les contraintes d’aujourd’hui en opportunités pour demain.

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